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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

botanique

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Fleurs, #iconographie

Dans les régions de plaine, les Primevères les plus communes appartiennent à la section Vernales, la section Auricula est plutôt montagnarde. Il existe par exemple, trois espèces de Primula en Sarthe. On ne présente plus le Coucou (Primula veris L.) ni la Primevère acaule (Primula vulgaris Hudson) mais on peut évoquer un peu plus précisément la troisième : la Primevère élevée (Primula elatior (L.)Hill) plus rare. C’est une espèce forestière ou de lisière portant sur une tige unique un petit bouquet de fleurs jaune-pale penchant gracieusement d’un côté. Les corolles ni en clochettes, ni franchement étalées, leur couleur d’un jaune ni très pâle, ni d’un jaune lumineux, en font une sorte de moyen terme entre les deux autres et surtout, les calices ne sont pas enflés comme chez le coucou.

Je n’ai pas de photo pour illustrer ces différences mais pour comparer la Primevère élevée et le Coucou, voici une planche idéale  de H.G.L. Reichenbach, dans le vol.17 de son ouvrage "Icones florae Germanicae et Helveticae".

"Icones florae Germanicae et Helveticae" de H.G.L. Reichenbach, vol 17

"Icones florae Germanicae et Helveticae" de H.G.L. Reichenbach, vol 17

Tout le monde connait bien le Coucou, mes photos sarthoises montrent qu’il possède aussi un bouquet unilatéral et que les calices ne s’emboitent pas sur le tube de la corolle mais sont au contraire très lâches.

La Primevère acaule (photos en Bretagne), a un port beaucoup plus ramassé, une fleur unique sur une tige courte et les corolles bien étalées sont parfois presque blanches. On voit là que les jeunes feuilles sont très gaufrées avec des bords révolutés, c’est un critère commun aux trois espèces; au cours de la floraison les feuilles ont tendance à s’aplanir.

 

 

Les hybrides naturels de ces trois espèces sont donc logiquement au nombre de trois, officiellement nommés :

  • Primula x digenea (P.vulgaris par P.elatior)
  • Primula x media (P.elatior par P.veris)
  • Primula x polyantha (P.vulgaris par P.veris)

Primula x polyantha

En fait, ce dernier serait le plus fréquent du moins en Sarthe. Les territoires des trois espèces s’y recouvrent peu ; les parents sont en présence  surtout  dans l’Ouest du département car la primevère acaule se localise de préférence sur le massif armoricain, et le coucou est plus fréquent dans le Centre et l’Est de la Sarthe. Cet hybride présente un aspect très variable et ressemble parfois beaucoup à la primevère élevée. Je l’ai photographié en 1991 en Charnie au bord du Palais au cours d’une sortie botanique.

On nous fit remarquer sa robustesse, ses clochettes plus larges et plus pâles que sur le Coucou, son bouquet restant dressé sur une tige bien plus haute que celle de la primevère acaule mais non penché en position unilatérale comme sur le Coucou ou la Primevère élevée.

 

 

En 1905, le botaniste sarthois Ambroise Gentil a écrit un article intitulé : « Observations à propos de Primevères hybrides » ou il cite cet hybride  sous son ancien nom : Primula x variabilis entre  Parigné l’évêque et Ruaudin. Il y démontre l’importance du vent supérieure à celle des insectes pour que surviennent ces hybrides, et leur variation d’aspect est, pour lui, due à l’influence plus grande du pied mère : le porte-graine sur lequel est venu se déposer le pollen (qui vient du père) amené par le vent. Deux morphologies bien distinctes en découleraient selon que le pied mère est le coucou ou la primevère acaule.

 

La primevère rouge :

Dans de vieux jardins de plaine se reproduisent d’années en années des primevères du type acaule dont la couleur rose à rose carné prête à polémique. Il existe bien, dans la nomenclature française une Primevère rouge (Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang.) anciennement P.Sibthorpii Hoffmanns, originaire des Balkans, qui se naturalise dans les jardins et s’échappe dans la nature, c’est donc une espèce subspontanée.

Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang.  se croise surtout facilement avec sa cousine sauvage jaune pâle (Primula vulgaris Hudson) et donne ainsi des populations d’un rose plus pâle (Primula x anglica), instables, qui finissent par être réabsorbées par la Primevère acaule.

Des auteurs anglais assurent que la Primevère rouge est arrivée vers 1638. Elle serait, pour eux, impliquée aussi dans la parenté des anciens Polyanthus de jardins : ce nom apparaît à la fin du 17ème siècle.

Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang. apparaît en tant qu’espèce native dans la Flora Graeca (vol 2, t 84). Les dix volumes furent publiés au début du 19ème siècle par John Sibthorp, professeur de botanique à Oxford. Les planches originales furent peintes par le célèbre illustrateur autrichien : Ferdinand Bauer.

Primula x media : Cet hybride de la Primevère élevée et du Coucou est mentionné aussi en Sarthe par Ambroise Gentil, il y a été revu en 2004, mais il est bien plus rare.

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Fleurs, #iconographie

Le Tussilage et les Pétasites sont des plantes souvent associées et remarquables pour leur floraison hivernale.

Si le Pétasite blanc et le Pétasite hybride (ou Pétasite officinal) sont deux espèces surtout montagnardes qu’on peut rencontrer entre deux névés, le Tussilage est présent aussi en plaine. Enfin une dernière espèce plus récemment nommée le Pétasite des Pyrénées fait mentir la règle comme quoi des feuilles de belle taille se déploient seulement après la floraison.

Le Pétasite officinal, (Photo ci-contre, sur un col de Haute-Savoie en tout début de floraison) figure de belle façon dans un ouvrage de 1774 au titre long : « La botanique mise à la portée de tout le monde, ou, Collection de planches représentant les plantes usuelles d'après nature, avec le port, la forme & les couleurs qui leur sont propres : gravées d'une manière nouvelle...». Auteurs : Nicolas-François Regnault, 1746-1810, Geneviève de Nangis Regnault (1746-1802). Il est difficile d’attribuer la rédaction du texte à l’un ou à l’autre de ces deux auteurs, par contre le dessin d’origine de ce Pétasite est bien signé Geneviève de Nangis Regnault. Vous noterez le nom usuel d’Herbe aux Teigneux et dans le texte joint l’auteur écrit : « On se sert rarement des feuilles, si ce n’est pour les appliquer sur la tête des enfants qui ont la teigne ».

Linné avait bel et bien rapproché le Tussilage des Pétasites, au point qu’il avait nommé notre actuel  Petasites hybridus (L.) G.Gaertn., B.Mey. & Scherb. (soit le Pétasite officinal) : Tussilago petasites L. comme on peut le voir sur la gravure  de  Geneviève de Nangis Regnault. Mais en page 866 du Species Plantarum de Linné, figure aussi un Tussilago hybrida, également reconnu comme notre Pétasite officinal actuel…

Ces confusions anciennes ne sont pas surprenantes car ces deux genres de Composées à floraison hivernale font pousser après la floraison des feuilles assez semblables, et leur tige florale est garnie de bractées écailleuses. En dehors de l’évidente différence de couleur des fleurs, les Pétasites ont des fleurons tous hermaphrodites alors que le Tussilage possède des ligules sur la circonférence.

Le Tussilago alba de Linné est devenu notre Petasites albus (L.) Gaertn., le Pétasite blanc, une plante montagnarde qui évite les Pyrénées, ici prise en photo sur le Semnoz, entre des plaques de neige et avec un tout début de feuillage.

Ces deux premières espèces sont illustrées, en compagnie du Tussilage, dans le vol. 16 d’un autre bel ouvrage en 24 volumes : « Icones florae Germanicae et Helveticae… », les auteurs sont H.Gottlieb Ludwig Reichenbach, puis son fils H.Gustav Reichenbach, sans doute l’auteur des dessins signant  Rchb fil.del.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/29324#page/115/mode/1up

Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »
Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »
Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »

Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »

Sur la deuxième gravure figure Petasites vulgaris Desf. C'est un synonyme reconnu de Petasites hybridus (L.) G.Gaertn., B.Mey. & Scherb. pour le Pétasite officinalLe Pétasite blanc et le Tussilage n'ont pas changé de nom latin.

Voici le Tussilage (Tussilago farfara L.), photographié près d'Annecy sur le lit caillouteux d'un cours d'eau montagnard.

Et pour finir, voici donc ce dernier Pétasite, inconnu de Linné.

Le Pétasite odorant  ou Pétasite des Pyrénées (Petasites pyrenaicus (L.) G.Lopez), se distingue aisément car feuillage et floraison sont chez lui synchrones. Il n’est pas spécialement montagnard (mes photos viennent de St Nazaire). Les feuilles en forme de rein, forment un tapis d’où émergent des tiges plus élancées et un bouquet floral plus ouvert. Il faut noter la présence sur le pourtour des petits capitules de quelques fleurs courtement ligulées, c’est un autre critère notoire qui le différencie des deux autres.

J’ai consulté le texte historique témoignant de son apparition tardive dans notre flore d’Europe de l’Ouest dans les "Actes de la société d'histoire naturelle de Paris : tome premier" (1792), sous le titre : « Nouvelle espèce de Tussilage » par M.Villars. L’auteur, après sa description latine, faite d’après des exemplaires du Jardin botanique de l’Ecole vétérinaire de Lyon, provenant d’une cueillette locale ‘au bas du Pila’, nous dit que l’espèce trace et ne se multiplie que trop par ses racines et il ajoute quatre Observations :

  1. Elle fleurit la première, et vers la fin de décembre
  2. Ses feuilles sont entières, et accompagnent les fleurs
  3. Ses fleurs sont très odorantes, sentant le noyau
  4. Ses fleurs sont vraiment radiées à la marge

Ce Pétasite odorant est encore nommé Tussilago fragrans sur l’illustration jointe au texte de M.Villars, puis Petasites fragrans (Vill.) C.Presl avant de gagner son nom latin actuel : Petasites pyrenaicus (L.) G.Lopez.

En fait sa provenance semble plus méridionale : Italie, Sardaigne, Sicile, Afrique septentrionale, et pourtant il n’y est plus répertorié en abondance alors que sur la façade Ouest de l’Europe, il s’est facilement naturalisé.

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbres, #Botanique, #iconographie

Le genre Cryptomeria ne compte que cette espèce : Cryptomeria japonica. On le place dans la grande famille des Cupressaceae, une famille dans laquelle il n’est pas toujours facile de se retrouver ; mais le Cryptomeria japonica porte de petits cônes femelles sphériques hérissés de pics, très caractéristiques, ce qui le rend facile à identifier.

Ce Cèdre du Japon, est d’abord inventorié par Carl Peter Thunberg  dans sa Flora Japonica (1784) comme Cupressus japonica. Sa description (il n’y a pas d’illustration), mentionne qu’il est toujours vert, muni de feuilles raides en forme d’aiguilles, que c'est un arbre très haut et droit, avec une tête pyramidale, qui porte des fleurs en mars ; que le bois est très tendre, de sorte qu'il peut être facilement travaillé, et qu’il est très utilisé à diverses fins, en particulier pour l'ébénisterie chez les Japonais. Les japonais le nomment San ou Sugi. Une forme ‘pendula’ est nommée Ito Sugi.

Ensuite on retrouve deux dessins européens : dans le volume 18 (tab 13) des « Transactions of the Linnean Society of London ». Il y figure encore sous le nom Cupressus japonica ; l’auteur signale que les feuilles aciculaires sont comprimées latéralement et que les chatons mâles sont rassemblés en épis à l’extrémité des rameaux, et non solitaires comme sur les autres Cupressacés.

On le voit clairement sur ma photo ci-dessous, prise sur les Hauts de La Réunion où les ‘Sapins créoles’ (Cryptomeria japonica), implantés à la fin du 19ème siècle sont nombreux et parfois imposants.

Puis il apparaît dans « The journal of the Horticultural Society of London, 1846-1855 », titre de l’article : « Some account of the Cryptomeria japonica, or Japan Cedar » by Mr Georges Gordon, v1 (1846) p.57. L’auteur y cite cette phrase de Philipp Franz von Siebold dans sa Flora Japonica (1844) : « Un dixième de la forêt qui couvre les flancs des montagnes entre 500 et 1200 pieds (150 à 360 m) d'altitude est composé de ce Cèdre du Japon ».

Ci-dessus la planche de  la Flora Japonica (1844), de Philipp Franz von Siebold.

Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)
Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)
Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)

Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)

Au Japon :

Kan-en Iwasaki   (1786-1842), le fait représenter dans le  Honzo zufu (Livre illustré des plantes médicinales) vol. 76 (1830-1844), ouvrage réédité en 1920. Pour les premiers volumes, ce sont des bois gravés : des estampes ukiyo-e. La spontanéité du trait pour cette planche fait penser à un original qui appartient sans doute aux parutions plus tardives peintes à la main et dont très peu de copies complètes ont survécu.

https://www.guimet.fr/fr/nos-collections/tresors-de-la-bibliotheque/honzo-zufu-flore-japonaise

Au Japon, les Cryptomérias sont protégés et de vieux ensembles figurent dans l’entourage où à l’approche des temples. Sur cette ancienne carte postale, un bel escalier de pèlerinage de 2446 marches en pierre est ainsi bordé de Cèdres du japon trois fois centenaires, il mène sur le Mont Haguro.

Les Cryptomérias de Nara : au 16ème siècle, 10 000 cèdres du Japon ont été plantés dans la forêt primitive de Kasugayama, située à Nara, c’est une forêt classée Monument naturel national spécial en 1955 et classée en 1998 Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Voici une gouache d’Albert Brenet, peintre de la marine et peintre voyageur (1903-2005). « Forêt de Nara, allée des trois mille lanternes », la gouache est accompagnée d’un texte témoignage : « Lorsque l’on se rend au temple des trois mille lanternes, on passe sous deux Torii, portes sacrées, d’un temple shintoïste, puis on s’engage dans une allée qui serpente au travers d’une magnifique forêt de cryptomérias. Cette allée est bordée de lanternes de pierre (il y en avait trois-mille), offertes par les fidèles et que l’on allume deux fois par an. »

Pour finir, il faudrait ajouter que le pollen des Cryptomeria est très allergisant quand les populations sont importantes comme au Japon.

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #voyages, #Fleurs

Les Causses, sur leurs pelouses sèches et rocailleuses offrent au botaniste et au photographe, un terrain de jeu exceptionnel au mois de Mai-Juin. Ce printemps 2023, notre semaine de balade  sur ces lieux, m’a enthousiasmée ; j’ai choisi trois sites sur le Causse du Larzac, mais le Causse noir et le Causse Méjean auraient tout autant à montrer…

Premier site sur le Larzac : nous allons vers Pierrefiche, une belle pelouse sèche avec de nombreuses orchidées : l’Orchis singe (Orchis simia), et l’Orchis bouffon (Orchis morio), puis en lisière d’un bois clair la Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), l’Ophrys mouche des Causses ou Ophrys d’Aymonin (Ophrys aymoninii) qu’on reconnait au bord jaune du labelle.

Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.

Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.

Voici une dernière orchidée, l’Homme pendu (Aceras anthropophorum), mais nous sommes déjà sur un autre site près du hameau de La Blaquière, sur une pelouse rocailleuse où abondait le Rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia L.) montré récemment dans le blog ; il est ici mélangé avec une crucifère, l’Ibéris penné (Iberis pinnata L.) (ci-dessous en fruits).

Au-delà  des Buis, une autre parcelle montrait une graminée typique qui dit clairement d’où vient le vent, le Stipe penné, en mélange avec les taches bleues que forment les touffes d’Aphyllante, au loin un spectaculaire rocher percé, le Roc Trauca.

 

Le Stipe penné, (Stipa pennata L.), à maturité déploie de très longues et souples arêtes plumeuses ; Christian Bernard dans « Fleurs et  paysages des Causses », (Editions du Rouergue), donne deux autres noms évocateurs : Cheveu d’ange et Cheveu de vieille.

On ne confondra pas la Cardoncelle molle (Carduncellus mitissimus) avec la Cardabelle (ou Carline à feuilles d’acanthe, Carlina acanthifolia), les deux espèces sont présentes sur ce site. C’est aussi aux alentours du Roc Traucat que j’ai eu le plaisir de voir fleurie  l‘Anémone pulsatille de Coste (Pulsatilla vulgaris var. costeana) qui est très soyeuse. C’est celle qui est le plus souvent citée dans les Causses bien qu’il existe aussi dans cette région une Anémone pulsatille tardive, plus rougeâtre et moins velue.

Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste
Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste
Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste

Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste

Sur le troisième site, pas loin du Viaduc, j’ai trouvé un arbrisseau typique des landes rocailleuses, la Spirée à feuilles de Millepertuis (Spiraea hypericifolia subsp. obovata), vue ici sur le bord du Causse ; on aperçoit Millau au fond. Un Ophrys jaune (Ophrys lutea) bien tardif m’a prise par surprise et j’ai révisé mes composées jaunes avec deux nouveautés pour moi : le Crépis blanc (Crepis albida) et le Scorzonère hirsute (Scorzonera hirsuta).

Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.

Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.

Pas de gravures anciennes cette fois-ci, beaucoup de photos!

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Arbustes, #iconographie

Rosa pimpinellifolia est un synonyme de Rosa spinosissima. Dans les régions du Nord de la France et situées plus au Nord encore, il est considéré comme le rosier indigène le plus précoce. Le terme pimpinellifolia (à feuilles de Pimprenelle), précise la forme de son feuillage et de fait ses feuilles composées, à petites folioles dentées assez rondes, rappellent celles d’une ombellifère, Pimpinella saxifraga, soit le Petit Boucage, mais aussi celles d’une rosacée Sanguisorba minor, soit la Petite Pimprenelle !

On voit que ce charmant nom de Rosier Pimprenelle pouvait porter à confusion ; il subsiste heureusement mais le nom scientifique de Rosa spinosissima évoque avec raison la principale caractéristique de ce rosier qui est l’abondance de ses aiguillons fins droits et mêlés d’acicules.

Sur le pourtour du littoral depuis l’Atlantique jusqu’à la Mer du Nord, (depuis la Bretagne jusqu’au Danemark), toutes celles que j’ai vues portaient beaucoup d’acicules entre les plus longs aiguillons, c’était vrai aussi sur le Causse du Larzac, sur un sol très calcaire (photo ci-dessous). Le nombre et la forme assez ronde des folioles différencient ce rosier des autres espèces de façon évidente, ainsi que la forme plus ronde et la couleur du fruit mûr beaucoup plus sombre qu’un cynorrhodon, d’un violet noirâtre.

Christophe Bornand dans une Clé d’identification des roses sauvages de Suisse écrit pour Rosa spinosissima : « Fleurs solitaires, presque toujours dépourvues de bractées. Pétales blancs, rarement rose pâle. Plante formant souvent des colonies d’arbustes nains. ».

Sur les dunes littorales dont le sable est très chargé de particules calcaires provenant des débris coquilliers, ce rosier se plait bien et monte plus au moins haut selon le milieu environnant. En Bretagne sur la dune grise de sable fixé, il forme de petites populations rases entourant parfois les terriers de lapins. 

Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert
Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert
Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert

Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert

Au Danemark, du côté de l’ile de Rømø, il subsistait dans des hautes graminées mais très concurrencé par le Rosier rugueux (Rosa rugosa), de plus en plus envahissant sur tout le littoral de l’Europe de l’Ouest.

Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark
Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark

Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark

 

Dans le « Rariorum Plantarum Historia » de Charles de l’Ecluse (1601) deux bois gravés sont identifiés comme du Rosier Pimprenelle, à gauche la floraison et à droite les fruits dont on remarque bien les sépales persistants étalés/dressés.

Le nom Rosa campestris, utilisé par Clusius ne se trouve pas dans l’ouvrage  antérieur (1583) de Rembert Dodoens « Stirpium historiae pemptades sex », qui lui annonce Rosa dunensis (c’est le même bois gravé).

Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » Rosa spinosissima

Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » Rosa spinosissima

Dans un ouvrage du botaniste néerlandais Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » (1800-1809), figurent deux planches distinctes.

L’une concerne seulement Rosa spinosissima avec des fleurs blanches, l’autre présente trois espèces dont à droite Rosa pimpinellifolia (que j'ai isolée) avec des pétales rosés un peu déroutants pour moi, qui n’ai jamais vu que des beaux pétales d’un blanc crémeux parfois un peu rehaussés de jaune autour du cœur.

Moins ancien, j’ai trouvé une belle illustration de la main de Friedrich Guimpel, dans un ouvrage de Karl Ludwig Willdenow et Friedrich Gottlob Hayne, « Illustration d'essences de bois allemandes pour les forestiers et les amateurs de botanique » (1820).

Rosa spinosossima , par Friedrich Guimpel

Rosa spinosossima , par Friedrich Guimpel

Connaissez-vous le « Genus Rosa » d’Ellen Ann Willmott ? C’est un très beau recueil en nombreux cahiers édité entre 1910 et 1914, illustré d’aquarelles d’Alfred Parsons, pleines de sensibilité et de charme. On peut le consulter en ligne maintenant :

https://www.biodiversitylibrary.org/item/187450#page/472/mode/thumb

Ellen Ann Willmott, en p 248, donne un texte qui nous intéresse dont voici une traduction approximative : « Le nom spinosissima fut adopté par Linné provenant de Bauhin et sous ce nom il décrit d’abord cette rose dans son Species Plantarum (1753), mais il ne mentionne pas ses pédoncules jusqu’à la publication du Systema Naturae (1759) dans laquelle il lui attribue des pédoncules hispides et introduit Rosa pimpinellifolia avec ces organes glabres ».

Linné a finalement reconnu Rosa spinosissima comme le nom approprié.

Voici donc l’origine d’une controverse qui semble éteinte mais pas depuis longtemps car on a longtemps préféré Rosa pimpinellifolia pour les rosiers ayant des pédoncules lisses et Rosa spinosissima pour ceux dont les pédoncules sont hispides-glanduleux.

En conclusion, Ellen Willmott proposait de nommer la forme dont les pédoncules sont lisses Rosa spinosissima var. pimpinellifolia.

Au sud de Barcelonnette, dans le Mercantour, j’ai vu un rosier d’assez grande taille qui répondrait bien à ces critères : assez différent des petits rosiers des dunes, il n’avait pas d’acicules entre les aiguillons et ses pédoncules étaient lisses. 

Je l’ai retrouvé (dans le Mercantour aussi) vers Val Pellens avec la même allure. On voit ci-dessous le pédoncule lisse.

 

Quant à la population que j’ai vue sur le Causse du Larzac, elle pourrait peut-être correspondre à une autre sous-espèce (reconnue, celle-là), Rosa spinosissima subsp. myriacantha. En effet, ce rosier était glanduleux/hispide des pédoncules jusqu’aux sépales et les dents des feuilles me semblaient doubles ; les fleurs restaient blanches bien qu’une légère teinte rosée se percevait sur une fleur de profil. Sur une photo j’ai cru voir devant un pétale blanc quelques glandes au dos d’une feuille… Je n’ai pas pensé à froisser une feuille pour la sentir !

Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)
Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)

Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)

Pour en savoir davantage, je vous propose :

https://www.monaconatureencyclopedia.com/rosa-spinosissima/?lang=fr

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #voyages, #Botanique

Comme je vous l’avais raconté sur un article du blog, Atanasio Echeverria y Godoy dont les études à l’aquarelle vont figurer dans cet article fut l’un des deux jeunes artistes mexicains embauchés par Martin de Sessé y Lacasta, pour suivre l’Expédition botanique royale en Nouvelle-Espagne (Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España (1787-1803). J’avais envie de composer un article simple composé surtout d’illustrations, en complément du premier (consacré plus en détail à cette longue expédition), car j’y ai trouvé d’autres études de plantes que j’ai eu la chance de voir et photographier aux Antilles ou à la Réunion et même au Sénégal et qui figureront donc en regard des illustrations malheureusement inachevées de cet artiste.

http://botazoom.over-blog.com/2023/03/atanasio-echeverria-y-godoy.html

Plantes vues à La Réunion :

Le champ borne, St André : le Manioc marron bord de mer ou Grosse patte poule bord de mer: Scaevola taccada, une  indigène facilement reconnaissable.

Sur le Cirque de Cilaos, à l'Ilet à Cordes : La Fleur fête des mères ou Tournesol mexicain envahissant dans l'ile,  Tithonia diversifolia,

et la MargoseMomordica charantia.  

En Guadeloupe :

Plage du roseau (Basse-Terre) un arbuste du rivage à feuilles pointues et petites grappes de fleurs crèmes avec quelques fruits plats en forme de pastilles, c'est le Bois de mèche ou Palétuvier blanc (Avicennia germinans).

Toujours sur la côte très érodée par endroit de l’est de Basse-Terre, à Sainte-Marie, un Poirier pays (Tabebuia heterophylla) ne tenant plus que par quelques racines et prêt à s'effondrer. La peinture d’Atanasio Echeverria représente une espèce proche : Tabebuia rosea.

 

Auprès du parking du Marquisat (chemin des Troisièmes chutes du Carbet) une plante basse à fleurs blanches aux corolles longuement tubulaires, c'est le Mort aux cabrits (Hippobroma longiflora).

Sur Grande Terre après la Pointe de la Grande Vigie un peu avant la Porte d’Enfer sur un éboulis rocheux,  Ernodea littoralis, (petites baies comme des groseilles à maquereau).

Toujours sur Grande-Terre, à la Pointe des Châteaux, un poivrier remarquable, le Bois noir, Capparis cynophallophora), qui porte de longs fruits brun clair, à paroi interne rouge.

Dans les jardins guadeloupéens on rencontre parfois l’Epicar (Jatropha integerrima) pour ses fleurs décoratives.

Au Sénégal :

J’y ai rencontré un autre Jatropha de jardin, l’Arbre corail, originaire d’Amérique centrale, Jatropha multifida, et à ce propos je vous rappelle un autre article qui était consacré à trois espèces de ce genre de la famille des Euphorbiacées « Les trois médiciniers du Père Labat » ; mais je n’avais pas encore vu le  Jatropha multifida.

http://botazoom.over-blog.com/2020/12/les-trois-mediciniers-du-pere-labat.html

En Casamance, j’ai admiré les jolies graines (toxiques!) de la Liane réglisse de la famille des Fabacées, commune sous les tropiques : Abrus precatorius.

Pour les illustrations d'Atanasio Echeverria dans cet article, je remercie :

Torner Collection of Sessé and Mociño Biological Illustrations, avec l'aimable autorisation du Hunt Institute for Botanical Documentation, Carnegie Mellon University, Pittsburgh, Pennsylvanie.

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Botanistes, #Fleurs, #iconographie

J’ai pu voir et photographier les trois Frankénies visibles en France ; ce sont des plantes vivaces rampantes, des sous-arbrisseaux qui ne craignent pas la sécheresse et apprécient les zones salées. Leurs tiges fines mais assez ligneuses sont très divisées et à rameaux courts ce qui donne une allure en tapis et le randonneur perçoit leurs fleurettes roses souvent trop tard pour les éviter ! Ci-dessous, la Frankénie hirsute, en Catalogne sur le cap de Creus.

Le limbe des petites feuilles à bords plus ou moins révolutés, présente des glandes excrétrices de sel. Ces glandes sont sans doute responsables de l’aspect de surface des feuilles de la Frankénie pulvérulente (ci-dessous), j’avais d’abord cru à des grains de sable restés collés en surface.

Seule la  Frankénie lisse ou Bruyère maritime (Frankenia laevis L.) remonte le long des côtes atlantiques jusqu’en Grande Bretagne. Par rapport aux deux autres espèces elle reste cantonnée plutôt en Europe de l’Ouest. Mes photos sont prises sur l’ile d’Oléron.

Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.
Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.

Frankenia laevis, sur l'ile d'Oléron.

En 1753 Linné crée le nom de genre Frankenia, dont découle la famille des Frankeniaceae, en hommage à Johannes Franck. Johannes Franck ou Johan Franckenius, (1590 -1661) était un botaniste et professeur suédois, recteur de l'Université d'Uppsala.

Les trois Frankénies figurent donc dans le Species Plantarum de Linné, avec plus de références anciennes pour Frankenia laevis. Pour sa répartition, il cite « Habitat en Europe australe maritime », et pour la Frankénie hirsute (Frankenia hirsuta L.) il mentionne «Habitat dans les Pouilles, Crète».

 

 

Mais sur une planche de Pier Antonio Michelli (1679-1737), dans son « Nova Plantarum Genera », figurent Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2). On peut voir que c’est en réalité ce botaniste italien du 17ème siècle qui avait créé le genre Franca faisant référence à un médecin florentin, le docteur Jean Sébastien Franchi, inconnu de Linné.

https://bibdigital.rjb.csic.es/records/item/11953-nova-plantarum-genera

Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2), planche de Pier Antonio Michelli.

Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2), planche de Pier Antonio Michelli.

Sur la Frankénie hirsute, ce sont surtout les calices qui sont hérissés de longs poils. Ma photo est prise en Catalogne, sur le cap de Creus, très exposé aux embruns, mais elle peut aussi se trouver dans des prés salés littoraux. Sa répartition n’est pas que méditerranéenne. Vers l’Est, elle est présente en Europe centrale et méridionale et atteint les bords de la Mer noire et de la mer Caspienne.

La Frankénie pulvérulente (Frankenia pulverulenta L.), figure déjà sous une ancienne nomenclature de Charles de l’Ecluse (1526-1609) : Anthyllis valentina dans son Rariorum Plantarum Historia (1601).

https://www.biodiversitylibrary.org/page/529649#page/562/mode/1up

On retrouve la même planche dans l’Icones Stirpium (1581) de Matthias de L’Obel (1538-1616).

La Frankénie pulvérulente s’étend vers l’Est à peu près de la même façon que la Frankénie hirsute, sur l’hémisphère Nord mais grande différence : elle existe aussi dans l’hémisphère Sud (Argentine, Afrique du Sud, Australie).

Photo ci-dessous, prise en Catalogne.

Comme d’habitude, les deux gravures originales qui suivent, tirées de la Flora Graeca et illustrées par Ferdinand Bauer ont été numérisées par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, je les remercie de m’avoir autorisée à vous montrer ces deux Frankénies.

https://digital.bodleian.ox.ac.uk/collections/flora-and-fauna-graeca/

 

Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer
Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer

Frankenia pulverulenta , puis Frankenia hirsuta, Flora Graeca, gravures de Ferdinand Bauer

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Publié le par Claire Felloni
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Ceux d’entre vous qui me suivent ne seront pas surpris si une fois de plus je me reporte au texte fondateur de Carl Linné : le Species Plantarum. Il se trouve que je n’ai pas encore abordé une série d’œillets qui ont en commun d’être disposés agrégés en haut de la tige, et voyant que dans le texte de Linné, ils figuraient regroupés en début du chapitre dédié aux Dianthus sous la rubrique générale « Dianthus flores aggregati », j’y ai vu un appel pour ce nouvel article !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’œillet arméria (Dianthus armeria L.), n’est pas rare du tout mais il passe inaperçu, ses petits pétales étroits pointillés de blanc sont pourtant bien élégants ; il est doté de bractées très longues et fines, vertes et velues au contraire de l’œillet des Chartreux Dianthus carthusianorum L. dont les bractées scarieuses sont brunes, plus larges et assez brusquement terminées par une pointe au sommet. Ci-dessous Dianthus armeria , puis Dianthus carthusianorum.

L’Œillet armeria est illustré, magnifié et toutes ses parties détaillées dans  la « Deutschlands flora » (1798-1855) auteurs : Sturm, J., Sturm, J.W. On y trouve aussi une étude semblable pour l’Œillet des Chartreux.

« Deutschlands flora » (1798-1855) auteurs : Sturm, J., Sturm, J.W. , Dianthus armeria puis Dianthus carthusianorum
« Deutschlands flora » (1798-1855) auteurs : Sturm, J., Sturm, J.W. , Dianthus armeria puis Dianthus carthusianorum

« Deutschlands flora » (1798-1855) auteurs : Sturm, J., Sturm, J.W. , Dianthus armeria puis Dianthus carthusianorum

Ce bel Œillet des Chartreux trouvé sur le Mont Olympe (mention en bas à droite), fut peint par Ferdinand Bauer, c’est une étude préparatoire à l’aquarelle pour la Flora Graeca de John Sibthorp, peut-être est-ce lui ou Sibthorp qui a signalé en bas à gauche une correction à apporter : les pétales doivent porter quelques poils ! 

Dianthus carthusianorum, pour la Flora Graeca de John Sibthorp, dessin de Ferdinand Bauer

Dianthus carthusianorum, pour la Flora Graeca de John Sibthorp, dessin de Ferdinand Bauer

Cet Œillet figure enfin sur les belles planches de la flore du Royaume de Prusse « Flora regni Borussici » (1832-1844), auteur : A.G.Dietrich, et on le trouve aussi sur une planche (pl 2039) du Curtis’s Botanical Magazine.

 « Flora regni Borussici » (1832-1844), auteur : A.G.Dietrich; puis pl 2039 du Curtis’s Botanical Magazine.
 « Flora regni Borussici » (1832-1844), auteur : A.G.Dietrich; puis pl 2039 du Curtis’s Botanical Magazine.

« Flora regni Borussici » (1832-1844), auteur : A.G.Dietrich; puis pl 2039 du Curtis’s Botanical Magazine.

Aux deux vrais Dianthus, Dianthus armeria L. (l’œillet arméria) et Dianthus carthusianorum L. (l’œillet des Chartreux), on peut ajouter Dianthus barbatus L. (l'Œillet barbu), plus commun dans les jardins que dans la nature (c’est une espèce vulnérable dans son habitat naturel). Ces trois-là figurent toujours de nos jours en début de la clé d’identification de la Flora Gallica.

 

Je n’ai pas de photo pour l’Œillet barbu, dont les feuilles sont plus larges que sur l’œillet des Chartreux et les têtes florales plus fournies et globuleuses. Voici ci-contre un morceau d’un vélin attribué à Madeleine Basseporte (1701-1780), protégée de Madame de Pompadour et auteur de superbes vélins détenus maintenant par la BNF et par la Morgan Library.

 

Une autre peinture de Hans Simon Holtzbecker provient du Gottorfer Codex (1649-1659), car cet Œillet barbu est depuis le moyen-âge un ornement des jardins.

La classification linnéenne, ci-dessus, si elle semblait pertinente à l’époque ne l’est plus aujourd’hui car l’Œillet prolifère, autrefois nommé Dianthus prolifer, puis Tunica prolifera (L.)Scop., ne fait plus partie des Œillets, mais du genre Petrorhagia, c’est Petrorhagia prolifera (L.)P.W.Ball & Heywood.

 

 

 

Une aquarelle originale de Georg Dyonisius Ehret provenant d’une collection d’originaux détenue par la Morgan Library and Museum, représente ce Dianthus prolifer L.

 Dianthus prolifer L. par Georg Dyonisius Ehret

Dianthus prolifer L. par Georg Dyonisius Ehret

Il fut peint aussi par Ferdinand Bauer, c’est une étude préparatoire à l’aquarelle pour la Flora Graeca de John Sibthorp. Dans la nature, il est parfois abondant, parfois sa couleur est plus vive et il semble uniflore comme sur la planche de Bauer, mais il s’agit bien du même !

Dianthus prolifer pour la Flora Graeca de John Sibthorp, par Ferdinand Bauer

Dianthus prolifer pour la Flora Graeca de John Sibthorp, par Ferdinand Bauer

Les dessins et aquarelles originaux de la Flora Graeca par Ferdinand Bauer ont été numérisés par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, je les remercie de m’avoir autorisée à vous montrer ces deux Œillets.

https://digital.bodleian.ox.ac.uk/collections/flora-and-fauna-graeca/

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Publié le par Claire Felloni
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Ce printemps, pendant mon séjour en Juin dans les environs de Millau, j’ai enrichi mes connaissances en matière de Silènes. Il s’agit d’une très vaste famille et j’en suis aux balbutiements !

Un silène que je désirais voir depuis longtemps, le Silène conique (Silene conica L.), n’est pourtant pas rare, mais il se trouve que sur les Causses à l’altitude moyenne d’un peu plus de 1000 mètres il fleurit un peu plus tard que dans le Midi et il est très présent sur ces sols rocailleux. Quand on le découvre, aucune erreur possible : c’est le seul doté d’un calice très gonflé en vessie et ornementé de plus de trente nervures en relief.

Silene conica, du côté de Millau
Silene conica, du côté de Millau

Silene conica, du côté de Millau

Sa fleur est munie au cœur d’une couronne d’écailles, mais c’est vrai aussi pour d’autres espèces comme le Silene rubella (ci-dessous), que j’ai vu en Catalogne;

ou encore le Silene colorata (ci-dessous), un autre espagnol déterminé de façon un peu approximative peut-être…

Je n’ai pu résister à montrer ces photos qui illustrent bien la diversité de morphologie sur les calices de silènes.

Le Silène de France (Silene gallica L.) est très commun dans les herbages catalans, il possède aussi de petites corolles roses et une couronne d’écailles centrale ; il est surtout doté d’une pilosité impressionnante sur ses calices. Bien que l’allure floue et confuse ne le montre pas bien, l’inflorescence terminale reste simple, cela se voie sur le rameau de gauche dans la photo.

 

Le Silène de Nice (Silene nicaeensis All.) existe dans le Midi ; on peut le trouver sur les plages ; son écologie et son allure avec tous ces petits grains de sable collés au calice, laissent peu de doute sur son identité. Il fait partie de ces silènes blancs dont le revers des pétales est teinté d’une belle couleur fumée qui se révèle quand les pétales se retroussent en fin de floraison. Il est visqueux au contact tout comme les deux espèces suivantes.

Le Silène de Nice (Silene nicaeensis All.) sur une plage de Catalogne
Le Silène de Nice (Silene nicaeensis All.) sur une plage de Catalogne

Le Silène de Nice (Silene nicaeensis All.) sur une plage de Catalogne

Le Silène penché (Silene nutans L.), avec son inflorescence unilatérale et penchée se distingue du Silène d’Italie dont les fleurs se tiennent plus dressées.

Et puis la silhouette allongée du calice du Silène d’Italie (Silene italica (L.) Pers.), révèle un plus long carpophore: lorsque la capsule se forme on voit bien apparaître un pied auparavant compris dans le calice et qui se détecte au vu de la base amincie du calice au moment de la floraison. La hauteur de cette espèce de pied interne, relative à celle de la capsule qui s’est formée au-dessus à la fructification, est un critère important à considérer !

Le Silene d'Italie (Silene italica (L.) Pers.) sur le Causse noir
Le Silene d'Italie (Silene italica (L.) Pers.) sur le Causse noir

Le Silene d'Italie (Silene italica (L.) Pers.) sur le Causse noir

Le Silene fortunei tiré du Curtis’s botanical magazine (ill 7649), représente Silene fissipetala, une espèce chinoise ; je le montre ici parce qu’il est assez proche morphologiquement du Silène d’Italie d’après le texte de Curtis comme le montre aussi la coupe sur le calice.

On croirait presque avoir affaire à l’un de ces beaux Œillets montagnards très laciniés (Dianthus superbus ou Dianthus hyssopifolius), dont j’avais traité dans cet article : 

http://botazoom.over-blog.com/2021/08/sur-le-col-de-crozet.html

 

Les dessins et aquarelles originaux de la Flora Graeca par Ferdinand Bauer ont été numérisés par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, je les remercie de m’avoir autorisée à vous montrer les deux silènes qui suivent.

https://digital.bodleian.ox.ac.uk/collections/flora-and-fauna-graeca/

 

Silene conica L., puis Silene italica (L.) Pers., dessins préparatoires de Ferdinand Bauer pour la Flora graeca, de John Sibthorp
Silene conica L., puis Silene italica (L.) Pers., dessins préparatoires de Ferdinand Bauer pour la Flora graeca, de John Sibthorp

Silene conica L., puis Silene italica (L.) Pers., dessins préparatoires de Ferdinand Bauer pour la Flora graeca, de John Sibthorp

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #iconographie

Voici quelques composées jaunes du pourtour méditerranéen, dont je vous invite à détailler les Akènes et les Pappus.  Ce ne sont ni des Pissenlits (Taraxacum) ni des Epervières (Hieracium), deux genres pour lesquels je donne ma langue au chat !

Je les ai découvertes ce printemps en Catalogne, mais elles existent aussi au sud de l’hexagone. C’est assez fascinant de voir comme d’une allure générale assez similaire, on finit par détecter de très nombreuses variantes. Tout un ensemble de critères sont à considérer mais si vous prenez simplement le temps de détailler les fruits, avant de souffler dessus pour le plaisir, vous aurez quelques chances de vous approcher d’une bonne détermination.

Observez alors les graines qui sont des akènes : certaines sont lisses, d’autres rayées ou très bosselées. Elles sont surmontées du pappus, ce petit parachute qui contribue à les disperser par le vent ; est-il composé de soies dentées ou plumeuses ou encore de petites écailles ?

La Porcelle des sables ou Porcelle glabre (Hypochaeris glabra L.) en fleur, ne paie pas de mine. Elle est surtout remarquable au moment de la fructification.

Son involucre fuselé a d’abord pris de l’importance en hauteur avant de s’ouvrir en déployant deux types de pappus sur son réceptacle. Seuls les akènes centraux sont munis d’un long bec et leurs longues soies sont plumeuses ; les akènes de la  périphérie n’ont pas de becs et les pappus sont plus courts et presque duveteux.

A noter aussi les paillettes intercalées sur le réceptacle (ce sont les languettes blanches), qui nous amènent sur le genre des Porcelles, dont l’espèce la plus commune est la Porcelle enracinée (Hypochaeris radicata).

La Cousteline (Reichardia picroides (L.) Roth) possède un involucre très décoratif : de belles bractées  au liseré opalescent, en forme de fer de lance. 

Les soies du pappus seraient très finement denticulées (il faut une loupe binoculaire pour le percevoir !), mais ce sont les akènes périphériques, très fortement ridés transversalement, qui sont remarquables.

 

L’ Hédipnoïs polymorphe (Hedypnois rhagadioloides (L.) F.W.Schmidt) est vraiment très polymorphe ; je ne croyais pas avoir affaire à la même plante au début ; mais le fruit est très particulier avec son akène surmonté d’un pappus grossier inégalement écailleux, certaines écailles centrales étant longues et même en zigzag.

 

L’Urosperme fausse picride (Urospermum picroides (L.) Scop. ex F.W.Schmidt). Celui-ci, en rosette dans un pierrier est idéal pour la photo mais pas représentatif car en principe ils sont plus haut sur tige ! Remarquez, ci-dessous, comme les poils surtout sur l’involucre et le haut de la tige, sont coniques. 

Les belles soies plumeuses du pappus surmontent des akènes formés de deux parties comme on peut le voir sur la coupe. Or en fait, c’est le pied du pappus qui est gonflé en outre et l’akène lui-même contenant la graine est la partie basale. 

On retrouve cette disposition chez l’Urosperme de Daléchamps, (ci-dessous) très commun dans le Midi et plus facile à reconnaître grâce à la couleur jaune soufre de ses fleurs, peu commune chez les composées jaunes.

 

Un peu d’iconographie :

Dans la Flora graeca de John Sibthorp et Smith, illustré par le talentueux Ferdinand Bauer, qui participa au voyage sur le pourtour méditerranéen, j’ai extrait trois études originales à l’aquarelle. La première représente la Porcelle glabre (Hypochaeris glabra L.), bien identifiée de longue date, bien que cette planche soit légendée Hypochaeris minima (actuellement un synonyme). Mon recadrage élimine les légendes au crayon, et je précise que ces aquarelles ne sont pas signées par Bauer qui les considérait comme des études préliminaires.

La Porcelle glabre (Hypochaeris glabra L.), légendée Hypochaeris minima, par Ferdinand Bauer pour la Flora graeca

La Porcelle glabre (Hypochaeris glabra L.), légendée Hypochaeris minima, par Ferdinand Bauer pour la Flora graeca

Les auteurs, par contre, donnent deux planches pour l’Hedypnoïs. La seconde, qu’ils ont identifiée comme une espèce crétoise (Hedypnois cretica) est maintenant reconnue comme incluse dans la variabilité naturelle de l’Hedypnoïs polymorphe (Hedypnois rhagadioloides).

Hedypnoïs polymorphe (Hedypnois rhagadioloides), puis (Hedypnois cretica), par Ferdinand Bauer pour la Flora graeca
Hedypnoïs polymorphe (Hedypnois rhagadioloides), puis (Hedypnois cretica), par Ferdinand Bauer pour la Flora graeca

Hedypnoïs polymorphe (Hedypnois rhagadioloides), puis (Hedypnois cretica), par Ferdinand Bauer pour la Flora graeca

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