J’ai pu voir et photographier les trois Frankénies visibles en France ; ce sont des plantes vivaces rampantes, des sous-arbrisseaux qui ne craignent pas la sécheresse et apprécient les zones salées. Leurs tiges fines mais assez ligneuses sont très divisées et à rameaux courts ce qui donne une allure en tapis et le randonneur perçoit leurs fleurettes roses souvent trop tard pour les éviter ! Ci-dessous, la Frankénie hirsute, en Catalogne sur le cap de Creus.
Le limbe des petites feuilles à bords plus ou moins révolutés, présente des glandes excrétrices de sel. Ces glandes sont sans doute responsables de l’aspect de surface des feuilles de la Frankénie pulvérulente (ci-dessous), j’avais d’abord cru à des grains de sable restés collés en surface.
Seule la Frankénie lisse ou Bruyère maritime (Frankenia laevis L.) remonte le long des côtes atlantiques jusqu’en Grande Bretagne. Par rapport aux deux autres espèces elle reste cantonnée plutôt en Europe de l’Ouest. Mes photos sont prises sur l’ile d’Oléron.
En 1753 Linné crée le nom de genre Frankenia, dont découle la famille des Frankeniaceae, en hommage à Johannes Franck. Johannes Franck ou Johan Franckenius, (1590 -1661) était un botaniste et professeur suédois, recteur de l'Université d'Uppsala.
Les trois Frankénies figurent donc dans le Species Plantarum de Linné, avec plus de références anciennes pour Frankenia laevis. Pour sa répartition, il cite « Habitat en Europe australe maritime », et pour la Frankénie hirsute (Frankenia hirsuta L.) il mentionne «Habitat dans les Pouilles, Crète».
Mais sur une planche de Pier Antonio Michelli (1679-1737), dans son « Nova Plantarum Genera », figurent Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2). On peut voir que c’est en réalité ce botaniste italien du 17ème siècle qui avait créé le genre Franca faisant référence à un médecin florentin, le docteur Jean Sébastien Franchi, inconnu de Linné.
https://bibdigital.rjb.csic.es/records/item/11953-nova-plantarum-genera
Frankenia laevis en haut (Fig 1) et Frankenia hirsuta en bas (Fig 2), planche de Pier Antonio Michelli.
Sur la Frankénie hirsute, ce sont surtout les calices qui sont hérissés de longs poils. Ma photo est prise en Catalogne, sur le cap de Creus, très exposé aux embruns, mais elle peut aussi se trouver dans des prés salés littoraux. Sa répartition n’est pas que méditerranéenne. Vers l’Est, elle est présente en Europe centrale et méridionale et atteint les bords de la Mer noire et de la mer Caspienne.
La Frankénie pulvérulente (Frankenia pulverulenta L.), figure déjà sous une ancienne nomenclature de Charles de l’Ecluse (1526-1609) : Anthyllis valentina dans son Rariorum Plantarum Historia (1601).
https://www.biodiversitylibrary.org/page/529649#page/562/mode/1up
On retrouve la même planche dans l’Icones Stirpium (1581) de Matthias de L’Obel (1538-1616).
La Frankénie pulvérulente s’étend vers l’Est à peu près de la même façon que la Frankénie hirsute, sur l’hémisphère Nord mais grande différence : elle existe aussi dans l’hémisphère Sud (Argentine, Afrique du Sud, Australie).
Photo ci-dessous, prise en Catalogne.
Comme d’habitude, les deux gravures originales qui suivent, tirées de la Flora Graeca et illustrées par Ferdinand Bauer ont été numérisées par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, je les remercie de m’avoir autorisée à vous montrer ces deux Frankénies.
https://digital.bodleian.ox.ac.uk/collections/flora-and-fauna-graeca/