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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

botanistes

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #iconographie

Je vous parle cette fois-ci d’une collection précieuse qui se trouve dans la bibliothèque de l’Université Friedrich-Alexander (Erlangen-Nürnberg), et qui pour notre grand plaisir a été digitalisée et est donc facilement consultable pour le grand public. La Bibliothèque de Christoph Jacob Trew comprend, entre autres richesses, 13 volumes de dessins et aquarelles botaniques rassemblés par lui.

 

La légende complète de ce portrait qui fait partie de la collection des portraits de la Bibliothèque du MNHN nous dit :

« Chr. Jacob Trew (Botaniste, Anatomiste et Médecin), Président de l'Académie des Curieux de la Nature, Membre de la Société royale de Londres. Né à Lauf (en Bavière) le 26 Avril 1695. Mort à Nuremberg le 18 Juillet 1769 ».

Ce médecin  et botaniste de Nuremberg qui avait fait connaître Georg Dyonisius Ehret (voir cet ancien article sur Ehret), n’en a pas moins fait travailler en collaboration avec ce dernier notamment Nicolaus Friedrich Eisenberger, Johann Christoph Keller.

De nombreuses peintures originales de ces peintres de fleurs sont donc visibles dans la collection de la Bibliothèque Trew. En visionnant ces nombreuses aquarelles sur le site, j’ai trouvé les signatures d’autres artistes presque aussi doués mais dont les noms sont bien moins connus qu’Ehret, Eisenberger et Keller, comme M. M.Payerlein, G. W.Baurenfeind, L.Fischer, N.Gabler, J.Karell.

Beaucoup d’aquarelles ne sont pas signées, certaines de très belle facture font penser à Ehret comme ce rameau d’Alstroemère.

Sur d’autres, la part de chacun est clairement détaillée. Par exemple, sur la planche de l’Acacia (Robinia pseudoacacia) on peut lire en bas à droite : G.D.Ehret ad vivum (soit d’après nature) puis N.F.Eisenberger copiam. Pour le Cytise, nous savons qu’il s’agit de la copie d’une étude d’Ehret, mais pas par qui…

Une collaboration pour cet Acacia d'Ehret et d'Eisenberger

Une collaboration pour cet Acacia d'Ehret et d'Eisenberger

Le Cytise (Laburnum anagyroides), à l'époque Cytisus laburnum.

Le Cytise (Laburnum anagyroides), à l'époque Cytisus laburnum.

J’ai voulu dans ce premier article sur la collection rassemblée par Trew, montrer aussi quelques études non signées (ou signées de noms très peu connus) pour leur grande qualité, et aussi parce que les plantes figurées sont devenus entre temps des hôtes bien connus de nos jardins.

 

Ainsi le Geranium inquinans est l’ancêtre du Pélargonium zonal.

La Reine-marguerite (Callistephus chinensis) figure sous le nom de cette époque, Aster chinensis, la peinture est de N.Gabler. Une autre belle version de l’Aster chinensis, peinte d’après nature (mention : ad viv. pinx.), est de Johann Christoph Keller, mais cet illustrateur fera l’objet d’un article à lui seul, tant il est doué et prolifique dans cette collection.

Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.
Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.

Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.

J.Karell a indiqué que son Catalpa (Catalpa bignonioides) avait été peint d’après nature ( mention: ad viv. delin.), en juillet 1765, donc ce n’est pas une copie !

Le Pavot d’Orient (Papaver orientale), et le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) ne sont pas signés.

Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.
Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.

Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.

Pour une visite plus complète de cette collection :

Voir là : https://ub.fau.de/en/history/trew-library/

Ouvrir une image puis Cliquer sur ‘contenu’ à gauche

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbustes, #Botanistes, #iconographie

Pierre Belon, naturaliste voyageur du 16ème siècle, est resté bien connu des manceaux ; il était originaire de Cérans-Fouletourte. Une belle statue de lui trône sur la place, que je prenais sans trop m’interroger pour une statue d’Henri IV (qui n’aurait pas vraiment lieu d’être installé là, dans ce bourg de Sarthe !).

Dans son ouvrage le plus connu écrit en vieux français mais facilement lisible: « Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays estranges », il évoque les cistes qu’il a eu l’occasion de voir en Crète et la façon dont les crétois parviennent à extraire le Ladanum au moyen d’une sorte de râteau garni de lanière de cuir qui en se frottant sur le feuillage, recueillent « l’uligineuse rosée », dont se couvre les feuilles de ce ciste, et qui donnera cette substance précieuse : le Ladanum.

Il s’agit pour cette observation, très probablement du Ciste de Crète (Cistus creticus), très abondant sur les collines de Crète.

Cette aquarelle originale peinte pour la Flora Graeca de John Sibthorp, numérisée par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, nous permet de voir la plante vue sur place en Crète, même si la peinture a surement été terminée en atelier, au retour ; voici donc le Ciste de Crète tel que Ferdinand Bauer l’a vu sur les collines de l’ile.

Cistus creticus, peint par Ferdinand Bauer pour la Flora Graeca de John Sibthorp.

Cistus creticus, peint par Ferdinand Bauer pour la Flora Graeca de John Sibthorp.

Cette récolte du Ladanum était déjà racontée bien auparavant par Pline pour l’ile de Chypre, il parle d’une substance grasse dont on fait des boulettes et écrit « il sert à beaucoup de parfums et c’est lui que les Arabes font brûler de préférence. » (Pline livre XII).

Les Crétois extrayaient la résine par l’eau bouillante

Après Pierre Belon, on retrouve en 1718 des commentaires de Pitton de Tournefort dans « Relation d’un voyage au Levant », où figure même une illustration de l’instrument dont les courroies, dit-il « se chargent d’une espèce de glu odoriférante ». Il cite l’arbrisseau sous différents noms, se référant à des auteurs plus anciens mais en premier lieu figure Cistus ladanifera, cretica, flore purpureo, or sa description des fleurs ne correspond pas à l’arbuste que nous connaissons actuellement sous le nom de Ciste ladanifère (Cistus ladanifer L.) : « Sa fleur qui est d’un pouce et demi de diamètre, a cinq feuilles couleur de rose ; chiffonnées, assez rondes, quoique étroites à leur naissance, marquées d’un onglet jaune et bien souvent déchirées sur les bords… ».

Ma Flora Gallica, dans la clé des cistes insiste sur le fait que ce Ciste de Crète (Cistus creticus L.), espèce très variable, possède toujours des pétales roses et des feuilles pétiolées à nervation pennée.

Sur l'illustration ci-dessous, d’un ouvrage plus tardif de Moritz Willkomm , « Icones et descriptiones plantarum novarum criticarum et rariorum Europae austro-occidentalis praecipue Hispaniae » - vol. 2 (1856), on reconnait bien les pétales décrits par Pitton deTournefort.

Le Cistus creticus de Moritz Willkomm.

Le Cistus creticus de Moritz Willkomm.

Les pétales du véritable Ciste ladanifère (Cistus ladanifer L.), sont d’un blanc immaculé et possèdent une belle macule pourpre-noirâtre, en forme de flamme, qui ne descend pas sur l’onglet du pétale. Il a des feuilles bien différentes, longues, à une seule nervure. Feuilles, boutons floraux, et jeunes rameaux sont très visqueux et se prêtent donc admirablement à la récolte du Ladanum.

C’est donc celui-ci qui produit la gomme brute (le Ladanum) de nos jours, mais du fait que ce Ciste ladanifère est localisé sur l’ouest de la Méditerranée, (Espagne, Portugal et Maroc), il n’apparaît pas dans l’histoire antique.

On trouve une ancienne gravure du Ciste ladanifère dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis », c’est un ouvrage de Johannes Commelin (1629-1692).

Cistus ladanifer dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis » de Johannes Commelin

Cistus ladanifer dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis » de Johannes Commelin

Le Ladanum ou Labdanum est défini comme une résine odorante se formant en surface sur les cistes sous l’effet de la chaleur: une oléorésine qui a la fonction de protéger la plante de la déshydratation sous un soleil trop ardent.

L’huile essentielle de Ladanum (hydrodistillation de la gomme brute) sert en phytothérapie et l’huile essentielle de ciste (hydrodistillation de la plante entière) sert en parfumerie. Elle entre dans la composition de parfums réputés.

Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.
Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.

Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.

Pour en savoir d’avantage sur le sujet de cet Ambre végétal, mais j’avoue que ceci est déjà trop complexe pour moi :

https://tice.ac-montpellier.fr/ABCDORGA/Famille10/GOMMERESINE.htm#DEUXDEUXDEUX

dont voici un petit extrait sur le Résinoïde labdanum :

« Les rameaux feuillus sont immergés quelques heures dans de l'eau chaude carbonatée afin d'éliminer les cires épicuticulaires et les composés lipidiques. On acidifie le milieu et on obtient une masse pâteuse, la résine brute qui est essorée et séchée. On traite alors par l'éthanol puis on concentre sous vide. On obtient un solide pâteux brun foncé à odeur ambrée, boisée, balsamique très persistante. On lui a donné le nom d'ambre végétal. »

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Botanistes, #Fleurs, #iconographie

J’ai pu voir et photographier les trois Frankénies visibles en France ; ce sont des plantes vivaces rampantes, des sous-arbrisseaux qui ne craignent pas la sécheresse et apprécient les zones salées. Leurs tiges fines mais assez ligneuses sont très divisées et à rameaux courts ce qui donne une allure en tapis et le randonneur perçoit leurs fleurettes roses souvent trop tard pour les éviter ! Ci-dessous, la Frankénie hirsute, en Catalogne sur le cap de Creus.

Le limbe des petites feuilles à bords plus ou moins révolutés, présente des glandes excrétrices de sel. Ces glandes sont sans doute responsables de l’aspect de surface des feuilles de la Frankénie pulvérulente (ci-dessous), j’avais d’abord cru à des grains de sable restés collés en surface.

Seule la  Frankénie lisse ou Bruyère maritime (Frankenia laevis L.) remonte le long des côtes atlantiques jusqu’en Grande Bretagne. Par rapport aux deux autres espèces elle reste cantonnée plutôt en Europe de l’Ouest. Mes photos sont prises sur l’ile d’Oléron.

Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.
Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.

Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.

En 1753 Linné crée le nom de genre Frankenia, dont découle la famille des Frankeniaceae, en hommage à Johannes Franck. Johannes Franck ou Johan Franckenius, (1590 -1661) était un botaniste et professeur suédois, recteur de l'Université d'Uppsala.

Les trois Frankénies figurent donc dans le Species Plantarum de Linné, avec plus de références anciennes pour Frankenia laevis. Pour sa répartition, il cite « Habitat en Europe australe maritime », et pour la Frankénie hirsute (Frankenia hirsuta L.) il mentionne «Habitat dans les Pouilles, Crète».

 

 

Mais sur une planche de Pier Antonio Michelli (1679-1737), dans son « Nova Plantarum Genera », figurent Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2). On peut voir que c’est en réalité ce botaniste italien du 17ème siècle qui avait créé le genre Franca faisant référence à un médecin florentin, le docteur Jean Sébastien Franchi, inconnu de Linné.

https://bibdigital.rjb.csic.es/records/item/11953-nova-plantarum-genera

Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2), planche de Pier Antonio Michelli.

Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2), planche de Pier Antonio Michelli.

Sur la Frankénie hirsute, ce sont surtout les calices qui sont hérissés de longs poils. Ma photo est prise en Catalogne, sur le cap de Creus, très exposé aux embruns, mais elle peut aussi se trouver dans des prés salés littoraux. Sa répartition n’est pas que méditerranéenne. Vers l’Est, elle est présente en Europe centrale et méridionale et atteint les bords de la Mer noire et de la mer Caspienne.

La Frankénie pulvérulente (Frankenia pulverulenta L.), figure déjà sous une ancienne nomenclature de Charles de l’Ecluse (1526-1609) : Anthyllis valentina dans son Rariorum Plantarum Historia (1601).

https://www.biodiversitylibrary.org/page/529649#page/562/mode/1up

On retrouve la même planche dans l’Icones Stirpium (1581) de Matthias de L’Obel (1538-1616).

La Frankénie pulvérulente s’étend vers l’Est à peu près de la même façon que la Frankénie hirsute, sur l’hémisphère Nord mais grande différence : elle existe aussi dans l’hémisphère Sud (Argentine, Afrique du Sud, Australie).

Photo ci-dessous, prise en Catalogne.

Comme d’habitude, les deux gravures originales qui suivent, tirées de la Flora Graeca et illustrées par Ferdinand Bauer ont été numérisées par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, je les remercie de m’avoir autorisée à vous montrer ces deux Frankénies.

https://digital.bodleian.ox.ac.uk/collections/flora-and-fauna-graeca/

 

Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer
Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer

Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #Arbres, #iconographie

Parmi les « Pères » célèbres de la Botanique, le père Charles Plumier tient une place éminente. Il a défriché le terrain pour une grande partie de la flore tropicale américaine, même si avant lui quelques personnages sont connus, surtout des spécialistes de la botanique de ce continent, ce sont Margraf, Piso et Sloane. Le père Plumier nous a laissé un nombre considérable de dessins précis de sa main accompagnés de descriptions très pointues qui ont permis ensuite à Carl Linné d’établir une nomenclature fiable concernant ces plantes que lui-même n’avait pas vues in-situ.

Je vous propose d’aller un peu plus loin dans le détail en prenant comme exemple les Frangipaniers. Ce sont des Plumeriaparfois orthographié Plumieria, mais Linné a fait sauter un i pour plus de lisibilité sans doute…

Ci-dessus un Plumeria dans la Grande serre du MNHN.

Dans le Species Plantarum de 1753, Carl Linné cite trois frangipaniers : Plumeria alba, Plumeria rubra et Plumeria obtusa.

Reprenons les anciennes descriptions latines qui servaient de légendes avant Linné. On les retrouve en légende avec les illustrations originales de deux espèces, les actuels P. rubra et P. alba (planches 231 et 232) dans le Plantarum americanarum (1755-1760), remanié par C.Burmann après le décès de Charles Plumier en 1704. Ce sont bien les dessins de Charles Plumier.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/15475#page/213/mode/1up

 Plumeria rubra et Plumeria alba (pl. 231 et 232) dans le Plantarum americanarum
 Plumeria rubra et Plumeria alba (pl. 231 et 232) dans le Plantarum americanarum

Plumeria rubra et Plumeria alba (pl. 231 et 232) dans le Plantarum americanarum

Plumeria rubra

Pour Plumeria rubra : « PLUMIERIA foliis ovato-oblongis », c’est exactement la première référence latine de Linné. Je vous rappelle que dans le Species Plantarum , le nom d’espèce rubra figure assez discrètement en italique dans la marge, ici à droite pour le bas de la p 209.

On retrouve aussi ce Frangipanier dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew, c’est une gravure de Georg Dyonisius Ehret avec une mention en référence de Tournefort « Flore roseo odoratissimo » (c’est la deuxième mention qui figure dans le Species Plantarum, en haut de la p 210).

Plumeria alba

Pour Plumeria alba, voici la légende du père Plumier : « PLUMIERIA foliis lanceolatis revolutis ». On retrouve là le Plumeria alba de Linné (marge gauche), et la description latine donne clairement la caractéristique qui le différencie du premier hormis la couleur : les bords révolutés de ses longues feuilles. Linné le donne comme originaire de la Jamaïque, je l’ai photographié aux Antilles sur Terre de bas (Les Saintes) ; mais il était en fruits.

 

Plumeria alba sur Les Saintes, à Terre de Bas.
Plumeria alba sur Les Saintes, à Terre de Bas.

Plumeria alba sur Les Saintes, à Terre de Bas.

On le retrouve sans surprise dans la Flore médicale des Antilles  de Descoutilz, avec l’orthographe Franchipanier. Pour voir le texte associé : https://www.biodiversitylibrary.org/item/21847#page/155/mode/1up

 

Plumeria obtusa

Plumeria obtusa, figure en troisième place dans le Species Plantarum, mais on ne trouve pas pour lui de planche originale de Plumier. Linné fait référence à une planche de Catesby; la voici ci-dessous (en compagnie d'une passiflore), ce spécimen aurait été vu aux Bahamas…

« L'histoire naturelle de la Caroline, de la Floride et des îles Bahama », par Mark Catesby, est publiée de 1729 à 1747.

Il est décrit comme porteur de feuilles dont l’extrémité est très arrondie voire tronquée, voir des échantillons d’herbier là :

https://florida.plantatlas.usf.edu/SpecimenDetails.aspx?PlantID=1313

Il faut ajouter pourtant que des travaux récents reconnaissent environ 28 espèces de Plumeria originaires des Antilles ! On peut supposer que ce Plumeria obtusa, moins typique que les deux autres, a rassemblé plusieurs de ces espèces…

Plumeria obtusa dans « L'histoire naturelle de la Caroline, de la Floride et des îles Bahama », par Mark Catesby

Plumeria obtusa dans « L'histoire naturelle de la Caroline, de la Floride et des îles Bahama », par Mark Catesby

Deux études d’Atanasio Echeverria :

Mon avis est que l’espèce légendée Plumieria muricata, qu’on retrouve bien exprimée dans l’aquarelle d’Atanasio Echeveria (Drawings from the Spanish Royal Expedition to New Spain) représente plus probablement un Plumeria alba Pour Plumeria muricata, on ne trouve pas d’équivalence dans la nomenclature.

Echeveria a peint un autre frangipanier qu’il nomme Plumieria multiflora, pour celui-ci on connait sa synonymie et ce serait un Plumeria obtusa bien que les feuilles me semblent assez pointues ! La superbe chenille qui dévore ses feuilles et celle d'un papillon nocturne: le Sphinx du frangipanier (Pseudosphinx tetrio).

Dans son « Prodromus systematis naturalis… », Augustin Pyramus de Candolle citait pas moins de 30 espèces de Plumeria (t 8, p 389 à 395) ; mais de nos jours on en reconnait généralement huit.

La plupart sont naturalisées en Asie ; d’ailleurs Plumeria obtusa est en anglais « Singapore graveyard flower ». (Les frangipaniers laissent tomber de nombreuses corolles entières au sol le matin et ce serait une offrande aux morts).

J’ai pris en photo celui-ci, au Sénégal, mais je ne me risquerai pas à lui donner une identité précise…

Plumeria sp. au Sénégal
Plumeria sp. au Sénégal

Plumeria sp. au Sénégal

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #iconographie

Aujourd’hui, zoom sur les travaux d’un artiste de l’illustration botanique trop peu connu Atanasio Echeverria y Godoy.

Les dessins de cet illustrateur, se trouvent principalement conservés à l'Institut Hunt de Pittsburg, en Pennsylvanie, c’est la « Collection Torner ».

Ci-dessus: Solanum wendlandii, et Caladium bicolor.

Pour toutes les illustrations de cet article, je remercie :

Torner Collection of Sessé and Mociño Biological Illustrations, avec l'aimable autorisation du Hunt Institute for Botanical Documentation, Carnegie Mellon University, Pittsburgh, Pennsylvanie.

Ils sont les fruits d’une longue expédition naturaliste, l’Expédition botanique royale en Nouvelle-Espagne (Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España). La Nouvelle-Espagne englobait un très grand territoire depuis le Mexique jusqu’en Californie et l’expédition dura dix années (1787-1803), dirigée par Martin de Sessé y Lacasta, secondé du botaniste José Mariano Mociño Suárez de Figueroa. Deux jeunes artistes mexicains récemment sortis de l’Ecole des Beaux-Arts de Mexico, furent embauchés pour suivre l’expédition : Atanasio Echeverria y Godoy et Juan de Dios Vicente de la Cerda.

Ci-dessus, Bromelia brachystachya .

Atanasio Echeverria est le plus doué, il est d’ailleurs apprécié par Alexander von Humboldt, qui parle de ses travaux dans ces termes : « ils peuvent rivaliser avec ce que l'Europe a produit de plus parfait dans ce genre » . Même si les planches que vous pouvez voir ici ne comportent qu’un minimum de finition colorée (une feuille, une fleur et un fruit, parfois une portion de branche ou de racine), on peut se rendre compte de son talent. C’était la volonté de Sessé de ne pas perdre de temps sur des finitions pour pouvoir documenter le plus d’espèces possibles durant les voyages. Les conditions souvent difficiles de ces expéditions ne permettaient sans doute aux artistes que de prendre des feuilles de notes de détails, qui n’en sont pas moins intéressantes à regarder !

Deux feuillets d'études de terrain, pour l'Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España
Deux feuillets d'études de terrain, pour l'Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España

Deux feuillets d'études de terrain, pour l'Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España

Vers 1803,  Atanasio Echeverria se rend en Espagne avec Sessé et Moçiño, dans l’idée de terminer toutes ses planches mais cela n’aura malheureusement jamais lieu car entretemps l’Espagne souffre après les guerres napoléoniennes ; l’édition d’un ouvrage illustré de belles gravures qui auraient pu en découler tombe à l’eau. Atanasio Echeverria repart donc en 1804 au Mexique ou il prend le poste de deuxième directeur artistique de la Real Academy de San Carlos.

Martin de Sessé meurt en 1808 ; vers 1812, Mociño décide de montrer l’ensemble des dessins de l’expédition au célèbre botaniste suisse Augustin Pyramus de Candolle et ce riche fonds d’espèces nouvelles pour la science sera dument inventorié et porté à connaissance à partir de 1824 dans son « Prodromus systematis naturalis… ». Il existe un fonds de calques des planches originales, exécutés en catastrophe par les « Dames de Genève » sur la demande de De Candolle, qui a quand même obtenu des « doubles originaux », toujours conservés à Genève. Mais, Mociño repart à Madrid pour y ramener les dessins et là, sans doute en raison de son décès en 1820 à Barcelone, il se produit un imbroglio qui fera qu’on perd toute la collection de vue pendant plus d’un siècle ! Elle est redécouverte dans une bibliothèque privée de Barcelone et acquise lors d’une vente aux enchères par le Hunt Institute for Botanical Documentation, de Pittsburg.

Ci-dessus, Hibiscus elatus et  Capparis amplissima.

Les planches ne sont pas signées, mais on reconnait assez aisément le travail d’Atanasio Echeverria. Pour mieux couvrir cette grande entreprise, certaines destinations de l’expédition ne comportaient qu’un botaniste et un peintre, comme c’est le cas dans l’ile de Nootka, il est donc certain, pour les espèces peintes en ce lieu, que les planches sont bien de sa main.

Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.
Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.
Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.
Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.
Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.

Les planches inachevées d'Atanasio Echeverria pour la flore de l'Ile de Nootka.

Le travail de Vicente de la Cerda, n’est pas aussi raffiné ; il a signé au dos une de ses planches représentant une très belle Polémoniacée : Cobaea scandens, et au dessous, la version très probablement d’Atanasio Echeverria. C’est une plante magnifique que j’ai vue fleurie dans le jardin de l’Ile de Batz.

De Candolle nomma le genre Echeveria en 1827 ; les deux espèces Echeveria grandiflora Haw. (alors nommée Cotyledon gibbiflorum) et E. teretifolia  ont été décrite d’après les dessins d’Echeverria.

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Botanistes, #iconographie

Les premières bananes cultivées le furent en Asie, mais dès que les Européens colonisent l’Amérique, ils l’acclimatent en zone tropicale, d’autant plus qu’elles constituent une source précieuse de nourriture pour les esclaves. Ci-dessous une peinture de Marianne North (1830-1890), de Bananiers dans un jardin au Brésil. 

On a vu que Linné distinguait encore dans le Species Plantarum de 1753, deux espèces : Musa paradisiaca et Musa sapientum, qui sont maintenant incluses dans cet hybride Musa × paradisiaca L.

Un extrait de l’Histoire des Plantes de la Guiane françoise, de J.B.C. Fusée-Aublet (1775), reprend cette distinction qui semblait très valide en Amérique du Sud entre Banane ou Plantain (Musa paradisiaca), féculent à cuire en légume et Bacove (Musa sapientum), soit le fruit sucré.

Aublet nous renvoie ainsi vers Charles Plumier dans le Nova plantarum Americanarum generaUn extrait de ce texte de Plumier de 1703 signale déjà les deux variantes (cucumerino longiori et cucumerino breviori). On peut dire qu’Aublet et Plumier sont deux botanistes fondateurs en Amérique du Sud.

Un manuscrit numérisé de la bibliothèque du MNHN montre des dessins originaux plus séduisants que la gravure 34 ci-dessus. Le Père Plumier a dessiné pour la première fois et aquarellé une quantité de plantes américaines dans plusieurs recueils dont « Botanicum americanum, seu historia plantarum in americanis insulis nascentium..., ab anno 1689 usque ad annum 1697 »

On peut les visionner là : https://bibliotheques.mnhn.fr/EXPLOITATION/infodoc/digitalCollections/viewerpopup.aspx?seid=MNHN_MS7

Le Dictionnaire raisonné, universel d’Histoire naturelle, de Valmont-Bomare édité en 1800, en p.63, parle de la figue-banane en ces termes : « Dans la Guiane, il y a deux espèces de bananiers, ou deux variétés qui diffèrent par le fruit. Le fruit de l’une s’appelle pacobe ou bacove et on lui donne le nom de figue-banane. Il est plus court plus gros et plus droit et même moins pâteux, plus fondant et plus délicat que celui de la banane commune et ordinaire qui est plus long. La tige du Bacovier, (Musa fructu cucumerino , breviori Plum.) est en dehors d’un vert jaunâtre taché de noir, celle du Bananier est toute verte ». Je vous rappelle que le Bananier est là compris comme le cucumerino longiori’ soit le légume à cuire…

La planche 478 du t 7 de la Flore médicale des Antilles de Michel Étienne Descourtilz, (dessin de Jean Théodore Descourtilz) montre au bas de la planche (d’après la légende figurant p 118) une patte (on dit aussi une main) de Figues Bananes. Dans son texte abondant sur le sujet on peut relever : « Le Figuier Bananier, Bacovier ; Bananier de Sages, Musa sapientum Linn. ; Musa fructu cucumerino breviori de Plumier, ne diffère du Bananier qu’en ce que les fruits sont plus courts et d’une saveur plus pâteuse. Le corps de la tige est marqueté de taches noires foncées entremêlées de bandes irrégulières de couleur vert-pistache, jaune, lilas et rose ; ses fruits se mangent crus et sont plus estimés que les bananes. »

Flore médicale des Antilles de Michel Étienne Descourtilz, dessins de Jean Théodore Descourtilz
Flore médicale des Antilles de Michel Étienne Descourtilz, dessins de Jean Théodore Descourtilz

Flore médicale des Antilles de Michel Étienne Descourtilz, dessins de Jean Théodore Descourtilz

Etienne Denisse et les bananes en Amérique :

 « Flore d'Amérique, dessinée d'après nature sur les lieux. Riche collection de plantes les plus remarquables, fleurs & fruits de grosseur & de grandeur naturelle, par Etienne Denisse, peintre d’histoire naturelle, lithographe breveté du Roi, dessinateur sur un vaisseau de l’état, membre de plusieurs sociétés savantes ». Publié à Paris, chez Gihaut frères (1843).

Dès l’introduction, Etienne Denisse insiste sur le fait qu’il était sur place et donc que ses représentations sont fidèles à l’allure réelle sous le climat d’origine et non dans une serre ou un jardin d’Europe, puis qu’il a autant que possible respecté la taille réelle.

Un court texte au bas des planches donne quelques renseignements sur les propriétés et les usages traditionnels, alimentaires ou médicinaux et quand c’est possible un nom latin, bien que ce dernier soit la plupart du temps obsolète.

Dans son ouvrage, figurent trois séduisantes lithographies en couleur dont deux reprennent la même distinction que ci-dessus entre bananiers et bananiers-figues ; mais cette fois il donne pour les trois planches le nom latin de Musa paradisiaca.

Pour le Bananier : « Ce fruit excellent sert de nourriture aux habitants d’Amérique ; il remplace parfaitement le pain de froment »

Flore d'Amérique, dessinée d'après nature, d'Etienne Denisse (1843)
Flore d'Amérique, dessinée d'après nature, d'Etienne Denisse (1843)

Flore d'Amérique, dessinée d'après nature, d'Etienne Denisse (1843)

Pour finir cette série d'articles sur les Bananes, et pour le plaisir, je voudrais montrer deux lithographies en couleurs d’un ouvrage dont Jean Théodore Descourtilz est l’auteur pour les planches comme pour le texte, (il est le fils du médecin cité plus haut, Michel Étienne Descourtilz) : "Oiseaux brillans et remarquables du Brésil  placés près des végétaux dont les fruits les nourrissent." Peints sur les lieux (1835).

Oiseaux brillans et remarquables du Brésil, de Jean Théodore Descourtilz
Oiseaux brillans et remarquables du Brésil, de Jean Théodore Descourtilz

Oiseaux brillans et remarquables du Brésil, de Jean Théodore Descourtilz

Bananes, l’histoire américaine

 Et en prime, une Obs récente du Tangara émeraude qui se régale bien de banane! sur le site de Christian pendant son voyage au Costa-Rica à visiter là 

 

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #Arbres, #iconographie

Dans les parcs et jardins, il n’est pas toujours facile au néophyte de distinguer les conifères du type « Sapin ». Ecartons d’emblée ceux qui perdent des cônes entiers qu’on retrouve à leur pied car ce ne sont pas des sapins mais soit des Douglas, soit des Epicéas. Les sapins conservent, dressés souvent très en hauteur, les axes de leurs cônes qui se débobinent et dont on peut trouver les écailles et les graines au sol. C’est le cas pour le Sapin d’Andalousie, Abies pinsapo Boiss. Les photos qui suivront ont été prises au Mans dans un espace urbain.

C’est pour moi l’occasion d’évoquer un botaniste genevois du 19ème siècle : Edmond Boissier. Issu d’une riche famille genevoise, il s’initie tôt à la botanique grâce à son grand-père puis suit les cours d’Augustin-Pyramus de Candolle à l’Académie de Genève.

Ci-contre un portrait d'Edmond Boissier (1810-1885) par Rodolphe Piguet.

Lorsqu’il arrive en 1837 à Malaga pour herboriser en Andalousie, Edmond Boissier s’est sérieusement préparé : doué pour les langues, il a appris l’espagnol et un peu d’andalou et il dispose d’une base formidable qu’il a étudiée à fond : l’herbier très fourni d’un botaniste anglais, Philip Webb. Ce dernier a exploré le Royaume de Grenade durant des années et lui a confié toutes ses collectes. La description d’Abies pinsapo  par Edmond Boissier, une espèce européenne qui était encore inconnue, l’a grandement fait connaître mais il faut ajouter qu’il a décrit 5990 espèces botaniques nouvelles en accomplissant d’autres voyages ; il publiera plus tard une Flora orientalis en 5 tomes (1867-1884).

Pour Le sapin d’Andalousie, j’ai trouvé les trois belles planches illustrant son ouvrage : « Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837 » (par Edmond Boissier, membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève).

Abies pinsapo dans  « Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837 »
Abies pinsapo dans  « Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837 »
Abies pinsapo dans  « Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837 »

Abies pinsapo dans « Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837 »

Les passages de son texte à propos de ce sapin nommé d’abord simplement Pinsapo comme s’il pouvait s’agir d’un pin, sont intéressants ; en voici quelques extraits (p 158) :

Pour souligner son propos, voici la photo prise des écailles de mon pinsapo : à gauche l’intérieur portant encore ses deux graines ailées, et à droite le dos de l’écaille montrant la très petite bractée qui sur d’autres espèces d’Abies peut aller jusqu’à déborder du contour de l’écaille, puis (photo2) les graines recto-verso.

En p 159, il retrouve une belle population et cette fois, peut récolter des graines !

Il s’est avéré que ces graines ont fourni de beaux spécimens dans les jardins d’Europe, puisqu’on trouve un article plus tardif rédigé par Boissier lui-même en 1861 dans le tome 14 de la « Flore des serres et des jardin de l’Europe » de Louis Van Houtte. Il y déclare : «  Les premières graines que je rapportai d’Espagne en 1837 ont donné naissance à des arbres  qui ont aujourd’hui de 7 à 9 mètres de hauteur ». La planche montrant un jeune sapin est issue de cet article.

Un jeune Abies pinsapo dans la "Flore des serres et des jardin de l’Europe" de Louis Van Houtte

Un jeune Abies pinsapo dans la "Flore des serres et des jardin de l’Europe" de Louis Van Houtte

En ce qui concerne la silhouette de mon sapin du Mans je n’ai pas pu constater qu’elle devient cylindrique avec l’âge car il a malheureusement été amputé de beaucoup de branches basses…

 

Ceux qui voudraient en savoir plus sur Edmond Boissier qui par ailleurs ne partageait pas les nouvelles thèses de Darwin, pourront consulter cet article d’une revue de l’Université de Genève, là:

https://www.unige.ch/campus/numeros/120/tetechercheuse/

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #iconographie, #Botanistes

Une très longue évolution commencée en Malaisie et Indonésie il y a plus de 2500 ans, a mené progressivement vers les bananiers cultivés actuels. Ceux-ci devaient privilégier des caractères utiles pour l’homme, ils sont devenus producteurs de fruits stériles et parthénocarpiques (sans graines). On les multiplie végétativement et les variétés sont des clones ; la belle popotte de fleurs mâles qui termine l’inflorescence est coupée sans regret pour privilégier la croissance de la partie femelle au-dessus : le régime.

 

Dans cet article ne figureront que des auteurs réellement présents sur le continent asiatique car il existe aussi beaucoup de représentations européennes très anciennes se référant à des images antérieures mais pas à de l’observation personnelle de l’auteur.

Dans la Flora Sinensis  du missionnaire jésuite polonais Michael Boym, publiée à Vienne en 1656, on trouve une des premières illustrations de Bananier, dessinée par l’auteur qui a vécu une dizaine d’années en Chine. Vous pouvez, sur Plantuse, consulter une traduction du texte associé à ce bananier nommé Pa-Cyao, ou Figues des Indes et de la Chine.

https://uses.plantnet-project.org/fr/Flora_Sinensis,_1696

Le Bananier figure sur trois planches du 17ème siècle de l’ Hortus indicus Malabaricus. Ce recueil de plantes  est rédigé par Hendrik Adriaan van Rheede tot Drakenstein, engagé à l’origine par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Rheede devient ensuite gouverneur sur la côte de Malabar ; son Hortus indicus Malabaricus a été utilisée par Linné comme une référence pour les plantes du Sud de l’Inde.​​​​​​​

Hortus indicus Malabaricus par H.A. van Rheede tot Drakenstein
Hortus indicus Malabaricus par H.A. van Rheede tot Drakenstein

Hortus indicus Malabaricus par H.A. van Rheede tot Drakenstein

Dans l’Hortus indicus Malabaricus, tome 1, planches 12, 13 et 14 (1678-79), le nom usuel de la Banane, est accompagné des équivalences en arabe, en malayalam et en brahmane, comme pour chacune des 740 planches, car Rheede a su bien s’entourer et utiliser les savoirs ancestraux de la région pour enrichir son répertoire. Sur les trois planches figure le nom de Bàla un nom latin alors choisi par Rheede, l’équivalent moderne est Musa x paradisiaca, nom général qui regroupe les bananes dessert et les bananes à cuire (plantain).

Hortus indicus Malabaricus par H.A. van Rheede tot Drakenstein

Hortus indicus Malabaricus par H.A. van Rheede tot Drakenstein

Un texte de Diderot tiré du tome 4 de L’Encyclopédie (1777, p. 329) détaille en quelques pages, 29  ‘espèces’ de Bananier en citant des noms locaux. Il s’insurge en page 320 de la décision de Karl Linné de toutes les réduire  à deux espèces (paradisiaca et sapientum). La notion de variétés d’une même espèce n’avait pas encore assez de poids !

Au sujet du Bala, Diderot nous dit: « Le bala est le bananier le plus commun au Malabar et au Sénégal. Van-Rheede en a donné une figure assez complète sous ce nom Malabare, dans son Hortus Malabaricus, vol.1 p.17, pl.12, 13 et 14. Les Brames l’appellent Kely. Pline l’a indiqué sous le nom de pala, dans son Histoire naturelle, liv.12, chap.6, où on appelle son fruit ariena. C’est l’iminga ou l’ininga de Soffala, le figo d’orta, c’est-à-dire, figuier des jardins des Portugais. »

Je suis partie ensuite d’une planche en couleur d’un ouvrage de William Roxburgh, un médecin écossais devenu directeur du jardin botanique de Calcutta et qui a établi le premier catalogue de la flore indienne (Hortus bengalensis en 1814). Dans « Plants of the coast of Coromandel » (Vol. III) paru en 1819, William Roxburgh a légendé la banane Musa sapientum ; en fait les deux noms (paradisiaca et sapientum) sont donnés conjointement par Linné en 1759 dans son Systema Naturae, éd. 10 (ci-dessous).

Roxburgh écrit ceci :

« Les variétés de bananes cultivées en Inde sont très nombreuses, mais celles de plantains le sont moins, car je n'en ai connu jusqu'à présent que trois, alors que je peux dire sans me tromper que pas moins de dix fois plus de variétés de bananes sont passées sous mon contrôle. 

Leur durée, leur culture, leur habitude et leur caractère naturel sont déjà bien connus. Je me limiterai donc à ce que je pense être le musa sauvage originel, dont découlent, je pense, toutes les variétés cultivées (plantain et banane). En deux ans, à partir de la graine reçue de Chittagong, ils ont atteint la hauteur habituelle des espèces cultivées, qui est de dix ou douze pieds. Ils fleurissent en toute saison, mais généralement pendant les pluies, et mûrissent leur graine cinq ou six mois après, lorsque la plante périt jusqu'à la racine, qui bien avant ce temps a produit d'autres pousses ; celles-ci continuent à grandir, fleurir, etc, en succession pendant plusieurs années. Leurs feuilles sont exactement comme celles des espèces cultivées. »

Musa sapientum dans "Plants of the coast of Coromandel" de William Roxburgh.

Musa sapientum dans "Plants of the coast of Coromandel" de William Roxburgh.

On y retrouve aussi le nom de Bala cité dans ses synonymes avec la référence  « Rheed Mal… », ce qui permet d’en déduire que, pour William Roxburgh, dans les trois planches de l’Hortus indicus Malabaricus, il s’agit aussi d’une sorte de Musa originel mais en fait à cette époque une quantité de variétés de bananes existaient déjà de par le monde. La théorie de Roxburgh est là assez radicale et le fait est, que maintenant, les deux espèces (Musa paradisiaca et Musa sapientum) sont incluses dans l’hybride Musa × paradisiaca L.  On peut peut-être dire que Roxburgh avait pressenti  quelque-chose sans toutefois avoir en main les recherches récentes qui font de nos bananes des hybrides issus de deux espèces asiatiques distinctes Musa acuminata Colla et Musa balbisiana Colla! (Voir mon article sur les Bananes ancestrales).

La deuxième référence antérieure citée par William Roxburgh pour cette planche de musa sapientum vient de l’ Herbarium Amboinense, de Georg Eberhard Rumpf (1627-1702), publié en 1750 à Amsterdam. Ambon se situe dans l’Archipel des Moluques, Rumphius y passe de nombreuses années au service de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales.

Il s’agit d’une gravure d’un bananier en pied, la Planche 6 du tome 5, dans une légende jointe assez complexe, j’ai pu retenir pour C : le fruit de Piffang Medji. La traduction du malais serait Bananier des tables toujours selon le volume 4 de l’Encyclopédie par Diderot (1777, p. 328) et les hollandais les mangeraient avec du pain et du fromage ! voir le texte de Diderot là. 

 

Musa dans l’ Herbarium Amboinense, de Georg Eberhard Rumpf

Musa dans l’ Herbarium Amboinense, de Georg Eberhard Rumpf

Toujours à propos de Pisang, voici trois belles illustrations peintes d’après nature, provenant du Naturalis Biodiversity Center de Leyden ; ces peintures plus récentes sont nommées par des noms locaux indonésiens qui relèvent de Musa paradisiaca. Je n’ai pas retrouvé davantage de renseignements sur les variétés dont je ne suis même pas sûre de l’orthographe mais les peintures sont belles et au moins pour la première nous avons le nom du peintre : A. Bernecker.

variétés de Musa x paradisiaca (Naturalis Biodiversity Center de Leyden)
variétés de Musa x paradisiaca (Naturalis Biodiversity Center de Leyden)
variétés de Musa x paradisiaca (Naturalis Biodiversity Center de Leyden)

variétés de Musa x paradisiaca (Naturalis Biodiversity Center de Leyden)

Une autre artiste botanique néerlandaise établie à Batavia (Jakarta), Berthe Hoola Van Nooten (1817-1892) peint Musa paradisiaca L. (Pisang maas) parmi une série de Fruits de Java ; on peut voir les superbes chromolithographies qui en furent tirées là :

 https://bibliodyssey.blogspot.com/2006/07/fruits-of-java.html

 

 

Et à bientôt, j'espère, pour l'histoire américaine des bananes!

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #Fleurs, #iconographie

Fils de paysans champenois, Claude Aubriet devient peintre à Paris à la fin du 17ème siècle sans qu’on sache exactement comment il a réussi à accomplir son apprentissage et si celui-ci fut tout de suite orienté vers le dessin naturaliste. Au vu des premières études botaniques qui font l’objet de cet article, sous la direction de Joseph Pitton de Tournefort, pour « Elemens de botanique », on peut juger qu’il en a déjà une grande maîtrise et que l’observation pointue des fleurs et des fruits n’a plus de secrets pour lui. 

 

Il est possible de voir en ligne les planches d’origine pour « Elemens de botanique », avec une mise en couleur qui parfois est un peu terne et une moins bonne définition d’image ; j’ai préféré dans la suite, du noir et blanc avec « Institutiones rei herbariae » pour plus de qualité de définition des gravures.

Voici à titre d’exemple, les deux versions pour la Renouée Bistorte : son rhizome tortueux fait l’objet d’une belle composition graphique.

Deux versions pour la Renouée Bistorte (Polygonum bistorta L.)
Deux versions pour la Renouée Bistorte (Polygonum bistorta L.)

Deux versions pour la Renouée Bistorte (Polygonum bistorta L.)

Et pour la Fraxinelle, la mise en couleur est assez réussie. Les noms des graveurs ne figurent pas mais il ne s’agit sans doute pas d’Aubriet et pour la mise en couleur non plus, bien sûr !

Deux versions pour la Fraxinelle (Dictamus albus L.)
Deux versions pour la Fraxinelle (Dictamus albus L.)

Deux versions pour la Fraxinelle (Dictamus albus L.)

Claude Aubriet  va devenir par la suite « Peintre en miniature » pour Louis XIV, prenant la suite de Jean Joubert qui l’a initié à la miniature sur vélins. Il n’obtiendra le droit de signer ses peintures qu’en 1708, après le décès de Jean Joubert ; il est alors âgé d’environ 43 ans et devient très officiellement « Peintre du roi » pour Louis XIV, puis Louis XV. Il pourra résider au Jardin du Roi jusqu’à son décès en 1742, avec l’obligation de peindre 24 miniatures par an, ce qu’il fera avec beaucoup de talent et sur des sujets très variés allant de la flore à la faune (poissons, insectes, oiseaux, mammifères). On lui attribue environ 385 vélins de botanique. C’est Madeleine Basseporte qui prendra sa suite.

Claude Aubriet en marge de cette fonction prestigieuse a toujours entretenu une collaboration scientifique avec des savants : Joseph Pitton de Tournefort, puis Sébastien Vaillant,  Réaumur et Antoine de Jussieu. C’est surtout avec Pitton de Tournefort qu’il se lie d’amitié au cours d’un voyage « Relation d’un voyage au Levant » publié en 1717, pour lequel il a fourni tous les dessins pris sur le vif.

« Institutiones rei herbariae » et « Elemens de botanique »

L’ensemble est illustré d’environ 450 planches gravées, il fut d’une grande importance pour les botanistes jusqu’aux travaux de Linné. Pitton de Tournefort a eu le privilège royal (et les fonds nécessaires) pour accompagner l’ouvrage d’origine « Elemens de botanique ou méthode pour connoître les plantes » de gravures détaillées sur les structures des fleurs et des fruits qui constituaient la base de sa classification prélinnéenne. Les dessins de ces planches sont donc de Claude Aubriet, même s’il ne pourra signer ses gravures qu’en 1734, date à laquelle il est officiellement attaché à l’Académie royale des sciences.

« Institutiones rei herbariae », publié en 1700, en ligne sur BHL (Biodiversity Heritage Library), reprend de nombreuses planches d’ « Elemens de botanique » publié en 1694, en ligne sur Gallica.

Voici donc quelques une des gravures de « Institutiones rei herbariae »,  et je me suis autorisée à poser en regard des photos que j’ai faites de ces plantes!​​​​​​​

 

L'Aconit Napel+ photo : Aconitum napellus L.  (dans le Jura)
L'Aconit Napel+ photo : Aconitum napellus L.  (dans le Jura)

L'Aconit Napel+ photo : Aconitum napellus L. (dans le Jura)

l'Ancolie+ photo : Aquilegia reuteri (dans le Mercantour)
l'Ancolie+ photo : Aquilegia reuteri (dans le Mercantour)

l'Ancolie+ photo : Aquilegia reuteri (dans le Mercantour)

La Balsamine+ photo: Impatiens glandulifera (en Haute-Savoie)
La Balsamine+ photo: Impatiens glandulifera (en Haute-Savoie)

La Balsamine+ photo: Impatiens glandulifera (en Haute-Savoie)

Le Sabot de Vénus et l'Epipactis + photos: Cypripedium calceolus et Epipactis helleborine (en Savoie)
Le Sabot de Vénus et l'Epipactis + photos: Cypripedium calceolus et Epipactis helleborine (en Savoie)
Le Sabot de Vénus et l'Epipactis + photos: Cypripedium calceolus et Epipactis helleborine (en Savoie)

Le Sabot de Vénus et l'Epipactis + photos: Cypripedium calceolus et Epipactis helleborine (en Savoie)

L'Hellébore + photo: Helleborus sp, (dans un square du Mans)
L'Hellébore + photo: Helleborus sp, (dans un square du Mans)

L'Hellébore + photo: Helleborus sp, (dans un square du Mans)

Le Pois+ photo: Pisum sativum ssp. elatius (en Catalogne)
Le Pois+ photo: Pisum sativum ssp. elatius (en Catalogne)

Le Pois+ photo: Pisum sativum ssp. elatius (en Catalogne)

(Les collaborations de Claude Aubriet avec Sébastien Vaillant,  Réaumur et Antoine de Jussieu feront l’objet d’un autre article.)

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbustes, #Botanistes, #iconographie

Ce portrait provient des Actes de la Linnean Society de Londres de 1894-1897, dans cet article : « A memoir of Georg Dionysius Ehret : né à Heidelberg, le 30 janvier 1708, mort à Londres, le 9 septembre 1770 / écrit par lui-même et traduit, avec des notes, par ES Barton ». Le portrait lui-même est imprimé dans la revue à partir d’une photographie d’un portrait appartenant à ses descendants, il n’est donc pas de grande qualité mais plus vivant que celui qui figure dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew !

Bien peu de dates pour se repérer dans cet article, mais il est précieux car Ehret y donne lui-même sa biographie, son enfance d’apprenti jardinier exploité en Allemagne, qui ne lui permit pas avant longtemps de mettre en œuvre les talents de dessinateur que son père lui avait révélé avant de mourir prématurément. Il se forme à l’aquarelle botanique en autodidacte et subit pas mal de déboires avant que son travail soit vraiment reconnu. C’est la protection de Christophe Jacob Trew et sa rencontre avec Linné qui seront vraiment décisives pour sa carrière, commencée en Allemagne puis terminée à Londres avec tous les honneurs.

 

Dans la « Description des plantes rares cultivées à Malmaison et à Navarre » (1812-1817). L’auteur, Aimé Bonpland, affirme qu’avant l’arrivée du Magnolia Yulan (le premier asiatique), on cultivait en pleine terre en plus du Magnolia grandiflora, les Magnolia glauca et Magnolia umbrella et que ceux-ci pouvaient bien fructifier. Par Magnolia umbrella il entend Magnolia tripetala (L.) L. originaire de l’est des Etats-Unis. Pour Magnolia glauca (L) L. le nom reconnu est maintenant Magnolia virginiana L..

De ces trois espèces présentes dans les jardins d’Europe au 18ème siècle, nous allons parler avec Georg Dionysius Ehret, car les autres magnolias sont arrivés plus tardivement d’Asie (ils feront l’objet d’un autre article).

Magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora L.) dessin et gravure de Georg Dennis Ehret

Magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora L.) dessin et gravure de Georg Dennis Ehret

Pour le Magnolia grandiflora L., Ehret a produit plusieurs études détaillées, la première (ci-dessus) vers 1737 avec cette légende pré-linnéenne: « Magnolia ; altissima lauro-cerassi folio, flore ingenti candido, Catesb. : communément appelé tulipier à feuilles de laurier ou laurier de Caroline ». Et en partie basse de la gravure : « Cette plante a produit ses belles fleurs dans le jardin de Sr Charles Wager à Parsons Green près de Fulham, en août 1737 ». Tout en bas à droite, Ehret a signé, ajoutant qu’il était le dessinateur mais aussi le graveur : Delineated and engraved by George Dennis Ehret.

Dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew, ce Magnolia à grandes fleurs, originaire des forêts de Floride, que nous connaissons mieux pour sa superbe floraison estivale, son parfum enivrant et ses grandes feuilles persistantes, vernissées, et rousses au revers, figure sur deux planches, sur la seconde, seulement sur la partie basse que j’ai recadrée.

Magnolia grandiflora L. dessin d'Ehret, dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew
Magnolia grandiflora L. dessin d'Ehret, dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

Magnolia grandiflora L. dessin d'Ehret, dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

A Nantes une collection nationale de référence des magnolias rappelle le passé d’introduction de ces végétaux rapportés sur le pont des voiliers traversant l’Atlantique. C’est le « Saint Michel » qui en 1711 transporta le premier plan de Magnolia grandiflora en France et le débarqua près de Nantes au port de Paimboeuf. Après de nombreuses péripéties et échecs, par marcottage aérien, le magnolia se répand peu à peu dans les jardins botaniques de l’ouest où il se plait en pleine terre.

Le Magnolia de Virginie :

En consultant le « Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France » par Henri Louis Duhamel du Monceau, on trouve sur ces trois premières espèces à fleurir nos jardins des renseignements de l’époque (1806).

Duhamel du Monceau nous apprend que le Magnolia de Virginie, Magnolia virginiana L. à floraison estivale, fut le premier Magnolia introduit en Europe (en 1688) avant d’être éclipsé par le Magnolia grandiflora ; que ses feuilles caduques ou persistantes selon les variétés, sont de petite taille, blanc-bleuâtre au revers ; que ses fleurs sont plus petites mais « d’une odeur très suave » ; et enfin que son écorce aromatique est  très appréciée des castors car en fait il vit à l’état naturel dans des zones de marais!

Il est représenté, ci-dessus, par Ehret sous une ancienne dénomination pré-linnéenne de Magnolia Laurifolia subtus albicante ; j’ai retrouvé cette peinture originale dans la collection de la Bibliothèque Trew,  (Bibliothèque universitaire d'Erlangen-Nürnberg), puis la gravure qui en est ressorti dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew, vol 1 de 1750.

Le Magnolia de Virginie, Magnolia virginiana L. dessin d'Ehret dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

Le Magnolia de Virginie, Magnolia virginiana L. dessin d'Ehret dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

Le Magnolia parasol :

Dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew, on retrouve aussi le Magnolia umbrella Desr. donc en fait, le Magnolia parasol (Magnolia tripetala (L.) L.) avec une belle planche entière de détails numérotés et soigneusement légendés.

Originaire de l’Est et du Sud-Est de Etats-Unis, il possède de très grandes feuilles caduques au contraire du Magnolia grandiflora. C’est principalement pour ces feuilles qui d’après Duhamel du Monceau sont « étalées et ramassées toutes ensemble au sommet des rameaux » et qui prennent de belles couleurs cuivrées en Automne qu’il est séduisant car les fleurs blanches aux pétales étroits « neuf à douze pétales, les uns pendants, les autres redressés » qui arrivent en Mai-Juin, sont dites d’une odeur plutôt désagréable.

Le Magnolia parasol (Magnolia tripetala (L.) L.), dessin d'Ehret dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew
Le Magnolia parasol (Magnolia tripetala (L.) L.), dessin d'Ehret dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

Le Magnolia parasol (Magnolia tripetala (L.) L.), dessin d'Ehret dans le « Plantae selectae » de C.J.Trew

Par ailleurs, pour le coup d'œil et pour l'anecdote, j’ai trouvé cette peinture d’Ehret sur le site de la Royal Collection Trust :

https://www.rct.uk/collection/926084/magnolia-flore-albo

Vous pouvez en lisant leur texte, constater qu’on ne peut pas vraiment légender cette belle planche car vraisemblablement des échantillons se sont mélangés au retour du voyage de Mark Catesby (Histoire naturelle de la Caroline, Floride et les îles Bahamas). Ehret en toute bonne foi, a peint ce qu’on lui présentait : un mélange de Magnolia acuminata et Magnolia virginiana !

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