Le genre Cryptomeria ne compte que cette espèce : Cryptomeria japonica. On le place dans la grande famille des Cupressaceae, une famille dans laquelle il n’est pas toujours facile de se retrouver ; mais le Cryptomeria japonica porte de petits cônes femelles sphériques hérissés de pics, très caractéristiques, ce qui le rend facile à identifier.
Ce Cèdre du Japon, est d’abord inventorié par Carl Peter Thunberg dans sa Flora Japonica (1784) comme Cupressus japonica. Sa description (il n’y a pas d’illustration), mentionne qu’il est toujours vert, muni de feuilles raides en forme d’aiguilles, que c'est un arbre très haut et droit, avec une tête pyramidale, qui porte des fleurs en mars ; que le bois est très tendre, de sorte qu'il peut être facilement travaillé, et qu’il est très utilisé à diverses fins, en particulier pour l'ébénisterie chez les Japonais. Les japonais le nomment San ou Sugi. Une forme ‘pendula’ est nommée Ito Sugi.
Ensuite on retrouve deux dessins européens : dans le volume 18 (tab 13) des « Transactions of the Linnean Society of London ». Il y figure encore sous le nom Cupressus japonica ; l’auteur signale que les feuilles aciculaires sont comprimées latéralement et que les chatons mâles sont rassemblés en épis à l’extrémité des rameaux, et non solitaires comme sur les autres Cupressacés.
On le voit clairement sur ma photo ci-dessous, prise sur les Hauts de La Réunion où les ‘Sapins créoles’ (Cryptomeria japonica), implantés à la fin du 19ème siècle sont nombreux et parfois imposants.
Puis il apparaît dans « The journal of the Horticultural Society of London, 1846-1855 », titre de l’article : « Some account of the Cryptomeria japonica, or Japan Cedar » by Mr Georges Gordon, v1 (1846) p.57. L’auteur y cite cette phrase de Philipp Franz von Siebold dans sa Flora Japonica (1844) : « Un dixième de la forêt qui couvre les flancs des montagnes entre 500 et 1200 pieds (150 à 360 m) d'altitude est composé de ce Cèdre du Japon ».
Ci-dessus la planche de la Flora Japonica (1844), de Philipp Franz von Siebold.
Au Japon :
Kan-en Iwasaki (1786-1842), le fait représenter dans le Honzo zufu (Livre illustré des plantes médicinales) vol. 76 (1830-1844), ouvrage réédité en 1920. Pour les premiers volumes, ce sont des bois gravés : des estampes ukiyo-e. La spontanéité du trait pour cette planche fait penser à un original qui appartient sans doute aux parutions plus tardives peintes à la main et dont très peu de copies complètes ont survécu.
https://www.guimet.fr/fr/nos-collections/tresors-de-la-bibliotheque/honzo-zufu-flore-japonaise
Au Japon, les Cryptomérias sont protégés et de vieux ensembles figurent dans l’entourage où à l’approche des temples. Sur cette ancienne carte postale, un bel escalier de pèlerinage de 2446 marches en pierre est ainsi bordé de Cèdres du japon trois fois centenaires, il mène sur le Mont Haguro.
Les Cryptomérias de Nara : au 16ème siècle, 10 000 cèdres du Japon ont été plantés dans la forêt primitive de Kasugayama, située à Nara, c’est une forêt classée Monument naturel national spécial en 1955 et classée en 1998 Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Voici une gouache d’Albert Brenet, peintre de la marine et peintre voyageur (1903-2005). « Forêt de Nara, allée des trois mille lanternes », la gouache est accompagnée d’un texte témoignage : « Lorsque l’on se rend au temple des trois mille lanternes, on passe sous deux Torii, portes sacrées, d’un temple shintoïste, puis on s’engage dans une allée qui serpente au travers d’une magnifique forêt de cryptomérias. Cette allée est bordée de lanternes de pierre (il y en avait trois-mille), offertes par les fidèles et que l’on allume deux fois par an. »
Pour finir, il faudrait ajouter que le pollen des Cryptomeria est très allergisant quand les populations sont importantes comme au Japon.