Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de cette pointe de littoral sableux qui se trouve au nord du cap Leucate et qui miraculeusement est restée assez sauvage, bien que côté littoral, la plage soit plus fréquentée, surtout par les kitesurfeurs qui ne sont pas les amis des amateurs d’oiseaux. Mais la pointe des Coussoules, classée sur toute la zone Natura 2000, reste assez protégée faisant partie du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.
Sur la hauteur du Cap, côté nord, une belle bâtisse de pierre a été restaurée, la Redoute de la Franqui ; de là, je pouvais voir toute la surface des Coussoules en contrebas et au premier plan le Grau de La Franqui, qui en défend un peu l’accès côté mer et qui est resté naturel : il n’a pas été canalisé, comme celui de Port-Leucate par exemple.
La pointe sableuse (un lido), peu accessible aux voitures, est coincée entre la mer et l’étang de La Palme (une lagune côtière méditerranéenne), dont l’accès est très limité de ce côté par la présence de la voie ferrée. Des Cannes de Provence et un grand Pin d’Alep, que je connais couché depuis plus de vingt ans gardent l’entrée de la petite route piétonnière qui traverse les Coussoules.
La zone est parsemée de légers reliefs dunaires alternant avec des trous d’eau saumâtre cernés de Tamaris et de la très pointilliste Soude ligneuse (Suaeda vera Forssk. ex J.F.Gmel.).
Les dépressions des sansouires au sol salé accueillent des fourrés de plantes halophiles ; la Salicorne glauque (Arthrocnemum macrostachyum (Moric.) K.Koch), le Jonc piquant (Juncus acutus L.), et parfois une belle espèce menacée, le Limoniastre ou Grand Statice (Limoniastrum monopetalum (L.) Boiss.) qui fleurit en été. Je n’ai pas pu identifier pour la même raison les différentes espèces de Saladelle ou Lavande de mer (Limonium sp.), qui en Mars ne sont présentes sur le site qu’à l’état de rosettes.
Des chemins bordant de plus grandes roselières permettent d’apercevoir les passereaux de passage. J’ai été surprise de trouver des figuiers comme noyés dans la phragmitaie.
En bordure des roselières, on trouve dès Mars au sol une flore assez commune comme l’Euphorbe des moissons (Euphorbia segetalis L.), le Laiteron délicat (Sonchus tenerrimus L.) ici visité par une abeille ou cette grande rosette de Molène sinuée (Verbascum sinuatum L.).
Euphorbe des Moissons, Laiteron délicat et Molène sinuée
En bordure des chemins, on peut tomber sur la Jusquiame blanche (Hyoscyamus albus L.) ou la Lavatère arborescente aussi nommée Mauve royale (Malva arborea (L.) Webb & Berthel.) qui possède parfois des troncs conséquents.
Dans les portions plus sableuses, des embryons de dunes fixées, qui sont peu piétinées, j’ai appris à reconnaître une petite composée bulbeuse, le Crépis bulbeux (Sonchus bulbosus (L.) N.Kilian & Greuter), l’étonnante Mercuriale tomenteuse (Mercurialis tomentosa L.) et j’ai retrouvé avec plaisir le petit Fumeterre en épis (Platycapnos spicata (L.) Bernh.) que je connaissais de Catalogne.
Le Crépis bulbeux, la Mercuriale tomenteuse et le Fumeterre en épis
Pour finir, devant la présence de nombreux pieux plantés dans le sable et de quelques rameaux de vignes, je me suis demandé si des vignes avaient réellement existé là et oui ! en effet, mais une forte submersion suite à un coup de vent en 1982 a détruit ces vignes. Pour ma part, j’espère vivement que la protection d’une zone classée Natura 2000, empêchera toute tentative de reconquête sur ce point ! Et vous qu’en pensez-vous ?