Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Fleurs, #iconographie

Dans les régions de plaine, les Primevères les plus communes appartiennent à la section Vernales, la section Auricula est plutôt montagnarde. Il existe par exemple, trois espèces de Primula en Sarthe. On ne présente plus le Coucou (Primula veris L.) ni la Primevère acaule (Primula vulgaris Hudson) mais on peut évoquer un peu plus précisément la troisième : la Primevère élevée (Primula elatior (L.)Hill) plus rare. C’est une espèce forestière ou de lisière portant sur une tige unique un petit bouquet de fleurs jaune-pale penchant gracieusement d’un côté. Les corolles ni en clochettes, ni franchement étalées, leur couleur d’un jaune ni très pâle, ni d’un jaune lumineux, en font une sorte de moyen terme entre les deux autres et surtout, les calices ne sont pas enflés comme chez le coucou.

Je n’ai pas de photo pour illustrer ces différences mais pour comparer la Primevère élevée et le Coucou, voici une planche idéale  de H.G.L. Reichenbach, dans le vol.17 de son ouvrage "Icones florae Germanicae et Helveticae".

"Icones florae Germanicae et Helveticae" de H.G.L. Reichenbach, vol 17

"Icones florae Germanicae et Helveticae" de H.G.L. Reichenbach, vol 17

Tout le monde connait bien le Coucou, mes photos sarthoises montrent qu’il possède aussi un bouquet unilatéral et que les calices ne s’emboitent pas sur le tube de la corolle mais sont au contraire très lâches.

La Primevère acaule (photos en Bretagne), a un port beaucoup plus ramassé, une fleur unique sur une tige courte et les corolles bien étalées sont parfois presque blanches. On voit là que les jeunes feuilles sont très gaufrées avec des bords révolutés, c’est un critère commun aux trois espèces; au cours de la floraison les feuilles ont tendance à s’aplanir.

 

 

Les hybrides naturels de ces trois espèces sont donc logiquement au nombre de trois, officiellement nommés :

  • Primula x digenea (P.vulgaris par P.elatior)
  • Primula x media (P.elatior par P.veris)
  • Primula x polyantha (P.vulgaris par P.veris)

Primula x polyantha

En fait, ce dernier serait le plus fréquent du moins en Sarthe. Les territoires des trois espèces s’y recouvrent peu ; les parents sont en présence  surtout  dans l’Ouest du département car la primevère acaule se localise de préférence sur le massif armoricain, et le coucou est plus fréquent dans le Centre et l’Est de la Sarthe. Cet hybride présente un aspect très variable et ressemble parfois beaucoup à la primevère élevée. Je l’ai photographié en 1991 en Charnie au bord du Palais au cours d’une sortie botanique.

On nous fit remarquer sa robustesse, ses clochettes plus larges et plus pâles que sur le Coucou, son bouquet restant dressé sur une tige bien plus haute que celle de la primevère acaule mais non penché en position unilatérale comme sur le Coucou ou la Primevère élevée.

 

 

En 1905, le botaniste sarthois Ambroise Gentil a écrit un article intitulé : « Observations à propos de Primevères hybrides » ou il cite cet hybride  sous son ancien nom : Primula x variabilis entre  Parigné l’évêque et Ruaudin. Il y démontre l’importance du vent supérieure à celle des insectes pour que surviennent ces hybrides, et leur variation d’aspect est, pour lui, due à l’influence plus grande du pied mère : le porte-graine sur lequel est venu se déposer le pollen (qui vient du père) amené par le vent. Deux morphologies bien distinctes en découleraient selon que le pied mère est le coucou ou la primevère acaule.

 

La primevère rouge :

Dans de vieux jardins de plaine se reproduisent d’années en années des primevères du type acaule dont la couleur rose à rose carné prête à polémique. Il existe bien, dans la nomenclature française une Primevère rouge (Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang.) anciennement P.Sibthorpii Hoffmanns, originaire des Balkans, qui se naturalise dans les jardins et s’échappe dans la nature, c’est donc une espèce subspontanée.

Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang.  se croise surtout facilement avec sa cousine sauvage jaune pâle (Primula vulgaris Hudson) et donne ainsi des populations d’un rose plus pâle (Primula x anglica), instables, qui finissent par être réabsorbées par la Primevère acaule.

Des auteurs anglais assurent que la Primevère rouge est arrivée vers 1638. Elle serait, pour eux, impliquée aussi dans la parenté des anciens Polyanthus de jardins : ce nom apparaît à la fin du 17ème siècle.

Primula vulgaris subsp rubra (Sm.) Arcang. apparaît en tant qu’espèce native dans la Flora Graeca (vol 2, t 84). Les dix volumes furent publiés au début du 19ème siècle par John Sibthorp, professeur de botanique à Oxford. Les planches originales furent peintes par le célèbre illustrateur autrichien : Ferdinand Bauer.

Primula x media : Cet hybride de la Primevère élevée et du Coucou est mentionné aussi en Sarthe par Ambroise Gentil, il y a été revu en 2004, mais il est bien plus rare.

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Fleurs, #iconographie

Le Tussilage et les Pétasites sont des plantes souvent associées et remarquables pour leur floraison hivernale.

Si le Pétasite blanc et le Pétasite hybride (ou Pétasite officinal) sont deux espèces surtout montagnardes qu’on peut rencontrer entre deux névés, le Tussilage est présent aussi en plaine. Enfin une dernière espèce plus récemment nommée le Pétasite des Pyrénées fait mentir la règle comme quoi des feuilles de belle taille se déploient seulement après la floraison.

Le Pétasite officinal, (Photo ci-contre, sur un col de Haute-Savoie en tout début de floraison) figure de belle façon dans un ouvrage de 1774 au titre long : « La botanique mise à la portée de tout le monde, ou, Collection de planches représentant les plantes usuelles d'après nature, avec le port, la forme & les couleurs qui leur sont propres : gravées d'une manière nouvelle...». Auteurs : Nicolas-François Regnault, 1746-1810, Geneviève de Nangis Regnault (1746-1802). Il est difficile d’attribuer la rédaction du texte à l’un ou à l’autre de ces deux auteurs, par contre le dessin d’origine de ce Pétasite est bien signé Geneviève de Nangis Regnault. Vous noterez le nom usuel d’Herbe aux Teigneux et dans le texte joint l’auteur écrit : « On se sert rarement des feuilles, si ce n’est pour les appliquer sur la tête des enfants qui ont la teigne ».

Linné avait bel et bien rapproché le Tussilage des Pétasites, au point qu’il avait nommé notre actuel  Petasites hybridus (L.) G.Gaertn., B.Mey. & Scherb. (soit le Pétasite officinal) : Tussilago petasites L. comme on peut le voir sur la gravure  de  Geneviève de Nangis Regnault. Mais en page 866 du Species Plantarum de Linné, figure aussi un Tussilago hybrida, également reconnu comme notre Pétasite officinal actuel…

Ces confusions anciennes ne sont pas surprenantes car ces deux genres de Composées à floraison hivernale font pousser après la floraison des feuilles assez semblables, et leur tige florale est garnie de bractées écailleuses. En dehors de l’évidente différence de couleur des fleurs, les Pétasites ont des fleurons tous hermaphrodites alors que le Tussilage possède des ligules sur la circonférence.

Le Tussilago alba de Linné est devenu notre Petasites albus (L.) Gaertn., le Pétasite blanc, une plante montagnarde qui évite les Pyrénées, ici prise en photo sur le Semnoz, entre des plaques de neige et avec un tout début de feuillage.

Ces deux premières espèces sont illustrées, en compagnie du Tussilage, dans le vol. 16 d’un autre bel ouvrage en 24 volumes : « Icones florae Germanicae et Helveticae… », les auteurs sont H.Gottlieb Ludwig Reichenbach, puis son fils H.Gustav Reichenbach, sans doute l’auteur des dessins signant  Rchb fil.del.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/29324#page/115/mode/1up

Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »
Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »
Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »

Pétasite blanc, Pétasite officinal, et Tussilage, dans « Icones florae Germanicae et Helveticae… »

Sur la deuxième gravure figure Petasites vulgaris Desf. C'est un synonyme reconnu de Petasites hybridus (L.) G.Gaertn., B.Mey. & Scherb. pour le Pétasite officinalLe Pétasite blanc et le Tussilage n'ont pas changé de nom latin.

Voici le Tussilage (Tussilago farfara L.), photographié près d'Annecy sur le lit caillouteux d'un cours d'eau montagnard.

Et pour finir, voici donc ce dernier Pétasite, inconnu de Linné.

Le Pétasite odorant  ou Pétasite des Pyrénées (Petasites pyrenaicus (L.) G.Lopez), se distingue aisément car feuillage et floraison sont chez lui synchrones. Il n’est pas spécialement montagnard (mes photos viennent de St Nazaire). Les feuilles en forme de rein, forment un tapis d’où émergent des tiges plus élancées et un bouquet floral plus ouvert. Il faut noter la présence sur le pourtour des petits capitules de quelques fleurs courtement ligulées, c’est un autre critère notoire qui le différencie des deux autres.

J’ai consulté le texte historique témoignant de son apparition tardive dans notre flore d’Europe de l’Ouest dans les "Actes de la société d'histoire naturelle de Paris : tome premier" (1792), sous le titre : « Nouvelle espèce de Tussilage » par M.Villars. L’auteur, après sa description latine, faite d’après des exemplaires du Jardin botanique de l’Ecole vétérinaire de Lyon, provenant d’une cueillette locale ‘au bas du Pila’, nous dit que l’espèce trace et ne se multiplie que trop par ses racines et il ajoute quatre Observations :

  1. Elle fleurit la première, et vers la fin de décembre
  2. Ses feuilles sont entières, et accompagnent les fleurs
  3. Ses fleurs sont très odorantes, sentant le noyau
  4. Ses fleurs sont vraiment radiées à la marge

Ce Pétasite odorant est encore nommé Tussilago fragrans sur l’illustration jointe au texte de M.Villars, puis Petasites fragrans (Vill.) C.Presl avant de gagner son nom latin actuel : Petasites pyrenaicus (L.) G.Lopez.

En fait sa provenance semble plus méridionale : Italie, Sardaigne, Sicile, Afrique septentrionale, et pourtant il n’y est plus répertorié en abondance alors que sur la façade Ouest de l’Europe, il s’est facilement naturalisé.

 

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbres, #Botanique, #iconographie

Le genre Cryptomeria ne compte que cette espèce : Cryptomeria japonica. On le place dans la grande famille des Cupressaceae, une famille dans laquelle il n’est pas toujours facile de se retrouver ; mais le Cryptomeria japonica porte de petits cônes femelles sphériques hérissés de pics, très caractéristiques, ce qui le rend facile à identifier.

Ce Cèdre du Japon, est d’abord inventorié par Carl Peter Thunberg  dans sa Flora Japonica (1784) comme Cupressus japonica. Sa description (il n’y a pas d’illustration), mentionne qu’il est toujours vert, muni de feuilles raides en forme d’aiguilles, que c'est un arbre très haut et droit, avec une tête pyramidale, qui porte des fleurs en mars ; que le bois est très tendre, de sorte qu'il peut être facilement travaillé, et qu’il est très utilisé à diverses fins, en particulier pour l'ébénisterie chez les Japonais. Les japonais le nomment San ou Sugi. Une forme ‘pendula’ est nommée Ito Sugi.

Ensuite on retrouve deux dessins européens : dans le volume 18 (tab 13) des « Transactions of the Linnean Society of London ». Il y figure encore sous le nom Cupressus japonica ; l’auteur signale que les feuilles aciculaires sont comprimées latéralement et que les chatons mâles sont rassemblés en épis à l’extrémité des rameaux, et non solitaires comme sur les autres Cupressacés.

On le voit clairement sur ma photo ci-dessous, prise sur les Hauts de La Réunion où les ‘Sapins créoles’ (Cryptomeria japonica), implantés à la fin du 19ème siècle sont nombreux et parfois imposants.

Puis il apparaît dans « The journal of the Horticultural Society of London, 1846-1855 », titre de l’article : « Some account of the Cryptomeria japonica, or Japan Cedar » by Mr Georges Gordon, v1 (1846) p.57. L’auteur y cite cette phrase de Philipp Franz von Siebold dans sa Flora Japonica (1844) : « Un dixième de la forêt qui couvre les flancs des montagnes entre 500 et 1200 pieds (150 à 360 m) d'altitude est composé de ce Cèdre du Japon ».

Ci-dessus la planche de  la Flora Japonica (1844), de Philipp Franz von Siebold.

Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)
Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)
Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)

Quelques Cryptomeria japonica (photos prises en Sarthe)

Au Japon :

Kan-en Iwasaki   (1786-1842), le fait représenter dans le  Honzo zufu (Livre illustré des plantes médicinales) vol. 76 (1830-1844), ouvrage réédité en 1920. Pour les premiers volumes, ce sont des bois gravés : des estampes ukiyo-e. La spontanéité du trait pour cette planche fait penser à un original qui appartient sans doute aux parutions plus tardives peintes à la main et dont très peu de copies complètes ont survécu.

https://www.guimet.fr/fr/nos-collections/tresors-de-la-bibliotheque/honzo-zufu-flore-japonaise

Au Japon, les Cryptomérias sont protégés et de vieux ensembles figurent dans l’entourage où à l’approche des temples. Sur cette ancienne carte postale, un bel escalier de pèlerinage de 2446 marches en pierre est ainsi bordé de Cèdres du japon trois fois centenaires, il mène sur le Mont Haguro.

Les Cryptomérias de Nara : au 16ème siècle, 10 000 cèdres du Japon ont été plantés dans la forêt primitive de Kasugayama, située à Nara, c’est une forêt classée Monument naturel national spécial en 1955 et classée en 1998 Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Voici une gouache d’Albert Brenet, peintre de la marine et peintre voyageur (1903-2005). « Forêt de Nara, allée des trois mille lanternes », la gouache est accompagnée d’un texte témoignage : « Lorsque l’on se rend au temple des trois mille lanternes, on passe sous deux Torii, portes sacrées, d’un temple shintoïste, puis on s’engage dans une allée qui serpente au travers d’une magnifique forêt de cryptomérias. Cette allée est bordée de lanternes de pierre (il y en avait trois-mille), offertes par les fidèles et que l’on allume deux fois par an. »

Pour finir, il faudrait ajouter que le pollen des Cryptomeria est très allergisant quand les populations sont importantes comme au Japon.

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbres, #iconographie, #voyages

Le Fromager (Ceiba pentandra) est un arbre majestueux, un géant qui peut dominer la canopée et dont la base est dotée de contreforts imposants. Au Sénégal, j’en ai vu de très beaux, mais difficile de prendre du recul pour faire une belle photo de sa silhouette sans être gênée par la végétation environnante ! 

 

En Casamance, le Fromager (Ceiba pentandra) mais aussi le Baobab (Adansonia digitata) sont les ‘arbres à palabres’, le grand Fromager de Mlomp (ci-dessus) possède des contreforts si hauts et  contournés sur eux-mêmes qu’il a été possible d’y installer un petit musée à ciel ouvert des traditions Diola, qui abritent des vanneries, des outils divers de la vie courante et des fétiches, l’ensemble entouré d’une clôture faite de feuilles de palmiers rôniers. Le bois léger du Fromager peut servir pour tailler dans la masse des pirogues, et ses hauts contreforts sont parfois taillés pour faire des portes, en trois coups de scie, j’ai vu une de ces entailles qui cicatrise avec le temps mais j’étais un peu choquée ! 

On peut trouver dans l’iconographie de belles représentations en pied ; en voici une d'un spécimen en situation isolée. 
Kapok ou Arbre de coton de soie (Ceiba pentandra) poussant près d'un village du Surinam. 

Lithographie couleur par P. Lauters, v. 1839, d'après PJ Benoit. Crédit: Wellcome Collection . Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)

Puis une autre peinture de Louise van Panhuys (1763-1844) qui vécut au Surinam de 1811 à 1816. 
https://sammlungen.ub.uni-frankfurt.de/panhuys/nav/index/all

Et puis, en rappel d’un ancien article du blog sur Elisée Reclus :
http://botazoom.over-blog.com/2020/11/elisee-reclus-les-illustrations.html

Le Fromager développe des branches à l’horizontale qui peuvent former un large houppier en parasol s’il dispose d’un espace suffisant. J’ai eu la chance de voir de très beaux exemplaires en Casamance près de la Pointe Saint-Georges, avec quelques branches fleuries en position basse. 


Par contre, sur celui-ci, je n’ai pu observer le feuillage ni le fruit qui est une capsule oblongue à cinq valves, ni le kapok s’en échappant à maturité : une fibre très légère, imperméable et imputrescible (mais malheureusement inflammable). 
Les fleurs sont pollinisées par des chauves-souris. Un autre grand fromager de Casamance était feuillu (et sans fleurs, de ce fait) ; sa silhouette, presque triangulaire du fait des contreforts, était spectaculaire. En principe, le tronc lisse devrait montrer de grosses épines à base larges, mais je n’ai pas vu beaucoup de ces épines sauf sur des certaines zones des contreforts, sur des branches et des rameaux.

 

Le Fromager est plutôt originaire d’Amérique centrale et du Sud, et des Antilles, mais il est devenu une espèce pantropicale, très présente en Afrique de l’Ouest et cultivé surtout en Asie du Sud-Est. Son introduction en Afrique de l'Ouest pourrait peut-être être naturelle et très ancienne (précolombienne), des graines portées par de forts vents auraient ainsi traversé l'Atlantique, ou encore des capsules qui flottent très bien auraient fait de même, portées par des courants!

A Mlomp, c'est un arbre sacré protégé au cœur du village, on y dépose des offrandes. Pour tailler des pirogues on s'éloigne des villages afin d'épargner les beaux individus souvent plantés là volontairement par de lointains ancêtres. 

Il faut noter que la production du Kapok est abondante sur les grands fromagers de l’Afrique de l’Ouest mais ne donne pas le meilleur kapok, car les Ceiba ont depuis longtemps été améliorés en Indo-Malaisie. L’appellation suivante : Ceiba pentandra var indicum DC. Bakh. ne semble pas vraiment reconnue, seul est officiel le nom de Ceiba pentandra (L.) Gaertn.


William Roxburgh, dirigea le Jardin botanique de Calcutta à la fin du 18ème siècle. Il publia les descriptions botaniques de toutes les plantes locales qu’il pouvait observer.

Sa riche collection d’aquarelles consacrée à la flore de l’Inde, peintes d’après nature par des artistes locaux, est conservée à la bibliothèque du Royal Botanic Garden de Kew. J’ai trouvé (sur le site web) les aquarelles de deux espèces cousines : Bombax pentandrum, un ancien synonyme de Ceiba pentandra, notre Fromager , le voici: 

et Bombax heptaphyllum qui est devenu Bombax ceiba L. soit le Fromager rouge ou Kapokier rouge, dont on récolte aussi le kapok qui serait d’une qualité un peu moindre que celui du Fromager. Cet arbre est d’origine plus asiatique.

Roxburgh, W., Icones Roxburgianae (Roxburgh Flora Indica drawings at Kew)
https://archive.bsi.gov.in/b-illustrations/en?list=Bombax&column=szGenus&secCat=1

Pour Bombax ceiba, le Red silk cotton tree des anglais, voici une autre représentation d’Elizabeth Twining, (1805-1889), une illustratrice botanique britannique.

Je ne peux vous montrer des photos du Bombax ceiba L.; mais j’ai vu au Sénégal une espèce très proche avec aussi de belles fleurs rouges : c’est le Bombax costatum Pellegr. & Vuillet , un autre Kapokier rouge qui lui ressemble beaucoup ! on le trouve du Sénégal au Cameroun et le kapok est utilisé aussi pour des coussins, des matelas et des selles. 

 

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanistes, #iconographie

Je vous parle cette fois-ci d’une collection précieuse qui se trouve dans la bibliothèque de l’Université Friedrich-Alexander (Erlangen-Nürnberg), et qui pour notre grand plaisir a été digitalisée et est donc facilement consultable pour le grand public. La Bibliothèque de Christoph Jacob Trew comprend, entre autres richesses, 13 volumes de dessins et aquarelles botaniques rassemblés par lui.

 

La légende complète de ce portrait qui fait partie de la collection des portraits de la Bibliothèque du MNHN nous dit :

« Chr. Jacob Trew (Botaniste, Anatomiste et Médecin), Président de l'Académie des Curieux de la Nature, Membre de la Société royale de Londres. Né à Lauf (en Bavière) le 26 Avril 1695. Mort à Nuremberg le 18 Juillet 1769 ».

Ce médecin  et botaniste de Nuremberg qui avait fait connaître Georg Dyonisius Ehret (voir cet ancien article sur Ehret), n’en a pas moins fait travailler en collaboration avec ce dernier notamment Nicolaus Friedrich Eisenberger, Johann Christoph Keller.

De nombreuses peintures originales de ces peintres de fleurs sont donc visibles dans la collection de la Bibliothèque Trew. En visionnant ces nombreuses aquarelles sur le site, j’ai trouvé les signatures d’autres artistes presque aussi doués mais dont les noms sont bien moins connus qu’Ehret, Eisenberger et Keller, comme M. M.Payerlein, G. W.Baurenfeind, L.Fischer, N.Gabler, J.Karell.

Beaucoup d’aquarelles ne sont pas signées, certaines de très belle facture font penser à Ehret comme ce rameau d’Alstroemère.

Sur d’autres, la part de chacun est clairement détaillée. Par exemple, sur la planche de l’Acacia (Robinia pseudoacacia) on peut lire en bas à droite : G.D.Ehret ad vivum (soit d’après nature) puis N.F.Eisenberger copiam. Pour le Cytise, nous savons qu’il s’agit de la copie d’une étude d’Ehret, mais pas par qui…

Une collaboration pour cet Acacia d'Ehret et d'Eisenberger

Une collaboration pour cet Acacia d'Ehret et d'Eisenberger

Le Cytise (Laburnum anagyroides), à l'époque Cytisus laburnum.

Le Cytise (Laburnum anagyroides), à l'époque Cytisus laburnum.

J’ai voulu dans ce premier article sur la collection rassemblée par Trew, montrer aussi quelques études non signées (ou signées de noms très peu connus) pour leur grande qualité, et aussi parce que les plantes figurées sont devenus entre temps des hôtes bien connus de nos jardins.

 

Ainsi le Geranium inquinans est l’ancêtre du Pélargonium zonal.

La Reine-marguerite (Callistephus chinensis) figure sous le nom de cette époque, Aster chinensis, la peinture est de N.Gabler. Une autre belle version de l’Aster chinensis, peinte d’après nature (mention : ad viv. pinx.), est de Johann Christoph Keller, mais cet illustrateur fera l’objet d’un article à lui seul, tant il est doué et prolifique dans cette collection.

Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.
Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.

Deux versions pour la Reine-marguerite, la première de N.Gabler, la seconde de J.C.Keller.

J.Karell a indiqué que son Catalpa (Catalpa bignonioides) avait été peint d’après nature ( mention: ad viv. delin.), en juillet 1765, donc ce n’est pas une copie !

Le Pavot d’Orient (Papaver orientale), et le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) ne sont pas signés.

Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.
Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.

Deux études non signées, le Pavot d'Orient et le Sabot de Vénus.

Pour une visite plus complète de cette collection :

Voir là : https://ub.fau.de/en/history/trew-library/

Ouvrir une image puis Cliquer sur ‘contenu’ à gauche

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbustes, #Botanistes, #iconographie

Pierre Belon, naturaliste voyageur du 16ème siècle, est resté bien connu des manceaux ; il était originaire de Cérans-Fouletourte. Une belle statue de lui trône sur la place, que je prenais sans trop m’interroger pour une statue d’Henri IV (qui n’aurait pas vraiment lieu d’être installé là, dans ce bourg de Sarthe !).

Dans son ouvrage le plus connu écrit en vieux français mais facilement lisible: « Les observations de plusieurs singularitez et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays estranges », il évoque les cistes qu’il a eu l’occasion de voir en Crète et la façon dont les crétois parviennent à extraire le Ladanum au moyen d’une sorte de râteau garni de lanière de cuir qui en se frottant sur le feuillage, recueillent « l’uligineuse rosée », dont se couvre les feuilles de ce ciste, et qui donnera cette substance précieuse : le Ladanum.

Il s’agit pour cette observation, très probablement du Ciste de Crète (Cistus creticus), très abondant sur les collines de Crète.

Cette aquarelle originale peinte pour la Flora Graeca de John Sibthorp, numérisée par les Bibliothèques Bodleian, de l’Université d'Oxford, nous permet de voir la plante vue sur place en Crète, même si la peinture a surement été terminée en atelier, au retour ; voici donc le Ciste de Crète tel que Ferdinand Bauer l’a vu sur les collines de l’ile.

Cistus creticus, peint par Ferdinand Bauer pour la Flora Graeca de John Sibthorp.

Cistus creticus, peint par Ferdinand Bauer pour la Flora Graeca de John Sibthorp.

Cette récolte du Ladanum était déjà racontée bien auparavant par Pline pour l’ile de Chypre, il parle d’une substance grasse dont on fait des boulettes et écrit « il sert à beaucoup de parfums et c’est lui que les Arabes font brûler de préférence. » (Pline livre XII).

Les Crétois extrayaient la résine par l’eau bouillante

Après Pierre Belon, on retrouve en 1718 des commentaires de Pitton de Tournefort dans « Relation d’un voyage au Levant », où figure même une illustration de l’instrument dont les courroies, dit-il « se chargent d’une espèce de glu odoriférante ». Il cite l’arbrisseau sous différents noms, se référant à des auteurs plus anciens mais en premier lieu figure Cistus ladanifera, cretica, flore purpureo, or sa description des fleurs ne correspond pas à l’arbuste que nous connaissons actuellement sous le nom de Ciste ladanifère (Cistus ladanifer L.) : « Sa fleur qui est d’un pouce et demi de diamètre, a cinq feuilles couleur de rose ; chiffonnées, assez rondes, quoique étroites à leur naissance, marquées d’un onglet jaune et bien souvent déchirées sur les bords… ».

Ma Flora Gallica, dans la clé des cistes insiste sur le fait que ce Ciste de Crète (Cistus creticus L.), espèce très variable, possède toujours des pétales roses et des feuilles pétiolées à nervation pennée.

Sur l'illustration ci-dessous, d’un ouvrage plus tardif de Moritz Willkomm , « Icones et descriptiones plantarum novarum criticarum et rariorum Europae austro-occidentalis praecipue Hispaniae » - vol. 2 (1856), on reconnait bien les pétales décrits par Pitton deTournefort.

Le Cistus creticus de Moritz Willkomm.

Le Cistus creticus de Moritz Willkomm.

Les pétales du véritable Ciste ladanifère (Cistus ladanifer L.), sont d’un blanc immaculé et possèdent une belle macule pourpre-noirâtre, en forme de flamme, qui ne descend pas sur l’onglet du pétale. Il a des feuilles bien différentes, longues, à une seule nervure. Feuilles, boutons floraux, et jeunes rameaux sont très visqueux et se prêtent donc admirablement à la récolte du Ladanum.

C’est donc celui-ci qui produit la gomme brute (le Ladanum) de nos jours, mais du fait que ce Ciste ladanifère est localisé sur l’ouest de la Méditerranée, (Espagne, Portugal et Maroc), il n’apparaît pas dans l’histoire antique.

On trouve une ancienne gravure du Ciste ladanifère dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis », c’est un ouvrage de Johannes Commelin (1629-1692).

Cistus ladanifer dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis » de Johannes Commelin

Cistus ladanifer dans « Horti medici amstelodamensis rariorum tam Orientalis » de Johannes Commelin

Le Ladanum ou Labdanum est défini comme une résine odorante se formant en surface sur les cistes sous l’effet de la chaleur: une oléorésine qui a la fonction de protéger la plante de la déshydratation sous un soleil trop ardent.

L’huile essentielle de Ladanum (hydrodistillation de la gomme brute) sert en phytothérapie et l’huile essentielle de ciste (hydrodistillation de la plante entière) sert en parfumerie. Elle entre dans la composition de parfums réputés.

Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.
Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.

Le Ciste ladanifère dans le maquis espagnol.

Pour en savoir d’avantage sur le sujet de cet Ambre végétal, mais j’avoue que ceci est déjà trop complexe pour moi :

https://tice.ac-montpellier.fr/ABCDORGA/Famille10/GOMMERESINE.htm#DEUXDEUXDEUX

dont voici un petit extrait sur le Résinoïde labdanum :

« Les rameaux feuillus sont immergés quelques heures dans de l'eau chaude carbonatée afin d'éliminer les cires épicuticulaires et les composés lipidiques. On acidifie le milieu et on obtient une masse pâteuse, la résine brute qui est essorée et séchée. On traite alors par l'éthanol puis on concentre sous vide. On obtient un solide pâteux brun foncé à odeur ambrée, boisée, balsamique très persistante. On lui a donné le nom d'ambre végétal. »

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #voyages, #Fleurs

Les Causses, sur leurs pelouses sèches et rocailleuses offrent au botaniste et au photographe, un terrain de jeu exceptionnel au mois de Mai-Juin. Ce printemps 2023, notre semaine de balade  sur ces lieux, m’a enthousiasmée ; j’ai choisi trois sites sur le Causse du Larzac, mais le Causse noir et le Causse Méjean auraient tout autant à montrer…

Premier site sur le Larzac : nous allons vers Pierrefiche, une belle pelouse sèche avec de nombreuses orchidées : l’Orchis singe (Orchis simia), et l’Orchis bouffon (Orchis morio), puis en lisière d’un bois clair la Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), l’Ophrys mouche des Causses ou Ophrys d’Aymonin (Ophrys aymoninii) qu’on reconnait au bord jaune du labelle.

Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.
Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.

Orchis simia, Orchis morio, Ophrys aymoninii, Platanthera bifolia.

Voici une dernière orchidée, l’Homme pendu (Aceras anthropophorum), mais nous sommes déjà sur un autre site près du hameau de La Blaquière, sur une pelouse rocailleuse où abondait le Rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia L.) montré récemment dans le blog ; il est ici mélangé avec une crucifère, l’Ibéris penné (Iberis pinnata L.) (ci-dessous en fruits).

Au-delà  des Buis, une autre parcelle montrait une graminée typique qui dit clairement d’où vient le vent, le Stipe penné, en mélange avec les taches bleues que forment les touffes d’Aphyllante, au loin un spectaculaire rocher percé, le Roc Trauca.

 

Le Stipe penné, (Stipa pennata L.), à maturité déploie de très longues et souples arêtes plumeuses ; Christian Bernard dans « Fleurs et  paysages des Causses », (Editions du Rouergue), donne deux autres noms évocateurs : Cheveu d’ange et Cheveu de vieille.

On ne confondra pas la Cardoncelle molle (Carduncellus mitissimus) avec la Cardabelle (ou Carline à feuilles d’acanthe, Carlina acanthifolia), les deux espèces sont présentes sur ce site. C’est aussi aux alentours du Roc Traucat que j’ai eu le plaisir de voir fleurie  l‘Anémone pulsatille de Coste (Pulsatilla vulgaris var. costeana) qui est très soyeuse. C’est celle qui est le plus souvent citée dans les Causses bien qu’il existe aussi dans cette région une Anémone pulsatille tardive, plus rougeâtre et moins velue.

Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste
Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste
Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste

Cardoncelle molle, Cardabelle et Anémone pulsatille de Coste

Sur le troisième site, pas loin du Viaduc, j’ai trouvé un arbrisseau typique des landes rocailleuses, la Spirée à feuilles de Millepertuis (Spiraea hypericifolia subsp. obovata), vue ici sur le bord du Causse ; on aperçoit Millau au fond. Un Ophrys jaune (Ophrys lutea) bien tardif m’a prise par surprise et j’ai révisé mes composées jaunes avec deux nouveautés pour moi : le Crépis blanc (Crepis albida) et le Scorzonère hirsute (Scorzonera hirsuta).

Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.
Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.

Spirée à feuilles de Millepertuis, Ophrys jaune, Crépis blanc et Scorzonère hirsute.

Pas de gravures anciennes cette fois-ci, beaucoup de photos!

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Arbustes, #iconographie

Rosa pimpinellifolia est un synonyme de Rosa spinosissima. Dans les régions du Nord de la France et situées plus au Nord encore, il est considéré comme le rosier indigène le plus précoce. Le terme pimpinellifolia (à feuilles de Pimprenelle), précise la forme de son feuillage et de fait ses feuilles composées, à petites folioles dentées assez rondes, rappellent celles d’une ombellifère, Pimpinella saxifraga, soit le Petit Boucage, mais aussi celles d’une rosacée Sanguisorba minor, soit la Petite Pimprenelle !

On voit que ce charmant nom de Rosier Pimprenelle pouvait porter à confusion ; il subsiste heureusement mais le nom scientifique de Rosa spinosissima évoque avec raison la principale caractéristique de ce rosier qui est l’abondance de ses aiguillons fins droits et mêlés d’acicules.

Sur le pourtour du littoral depuis l’Atlantique jusqu’à la Mer du Nord, (depuis la Bretagne jusqu’au Danemark), toutes celles que j’ai vues portaient beaucoup d’acicules entre les plus longs aiguillons, c’était vrai aussi sur le Causse du Larzac, sur un sol très calcaire (photo ci-dessous). Le nombre et la forme assez ronde des folioles différencient ce rosier des autres espèces de façon évidente, ainsi que la forme plus ronde et la couleur du fruit mûr beaucoup plus sombre qu’un cynorrhodon, d’un violet noirâtre.

Christophe Bornand dans une Clé d’identification des roses sauvages de Suisse écrit pour Rosa spinosissima : « Fleurs solitaires, presque toujours dépourvues de bractées. Pétales blancs, rarement rose pâle. Plante formant souvent des colonies d’arbustes nains. ».

Sur les dunes littorales dont le sable est très chargé de particules calcaires provenant des débris coquilliers, ce rosier se plait bien et monte plus au moins haut selon le milieu environnant. En Bretagne sur la dune grise de sable fixé, il forme de petites populations rases entourant parfois les terriers de lapins. 

Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert
Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert
Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert

Rosa spinosissima sur les dunes du Port (Bretagne nord), autour d'un terrier, puis le fruit ouvert

Au Danemark, du côté de l’ile de Rømø, il subsistait dans des hautes graminées mais très concurrencé par le Rosier rugueux (Rosa rugosa), de plus en plus envahissant sur tout le littoral de l’Europe de l’Ouest.

Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark
Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark

Rosa spinosissima aux Pays-Bas, puis en fruits au Danemark

 

Dans le « Rariorum Plantarum Historia » de Charles de l’Ecluse (1601) deux bois gravés sont identifiés comme du Rosier Pimprenelle, à gauche la floraison et à droite les fruits dont on remarque bien les sépales persistants étalés/dressés.

Le nom Rosa campestris, utilisé par Clusius ne se trouve pas dans l’ouvrage  antérieur (1583) de Rembert Dodoens « Stirpium historiae pemptades sex », qui lui annonce Rosa dunensis (c’est le même bois gravé).

Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » Rosa spinosissima

Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » Rosa spinosissima

Dans un ouvrage du botaniste néerlandais Nicolas Joseph Jacquin « Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata » (1800-1809), figurent deux planches distinctes.

L’une concerne seulement Rosa spinosissima avec des fleurs blanches, l’autre présente trois espèces dont à droite Rosa pimpinellifolia (que j'ai isolée) avec des pétales rosés un peu déroutants pour moi, qui n’ai jamais vu que des beaux pétales d’un blanc crémeux parfois un peu rehaussés de jaune autour du cœur.

Moins ancien, j’ai trouvé une belle illustration de la main de Friedrich Guimpel, dans un ouvrage de Karl Ludwig Willdenow et Friedrich Gottlob Hayne, « Illustration d'essences de bois allemandes pour les forestiers et les amateurs de botanique » (1820).

Rosa spinosossima , par Friedrich Guimpel

Rosa spinosossima , par Friedrich Guimpel

Connaissez-vous le « Genus Rosa » d’Ellen Ann Willmott ? C’est un très beau recueil en nombreux cahiers édité entre 1910 et 1914, illustré d’aquarelles d’Alfred Parsons, pleines de sensibilité et de charme. On peut le consulter en ligne maintenant :

https://www.biodiversitylibrary.org/item/187450#page/472/mode/thumb

Ellen Ann Willmott, en p 248, donne un texte qui nous intéresse dont voici une traduction approximative : « Le nom spinosissima fut adopté par Linné provenant de Bauhin et sous ce nom il décrit d’abord cette rose dans son Species Plantarum (1753), mais il ne mentionne pas ses pédoncules jusqu’à la publication du Systema Naturae (1759) dans laquelle il lui attribue des pédoncules hispides et introduit Rosa pimpinellifolia avec ces organes glabres ».

Linné a finalement reconnu Rosa spinosissima comme le nom approprié.

Voici donc l’origine d’une controverse qui semble éteinte mais pas depuis longtemps car on a longtemps préféré Rosa pimpinellifolia pour les rosiers ayant des pédoncules lisses et Rosa spinosissima pour ceux dont les pédoncules sont hispides-glanduleux.

En conclusion, Ellen Willmott proposait de nommer la forme dont les pédoncules sont lisses Rosa spinosissima var. pimpinellifolia.

Au sud de Barcelonnette, dans le Mercantour, j’ai vu un rosier d’assez grande taille qui répondrait bien à ces critères : assez différent des petits rosiers des dunes, il n’avait pas d’acicules entre les aiguillons et ses pédoncules étaient lisses. 

Je l’ai retrouvé (dans le Mercantour aussi) vers Val Pellens avec la même allure. On voit ci-dessous le pédoncule lisse.

 

Quant à la population que j’ai vue sur le Causse du Larzac, elle pourrait peut-être correspondre à une autre sous-espèce (reconnue, celle-là), Rosa spinosissima subsp. myriacantha. En effet, ce rosier était glanduleux/hispide des pédoncules jusqu’aux sépales et les dents des feuilles me semblaient doubles ; les fleurs restaient blanches bien qu’une légère teinte rosée se percevait sur une fleur de profil. Sur une photo j’ai cru voir devant un pétale blanc quelques glandes au dos d’une feuille… Je n’ai pas pensé à froisser une feuille pour la sentir !

Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)
Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)

Rosa spinosissima sur le Causse du Larzac (peut-être subsp. myriacantha)

Pour en savoir davantage, je vous propose :

https://www.monaconatureencyclopedia.com/rosa-spinosissima/?lang=fr

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #voyages, #Botanique

Comme je vous l’avais raconté sur un article du blog, Atanasio Echeverria y Godoy dont les études à l’aquarelle vont figurer dans cet article fut l’un des deux jeunes artistes mexicains embauchés par Martin de Sessé y Lacasta, pour suivre l’Expédition botanique royale en Nouvelle-Espagne (Expedición Botánica al Virreinato de Nueva España (1787-1803). J’avais envie de composer un article simple composé surtout d’illustrations, en complément du premier (consacré plus en détail à cette longue expédition), car j’y ai trouvé d’autres études de plantes que j’ai eu la chance de voir et photographier aux Antilles ou à la Réunion et même au Sénégal et qui figureront donc en regard des illustrations malheureusement inachevées de cet artiste.

http://botazoom.over-blog.com/2023/03/atanasio-echeverria-y-godoy.html

Plantes vues à La Réunion :

Le champ borne, St André : le Manioc marron bord de mer ou Grosse patte poule bord de mer: Scaevola taccada, une  indigène facilement reconnaissable.

Sur le Cirque de Cilaos, à l'Ilet à Cordes : La Fleur fête des mères ou Tournesol mexicain envahissant dans l'ile,  Tithonia diversifolia,

et la MargoseMomordica charantia.  

En Guadeloupe :

Plage du roseau (Basse-Terre) un arbuste du rivage à feuilles pointues et petites grappes de fleurs crèmes avec quelques fruits plats en forme de pastilles, c'est le Bois de mèche ou Palétuvier blanc (Avicennia germinans).

Toujours sur la côte très érodée par endroit de l’est de Basse-Terre, à Sainte-Marie, un Poirier pays (Tabebuia heterophylla) ne tenant plus que par quelques racines et prêt à s'effondrer. La peinture d’Atanasio Echeverria représente une espèce proche : Tabebuia rosea.

 

Auprès du parking du Marquisat (chemin des Troisièmes chutes du Carbet) une plante basse à fleurs blanches aux corolles longuement tubulaires, c'est le Mort aux cabrits (Hippobroma longiflora).

Sur Grande Terre après la Pointe de la Grande Vigie un peu avant la Porte d’Enfer sur un éboulis rocheux,  Ernodea littoralis, (petites baies comme des groseilles à maquereau).

Toujours sur Grande-Terre, à la Pointe des Châteaux, un poivrier remarquable, le Bois noir, Capparis cynophallophora), qui porte de longs fruits brun clair, à paroi interne rouge.

Dans les jardins guadeloupéens on rencontre parfois l’Epicar (Jatropha integerrima) pour ses fleurs décoratives.

Au Sénégal :

J’y ai rencontré un autre Jatropha de jardin, l’Arbre corail, originaire d’Amérique centrale, Jatropha multifida, et à ce propos je vous rappelle un autre article qui était consacré à trois espèces de ce genre de la famille des Euphorbiacées « Les trois médiciniers du Père Labat » ; mais je n’avais pas encore vu le  Jatropha multifida.

http://botazoom.over-blog.com/2020/12/les-trois-mediciniers-du-pere-labat.html

En Casamance, j’ai admiré les jolies graines (toxiques!) de la Liane réglisse de la famille des Fabacées, commune sous les tropiques : Abrus precatorius.

Pour les illustrations d'Atanasio Echeverria dans cet article, je remercie :

Torner Collection of Sessé and Mociño Biological Illustrations, avec l'aimable autorisation du Hunt Institute for Botanical Documentation, Carnegie Mellon University, Pittsburgh, Pennsylvanie.

Voir les commentaires

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbustes, #jardins botaniques, #iconographie

Une visite début Septembre du beau jardin ornais "La Petite Rochelle" méritait amplement que j’y consacre un copieux article. C’est un plaisir pour tout photographe de cadrer les compositions, les perspectives voulues par Hélène d’Andlau, qui fut peintre et sculpteur et créa ce jardin en 1976.

Malgré la récente canicule, les hydrangeas avaient encore de l’allure ; un Hydrangea quercifolia dont les couleurs du feuillage sont toujours splendides dès la fin d’été m’a fourni un premier plan pour montrer le bâtiment ancien de l’accueil, devant lequel on remarquait aussi la floraison discrète et très légère d’un pigamon mauve, très probablement Thalictrum delavayi Franch.

Quelques boules de neige d’une variété de Viburnum plicatum étaient encore présentes et d’un bel effet sur un feuillage déjà bien cuivré.

Hydrangea involucrata

Voici une gravure ancienne extraite des « Annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand : journal d'horticulture et des sciences accessoires », par Charles Morren, (1807-1858).

https://www.biodiversitylibrary.org/item/181421#page/608/mode/1up

Dans le texte descriptif qui suit, l’auteur traduit un texte de Philipp Franz Van Siebold figurant dans sa célèbre Flora Japonica, parue en 1835 et 1870.

Ce recueil possède deux gravures pour H. involucrata ; la tab 64 (ci-dessous), plus dépouillée est très proche et a manifestement inspiré celle que je  montre ci-contre.

Siebold dit « Dans les jardins (du Japon), nous en avons observé 3 variétés, savoir : une à fleurs simples couleur lilas, Ginbaisô, c’est-à-dire Baisô argentée, une seconde à fleurs simples d’un rose pâle et quelquefois jaunâtre, et une troisième à fleurs doubles d’une belle couleur rose. » et plus loin : « La variété à fleurs doubles est très recherchée par les amateurs d’horticulture à cause de sa rareté. » Je pense que le cultivar ‘Hortensis’ qui figure au jardin de la Petite Rochelle est issu de cette troisième variété, bien plus opulent certes, mais on peut remarquer, surtout sur la périphérie des inflorescences, que les fleurs pendantes sont très entourées de bractées bien identifiables (et moins colorées): c’est le fameux involucre qui donne son nom à l’espèce et qui fait qu’un peu abusivement on parle de fleurs ’double’.

Hydrangea involucrata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Hortensis"
Hydrangea involucrata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Hortensis"

Hydrangea involucrata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Hortensis"

Hydrangea paniculata

La silhouette de l’inflorescence de l’Hydrangea paniculata est caractéristique, c’est une panicule plus haute que large qui porte deux types de fleurs. Au bout des rayons, on trouve les fleurs stériles voyantes qui vont attirer les pollinisateurs de loin mais ceux-ci ne tarderont pas à s’enfoncer dans la masse pour atteindre les petites fleurs fertiles. En fin de saison sur certaines variétés notamment ‘Ruby’, les fleurs stériles rougissent beaucoup, tandis qu’au cœur les fleurs fertiles évoluent vers des fruits verdâtres. Sur la gravure issue de la Flora Japonica, là encore, l’effet est beaucoup plus aérien que sur les cultivars de nos jardins. On peut noter aussi qu’assez souvent les feuilles sont étagées groupées par trois (ou deux, en opposées-décussées).

Hydrangea paniculata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Ruby"
Hydrangea paniculata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Ruby"

Hydrangea paniculata dans la Flora japonica de Siebold, puis le cultivar "Ruby"

Et comme c’est presque l’automne avant l’heure j’ai vu quelques fruits décoratifs sur d’autres arbustes comme le Cornus Kousa (Cornouiller du Japon), le Magnolia sinensis, avec ses fruits roses encore fermés puis ouverts ou encore le Magnolia laevifolia "Summer snowflakes" aux fruits inattendus pour un magnolia.

 

Cornus Kousa, Magnolia sinensis (fruit fermé puis ouvert) et Magnolia laevifolia "Summer snowflakes". 
Cornus Kousa, Magnolia sinensis (fruit fermé puis ouvert) et Magnolia laevifolia "Summer snowflakes". 
Cornus Kousa, Magnolia sinensis (fruit fermé puis ouvert) et Magnolia laevifolia "Summer snowflakes". 
Cornus Kousa, Magnolia sinensis (fruit fermé puis ouvert) et Magnolia laevifolia "Summer snowflakes". 

Cornus Kousa, Magnolia sinensis (fruit fermé puis ouvert) et Magnolia laevifolia "Summer snowflakes". 

Pour finir quelques perspectives du jardin et des détails : gomme de cerisier, épi de faitage très félin, etc…

https://www.parcsetjardins.fr/jardins/965-jardin-de-la-petite-rochelle

Hydrangeas à la Petite Rochelle
Hydrangeas à la Petite Rochelle
Hydrangeas à la Petite Rochelle
Hydrangeas à la Petite Rochelle
Hydrangeas à la Petite Rochelle

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>