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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #voyages, #iconographie, #Botanique

Deux espèces parmi les cinq Germandrées que j’ai vues en Ardèche se trouvaient dans l’élément qui leur convient: le rocher ou des éboulis de roches. Il s’agit de la Germandrée Petit-chêne (Teucrium chamaedrys L.)

et de la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum L.), ci-dessous.

Ces deux espèces, vues au Nord de la Loire seraient des données intéressantes mais là, rien de spectaculaire !

ci-dessus, la Germandrée jaune (Teucrium flavum L.), en revanche est plus strictement méditerranéenne ; celle-ci se trouvait dans les falaises et éboulis des gorges de l’Ardèche, à peu près dans sa limite nord de répartition.

Dans la famille des Labiées, la corolle doit s’observer à la loupe ; chez les Germandrées la lèvre supérieure est carrément absente, tout le contraire des Lamiers qui eux portent de belles casquette ! On peut bien voir néanmoins sur cette photo de la Germandrée jaune deux longs lobes dressés de chaque côté qui seraient des vestiges de cette lèvre supérieure, déjà réduite à une très courte languette fendue en deux dans le genre Ajuga.

Un dernier groupe de Germandrées est assez vite distingué du fait de l’allure de petites boules velues de ses inflorescences. Voici ci-dessous la Germandrée tomenteuse (Teucrium polium L.).

Cette dernière figure avec la Germandrée Petit-chêne sur la belle eau-forte de Claude Aubriet ci-dessous.

Eau-forte de Claude Aubriet pour « Institutiones rei herbariae » de Joseph Pitton de Tournefort

Eau-forte de Claude Aubriet pour « Institutiones rei herbariae » de Joseph Pitton de Tournefort

Pour un célèbre ouvrage de botanique datant de 1700 « Institutiones rei herbariae » de Joseph Pitton de Tournefort, Claude Aubriet a représenté avec précision 451 planches de détails floraux qui doivent selon l’opinion de l’auteur, suffire pour répertorier et classer la flore connue. Il invente le concept de genre, et sa classification sera une base pour le travail  ultérieur de Linné. Mais son système de classification dit Système artificiel, trouve assez vite ses limites, car il ne considère aucun autre organe de la plante et du coup il ne reconnait pas la division basique entre monocotylédones et dicotylédones pourtant déjà révélée avant lui : c’est le Système naturel qui aura du mal à s’imposer car s’il est plus logique, il nécessite des connaissances plus approfondies, il est donc plus difficile à utiliser. Voyez comme même de nos jours certains ouvrages basiques (mais ce ne sont pas réellement des flores !) font voisiner pissenlit et bouton d’or sous prétexte qu’ils sont tous deux jaunes ; c’est un peu le même phénomène : l’aspect pratique prend le dessus…

Il faut bien dire pour les Labiées, que beaucoup de renseignements sont donnés par la seule observation détaillée de la fleur, par exemple le Marrube noir (Ballota nigra L.), seule espèce en France du genre Ballota se reconnait plutôt à ses calices développés et élargis en étoile rigides, regroupés en verticilles fournis.

 

Le Marrube noir (Ballota nigra L.)

Le Marrube noir (Ballota nigra L.)

Mais comparez avec les calices en verticilles également du Calament clinopode (Clinopodium vulgare L.) ci-dessous, ils sont ici très velus et leurs pointes fines sont recourbées.

Chez la Marlolaine sauvage ou Origan (Origanum vulgare L.), les nombreuses bractées rougeâtres imbriquées qui couvrent le calice sont un élément facile à repérer ainsi que les quatre étamines saillantes à anthères pourpres.

Les différentes espèces de Galeopsis sont difficiles à distinguer ; en gros il s’agit de l’Ortie royale ; je me suis risquée à nommer celui-ci Galeopsis angustifolia Hoffm. D’une façon générale le tube de la corolle est long et saillant, deux gibbosités marquent le pliage de la lèvre inférieure.

Toutes les photos de cet article sont encore ardéchoises, mais bientôt je vous emmène du côté d’Annecy !

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #voyages, #Fleurs

Non loin de Ruoms, toujours en Ardèche, nous avons traversé un plateau aride où affleurent partout des blocs et dalles de calcaire, c’est un lapiaz. Nous y avons découvert une zone de dolmens : les dolmens de Font Méjannes, faisant partie d’un ensemble plus grand : la nécropole de Bourbouillet. Font Méjannes est aussi le nom de la source qui alimente le ruisseau au fond du vallon.

Dans le lit de ce ruisseau de Fontgraze, au mois de Juin, il reste de l’eau dans de belles vasques profondes nommées plus précisément des gours mais le ruisseau est souvent à sec. C’est bien sûr un lieu à l’équilibre fragile où subsistent des espèces animales et végétales rares et protégées.

Et en effet, je n’ai pas récolté d’échantillons de ce petit Centranthe chausse-trappe (Centranthus calcitrapa (L.) Dufr.) pour l’herbier temporaire qui me sert juste à affiner mes déterminations. De toute façon, il était tellement surprenant par ses fructifications que les nombreuses photos prises ce jour-là m’ont permis de découvrir son nom avec quelques difficultés pourtant… mais cette sorte d’enquête à mener me plait beaucoup en vérité !

 Il faut dire, pourtant que ces sortes de fructifications exubérantes sont un peu atypiques pour cette espèce et je me pose quelques questions…

 

Beaucoup plus commune, voilà une ombellifère méditerranéenne qui ne manque pas de charme : l’Orlaya à grandes fleurs (Orlaya grandiflora (L.) Hoffm.)

Toujours sur les dalles calcaires, le Liseron cantabrique (Convolvulus cantabrica L.) est à photographier le matin quand il est tout frais épanoui.

 

 

Pour finir sur ce site, une larve bariolée de Pentatomidae, c’est-à-dire une punaise, mais laquelle au juste ? peut-être un Carpocoris… sur une Epiaire droite en fruits (Stachys recta L.).

Du côté de Chapias, près de Ruoms

Du côté de Chapias, près de Ruoms

Un peu plus à l’est, mais toujours à l’ouest de Ruoms, près du village de Chapias, sur un site très semblable de plateau calcaire très aride, j’ai trois autres plantes typiques à vous montrer parmi lesquelles l’œillet de Godron ou Œillet giroflée (Dianthus godronianus Jord.) qui enchante les yeux et le nez !

 

 

Voici le petit Ail des vignes (Allium vineale L.) qui peut présenter des aspects variés, parfois avec des fleurs et souvent plutôt ainsi avec seulement des bulbilles rougeâtres libérant rapidement de fines pousses vertes tortillées.

 

Puis une très fine composée du Midi que je n’avais pas remarqué jusque-là vu sa discrétion : c’est la Crupine vulgaire (Crupina vulgaris Cass.), dont on voit ici à gauche un akène mûr près de s’échapper avec la couronne de soies brun-doré qui m’a permis de l’identifier.

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #voyages

En ce mois de Juin, les insectes bien que devenus moins nombreux depuis quelques années m’ont tout de même offert quelques beaux clichés au hasard de mes rencontres sur le terrain, à condition toutefois qu’ils se tiennent un peu tranquilles ce qui limite les espèces qui me sont accessibles !

Le Grand Fourmilion (Palpares libelluloides) est une espèce spectaculaire par sa taille, l'imago possède une envergure de 10 à 12 cm et son vol est assez embarrassé, il n’a pas du tout la vivacité d’une libellule. On ne dirait pas, le voyant ainsi avec sa beauté fragile, que sa larve est redoutable : à l’affût au fond d’un petit entonnoir en sable, elle dévore les insectes qui y chutent.

Mon morceau de bravoure, c’est un superbe Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis) pendu sur une petite graminée typique du Midi, l’Egilope ovale (Aegilops geniculatus). Lui, vole avec beaucoup de vivacité mais il lui faut un rayon de soleil pour se motiver et il passe parfois de longs moments au repos les ailes repliées en toit où parfois étalées, ce qui ne manque pas de nous émerveiller.

 

Ces deux premiers insectes font partie de la famille des Névroptères, mais passons maintenant à la famille des Orthoptères !

Sur le Carthame laineux (Carthamus lanatus), qui est plus piquant que laineux, j’ai pu admirer un gros orthoptère qu’il n’est pas rare de rencontrer et surtout d’observer et photographier à loisir car il reste très immobile, une façon comme une autre de passer inaperçu. C’est l’Ephippigère des vignes (Ephippiger diurnus). La présence du sabre ou tarière qui lui permet de percer des tiges pour y déposer ses œufs, montre qu’il s’agit d’une femelle.

L’Ephippigère des vignes (Ephippiger diurnus)

L’Ephippigère des vignes (Ephippiger diurnus)

La Decticelle splendide (Eupholidoptera chabrieri) rencontrée dans les gorges de la Ligne, bien que deux fois plus petite, mérite son nom, ne trouvez-vous pas ? Elle ne peut pas voler car ses ailes sont réduites à deux petites écailles tout comme l’Ephippigère, mais elle saute bien. Celui-ci est un mâle qui ne possède donc pas d’oviscapte (c’est le sabre).

Et puis les Papillons bien sûr, sont plus difficiles à prendre en photo mais j’ai pu avec bonheur en surprendre quelques-uns. Certaines petites espèces restent en groupes comme par exemple ces petits papillons bleus qu’il n’est pas rare d’observer au sol sur le pourtour humide des mares. Je ne saurais donner un nom plus précis car tous ces petits Argus se ressemblent beaucoup. 

Des Argus au sol près d'une mare. Selon le commentaire de Muriel: " les 2 premiers sont a priori les mâles de l'Azuré commun et de l'Azuré de l'oxytropide, celui qui a les ailes ouvertes semble être le mâle de l'Azuré d'Escher et le plus à droite une femelle de l'Argus de l'hélianthème".

Des Argus au sol près d'une mare. Selon le commentaire de Muriel: " les 2 premiers sont a priori les mâles de l'Azuré commun et de l'Azuré de l'oxytropide, celui qui a les ailes ouvertes semble être le mâle de l'Azuré d'Escher et le plus à droite une femelle de l'Argus de l'hélianthème".

 Je ne serai guère plus précise pour ceux-ci : se nourrissant sur l’Origan (Origanum vulgare) mais ce sont à coup sûr des Théclas  en nombre, dont les ailes s’illuminent au soleil de reflets cuivrés.

Facile à admirer quand il est occupé à pomper du nectar avec sa trompe, le Demi-deuil (Melanargia galathea) est une espèce très commune partout en France mais dans le Midi, posé sur la Centaurée pectinée (Centaurea pectinata) rose ou encore sur la Centaurée du Solstice (Centaurea solsticialis) d’un jaune éclatant, il crée un tableau séduisant.

Un grand papillon aux ailes sombres traversées d’une large bande blanche vole partout en Ardèche : le Silène (Brintesia circe).  Deux individus ont posé tranquillement le temps d’un accouplement, autant dire qu’ils ne faisaient guère attention à moi et j’ai pu en profiter !

A bientôt toujours en Ardèche!

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #voyages

La famille des Campanules comprend de très petites espèces et aussi des espèces si opulentes qu’on les croirait échappées de jardin. Un séjour récent en Ardèche m’a permis de réviser et de découvrir avec plaisir de nouvelles espèces. J’ai eu trois surprises que voici :

D’abord une toute petite fleurette d’un bleu assez clair ; la forme de la corolle en cloche m’a orientée aussitôt vers le genre Campanula et une fois rendue là dans la clé de ma flore (Flora Gallica), il n’y a plus de doute possible car sa taille (corolle de moins de 6 mm de long) la différencie d’emblée de toutes les autres. J’ai trouvé cette Campanule érine (Campanula erinus L.) encore en fleur mais en fin de floraison, sur des plaques rocheuses, là où subsistait un peu d’ombrage, sur les roches calcaires des gorges de la Ligne, un affluent de l’Ardèche.

 

Le site à martinets alpins des gorges de la Ligne où se trouvait la Campanule érine

Le site à martinets alpins des gorges de la Ligne où se trouvait la Campanule érine

Plus bas tout à fait au sud du département, du côté de l’Aven d’Orgnac, une nouvelle espèce nous attendait dans une zone boisée de causse. Bien plus imposante, la plante fait environ un mètre de haut et les clochettes sont plus larges que le pouce.

Il s’agit de Campanula medium L., la Campanule carillon,  une bisannuelle cultivée également dans les jardins, par exemple en Angleterre depuis le 17ème siècle sous le nom de Coventry bells puis de Canterbury bells soit Clochette de Canterbury. Maintenant il en existe de nombreux cultivars. Nous nous trouvions assez loin de toute habitation donc je la crois sauvage, d’autant que presque en limite du Gard nous étions sur un territoire qui lui est reconnu comme d’origine.

Elle devrait théoriquement posséder cinq stigmates sur son pistil au lieu de trois chez les autres campanules ; en fait sur le spécimen que j’ai vu le nombre de stigmates n’était pas fixe et j’en ai compté plus souvent quatre…

Entre chaque sépale, de petites languettes se retournent et se collent si bien à la base du calice qu'il n'est pas si facile d'observer ce critère de détermination qui donne quand même au calice de cette campanule un aspect particulier qu'on retrouve un peu dans les représentations anciennes.

La Campanule carillon (Campanula medium L.)

La Campanule carillon (Campanula medium L.)

Dans le ‘Rariorum plantarum historia’, de Charles de l’Ecluse, en 1601, un bois gravé montre cette campanule sous le nom de Viola mariana quorundam et on retrouve aussi ce vocable dans le ‘Hortus floridus’ de Crispin de Passe daté de 1614, avec aussi la mention Coventry bells.

Non loin d’elle se trouvait la Campanule agglomérée (Campanula glomerata L.), une vivace de taille plus modeste et très utilisée aussi au jardin notamment avec son principal cultivar ‘Superba’.

Elle aussi se trouvait là sur son territoire d’origine ; en fait elle n'est pas rare bien que moins présente dans le quart Nord-Ouest de la France et plus commune en montagne.

 

Pour finir, dans le lit caillouteux de la Ligne, au milieu des Saponaires des Vipérines et des Balsamines se trouvait une haute espèce à grandes clochettes d’un bleu intense. En regardant mes photos au retour, un peu alertée par les dents du calice longues fines et retroussées, je me suis aperçue que je découvrais là encore une nouvelle campanule: la Campanule fausse-raiponce (Campanula rapunculoides L.) à ne pas confondre avec une fine espèce très commune aussi par ici en Sarthe : la  Campanule raiponce (Campanula rapunculus L.) dont les fleurs sont plus menues et plus pâles de toute façon.

 

 

Des Saponaires au bord de la Ligne, au fond des gorges.

Des Saponaires au bord de la Ligne, au fond des gorges.

A bientôt en Ardèche!

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #iconographie, #jardins botaniques

A l’époque où Pancrace Bessa peint cette belle digitale ornementale pour l’Herbier général de l’Amateur, elle se nomme encore officiellement Digitalis canariensis L. mais ce nom n’est plus valide : il faut dire maintenant Isoplexis canariensis (L.) Loudon, et c’est vrai que lorsque je l’ai admirée dans le jardin exotique de Tatihou, dans la Manche, (où j’avais vu aussi le Sparmannia de mon dernier article), je n’étais pas forcément orientée sur une Digitale et j’ai eu un peu de mal à l’identifier.  Cette longue casquette qui coiffe la corolle me faisait plutôt penser à une acanthe et c’est d’ailleurs en partie pour cette raison que le genre s’est différencié du genre Digitalis. On reconnait maintenant 4 espèces d’Isoplexis toutes originaires des iles Canaries ou de Madère qui entretiennent une relation étroite avec de petits passereaux pollinisateurs. Il faudrait chercher la Digitale des Canaries à l’état sauvage dans des zones boisées humides de ces iles.

J’espère ne pas me tromper pour identifier celle de Tatihou car une espèce très voisine, Digitalis isabelliana (Webb) Linding. lui ressemble beaucoup …

Dans l’Herbier général de l’Amateur (1816), de Mordant de Launay puis Loiseleur-Deslongchamps, l’auteur explique qu’on peut la multiplier de boutures en détachant de la tige des petits rameaux subsidiaires qui se forment parfois. C’est une bisannuelle donc il faut être patient ! Il conseille de la garder en pot l’hiver en orangerie mais dit finalement qu’elle n’est pas si frileuse que ça.

La Digitale des Canaries de Tatihou
La Digitale des Canaries de Tatihou

La Digitale des Canaries de Tatihou

La Digitale laineuse (Digitalis lanata Ehrh.) de la famille des Plantaginacées (et plus des Scrophulariacées comme auparavant), n’est pas vraiment ornementale, elle est surtout médicinale et bien sûr toxique mais la Digitale pourpre l’est tout autant. Cependant comme cette Digitale laineuse contient de nombreux principes actifs notamment dans ses feuilles, c’est elle qui est cultivée pour l’utilisation en pharmacologie.

 

Avant qu’elle soit cultivée dans ce but, ses populations avaient pas mal décliné en Europe de l’Est d’où elle est originaire. Cette bisannuelle passe la saison froide enterrée dans le sol sous forme d’un tubercule ; au moment de sa floraison elle a un besoin impératif de pollinisateurs car elle est allogame, c’est pourquoi elle doit maintenir ses effectifs de population afin de les attirer.

Je l’ai photographiée dans le secteur des plantes médicinale au Jardin botanique de Genève.

 

La Digitale laineuse au Jardin botanique de Genève.

La Digitale laineuse au Jardin botanique de Genève.

Voici ces deux digitales ornementales du jour la Digitale des Canaries et la Digitale laineuse, sur deux planches d’une publication anglaise de Robert Sweet, « Le jardin de fleurs britannique: contenant des figures colorées et des descriptions des plantes herbacées rustiques les plus ornementales et curieuses ... » publié à Londres en 1823-1829.

 

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #iconographie, #jardins botaniques

Au hasard de mes visites de jardins, j’ai rencontré à deux reprises ces derniers temps cette belle plante pour laquelle je restais muette. Dans quelle famille la classer ? De quelle région du monde nous est-elle parvenue ? J’aurais trop tendance, dans ce cas de figure, à croire qu’il s’agit d’une arrivée récente dans les jardins d’Europe. Mais non ! Comme c’est souvent le cas, des plantes longtemps oubliées refont surface grâce à la curiosité de jardiniers botanistes. J’ai vu pour la première fois le Sparmannia d’Afrique en mars 2017 en pot, dans les grandes serres du Jardin botanique de Berlin (les 2 photos ci-dessous); il m’a charmée puis je l’ai un peu oublié, je l’avoue. Or il se trouve que l’automne dernier, dans le Jardin exotique de l’Ile de Tatihou, dans le Nord-Cotentin, j’ai revu cette magnifique plante et cette fois en pleine-terre. C’était donc l’occasion de mener mon enquête habituelle dans les ouvrages anciens pour en retrouver éventuellement la trace.

Le Sparmane d’Afrique figure dans la « Flore médicale des Antilles ou Traité des plantes usuelles des colonies Françaises, Anglaises, Espagnoles et Portugaises » par Michel Etienne Descourtilz. Cette publication de 1828, assure que le Sparmane prospère en Europe dans les serres tempérées depuis Mars jusqu’à la fin de l’automne et se multiplie de boutures. Les illustrations sont de son fils Jean-Théodore Descourtilz.

Un spectaculaire faisceau d’étamines, dont les filets semblent spiralés, jaillit du cœur de cette corolle composée de 4 pétales blancs à onglet coloré et arrondis au bout. Les étamines extérieures stériles jaunes d’or entourent les fertiles au centre rouge-carmin. Les grandes feuilles molles à peine découpées en 3 à 5 lobes peu profonds rappellent un peu celles du Tilleul et sans doute pour cette raison on le classait alors dans les Tiliacées, alors qu’il est maintenant classé dans les Malvacées.

Le genre Sparmannia est créé par Thunberg en mémoire de Sparmann, savant naturaliste suédois resté célèbre par ses voyages en Afrique du Sud et aux Terres Australes. De nos jours cette appellation semble assez controversée, à l’époque de ces anciens ouvrages on pensait qu’il n’existait qu’une espèce dans le genre mais maintenant, on a dissocié notamment une deuxième espèce présente dans tout l’Est de l’Afrique : Sparrmannia ricinocarpa (Eckl. & Zeyh.) Kuntze var. ricinocarpa; alors qu’il semble que notre Sparmane d’Afrique soit bien plus localisé dans l’extrême sud  de l’Afrique. On peut voir une carte de répartition du Sparrmannia africana L.f. sur ce lien du jardin botanique de Genève : cliquez

Le Sparmannia du jardin exotique de l'ile de Tatihou, au large de St Vaast la Hougue.
Le Sparmannia du jardin exotique de l'ile de Tatihou, au large de St Vaast la Hougue.

Le Sparmannia du jardin exotique de l'ile de Tatihou, au large de St Vaast la Hougue.

L’ « Herbier général de l’Amateur », de Mordant de Launay et continué par M. Loiseleur-Deslongchamps (tome 6, de 1822), nous montre aussi Sparmannia africana, peint d’après nature par Pancrace Bessa. Dans le texte, il est donné originaire du Cap de Bonne-Espérance et déclaré introduit en Angleterre vers 1790, puis en France où il est planté en caisse qu’on rentre l’hiver à l’abri. D'après l'auteur, dès la fin de l’été il se couvre d’une abondante floraison qui dure tout l’hiver et le début du printemps (pour ma part, il était en début de floraison début octobre en pleine-terre dans le Nord Cotentin). Pour ces plantes de l’Hémisphère Sud, on ne sait plus trop dater correctement les périodes de floraison…

Dans l’ouvrage d’Étienne-Pierre Ventenat « Jardin de la Malmaison » illustré des belles planches de P.J.Redouté, on peut voir aussi le Sparmannia africana, l’auteur nous dit : « Il passe l’hiver dans la serre chaude et fleurit en Ventôse ». Il semble désolé de ne pouvoir nous décrire le fruit par ses propres observations et de fait aucune planche botanique ne semble montrer le fruit décrit comme « une capsule hérissonnée, à 5 angles et à 5 loges dispermes », ce fruit ne se formant sans doute que dans sa situation d’origine.

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #Arbustes, #voyages, #Botanique, #Botanistes

Nikolaus Joseph Jacquin (1727-1817) fut certes un grand botaniste, mais il fut aussi un excellent dessinateur , ce qui n’est pas obligatoire pour un botaniste qui peut se contenter de faire des herbiers, mais cela donne plus d’intérêt aux dessins et croquis qu’il a pu faire de plantes exotiques ‘in situ’. C’était plutôt une exception à une époque où de nombreux dessins et gravures étaient reconstruits d’après des herbiers et les souvenirs de l’observateur parfois appuyés par des croquis très sommaires pris sur le vif.

Jacquin est envoyé ses études à peine achevées aux Caraïbes pour inventorier et rapporter des plantes destinées à enrichir la serre du parc de Schönbrunn. On peut voir sur la carte tenue par deux indiens Caraïbes, entourés d’un décor exubérant, que Jacquin a visité les iles de Cuba, de la Jamaïque, de Saint-Domingue et de la Martinique.

Le frontispice de Selectarum stirpium americanarum historia

Le frontispice de Selectarum stirpium americanarum historia

Pour « Selectarum stirpium americanarum historia » Nikolaus Joseph Jacquin, âgé de 27 ans a produit ces gravures conformes à des dessins précis faits sur place. Il semble qu’il a voulu s’en tenir assez strictement à ce qu’il avait noté et ces planches gravées à son retour des Caraïbes, que certains trouvent un peu trop ‘brutes de décoffrage’, moi, je leur trouve beaucoup de simplicité et d’exactitude. On peut sentir l’importance qu’il accordait à cette démarche en observant sa signature par exemple sur cette Canne d’eau (Costus spicatus) : Jacquin ad vivum delineavit. Par la suite, au cours de sa longue vie, il saura s’entourer de dessinateurs de grand talent qui bien sûr donneront des planches plus raffinées que celles-ci…

 

La Canne d'eau (Costus spicatus) en Guadeloupe

La Canne d'eau (Costus spicatus) en Guadeloupe

Le reste de son existence se passera en Autriche où invité par l’impératrice Marie-Thérèse, il dirigera le Jardin botanique de Vienne. Son apport à la connaissance des plantes aussi bien européennes qu’américaines sera considérable, par le biais de très beaux ouvrages, aidé en cela par des peintres très doués comme d’abord Franz Anton von Scheidel (1731-1801) pour le  « Hortus botanicus Vindobonensis », et le « Flora austriaca ».

Le « Icones plantarum rariorum » est illustré principalement au début (Vol. 1 and vol. 2 fasc. 1–4) par Joseph Hofbauer (1832-1878), puis par les frères Bauer. Jusque vers 1786 c’est Franz Bauer (1758–1840) qui travaille pour Jacquin, puis  c’est Ferdinand Bauer (1760–1826), jusque vers 1788.

Deux autres dessinateurs ont travaillé avec Jacquin et Scheidel pour « Plantarum rariorum horti caesarei schoenbrunnensis » (1767-1797-1804): Johannes Scharf (1765–1794) et Martin Sedelmayer (1766–1799).

Les graveurs n’ont guère laissé leur nom sur les planches et encore moins les petites mains qui rehaussaient de couleurs toutes ces gravures en noir et blanc.

J’ai à mon habitude choisi quelques planches pour lesquelles je disposais de photos prises sur place à La Réunion ou en Guadeloupe.

Ci-dessus les fruits et les fleurs du Palétuvier gris (Conocarpus erectus L.)  de la famille des Combretacées, les fleurs sont de petits pompons crème que j’ai bien vu cette fois. En 2017 j’avais vu les fruits que Fournet dans sa Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique dit semblables à de petites pommes de pin mais qu’il nomme plus botaniquement des « drupes squamuliformes », sur Grande-Terre à la Pointe des Châteaux. C’est un arbre typique des lisières de mangrove ou des plages humides.

A La Réunion j’avais admiré un grand et vieux Tamarinier (Tamarindus indica L.) de la famille des Fabacées ; il donne les fameuses gousses dures  comestibles et médicinales.

J’avais trouvé très élégantes les fleurs de la Solanacée ci-dessous, plus grandes que celles de notre Douce-amère ; c’est le Bois teurtre ou en créole le Pikannyé (Solanum racemosum Jacq. ou Solanum bahamense L.).

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #Fleurs, #Botanique

1753 est une date charnière pour la botanique : c’est l’année de la parution du « Species Plantarum » de Carl Linné (1707-1778). Cet ouvrage établit la nouvelle nomenclature binominale qui va rendre obsolètes tous les systèmes précédemment conçus pour nommer une plante, systèmes devenus vraiment trop alambiqués et confus du fait des connaissances en botanique qui se précisaient et du nombre important de nouveautés venues d’Orient comme d’Occident.

Il est éclairant, pour s’en faire une idée de comparer les dénominations pour un même groupe de plantes avant et après 1753. Pour ce faire, j’ai choisi les Passiflores.

 

 

 

 

 

 

Pour le plaisir de montrer des bois gravés voici d’abord les portraits rudimentaires d’une passiflore, observée au Mexique, pour « Rerum medicarum Novae Hispaniae thesaurus » de Francisco Hernández (1517-1587). La légende sur l’estampe est assez simple : Granadilla flos passionis, probablement parce qu’on ne différencie pas encore les passiflores.

 

Voyons maintenant les passiflores dans la « Description des Plantes de l’Amérique » de Charles Plumier qui parait en 1693. 

On y voit une ancienne formulation pour cette Passiflore à fruits rouge qui deviendra plus tard Passiflora rubra L. Faisant suite au nom de genre qui est alors encore Clematitis, figure une phrase descriptive traditionnelle qui permet de différencier les espèces voisines d’un même genre. Cette phrase constitue le « nom spécifique », ici : ‘ indica flore clavato suaverubente, fructu hexagono coccineo, folio bicorni ‘. C’est la longueur de cette phrase qui différait plus ou moins selon les auteurs anciens qui posait problème et pouvait créer des confusions.

Ci-dessus, dans le « Plantarum americanarum » de 1757, une autre espèce qui semble bien être la Grenadille à feuilles obrondes, maintenant nommée Passiflora rotundifolia L. figure en bas de la planche 138, avec cette fois le nom de genre actualisé Passiflora, mais encore ensuite une petite description : foliis sub-trilobis, obtusis. En effet, le « Plantarum americanarum » qui survient en 1755-1760, est un ouvrage posthume de Plumier édité avec modifications des légendes par Burmann. Ce dernier a actualisé les noms de genres suivant la première étape de simplification établie par Linné ; car Linné n’est pas parvenu au résultat simple de la nomenclature binominale en une seule fois.

Dans un second temps Linné a ajouté après ces phrases descriptives un « nom trivial » simple, bien différent pour chaque espèce. Ce petit nom figure en italique en marge dans le Species plantarum et c’est surtout grâce à lui qu’on peut confirmer l’équivalence de certains taxons. Par exemple dans son texte de 1775, Fusée-Aublet (Histoire des plantes de la Guiane françoise) l’a fait : j’ai retrouvé la Passiflore à feuilles obrondes, de Charles Plumier citée sous son nom complet libellé de cette façon : PASSIFLORA (rotundifolia) foliis sub-trilobis, obtusis subrotundis. Lin. Spec.1357.

Vous noterez que déjà Aublet a rapproché le nom trivial du nom de genre selon la dernière recommandation de Linné, le reste du texte n’apparaissant plus qu’en tant que description complémentaire.

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Passiflora coccinea: la Passiflore écarlate, pour Histoire des plantes de la Guiane françoise

Passiflora coccinea: la Passiflore écarlate, pour Histoire des plantes de la Guiane françoise

La transformation est vraiment achevée en 1775, avec cette Passiflore écarlate de Fusée-Aublet dans son « Histoire des plantes de la Guiane françoise » ; Aublet l’a simplement légendée « Passiflora coccinea ».

Ainsi avec un binôme simple toute confusion entre espèces est évitée, surtout qu’afin d’en être sûr on ajoute par la suite, en abrégé, le nom de l’inventeur.

Mais c’est là que le bât blesse car une certaine injustice est faite à tous les botanistes pré-linnéens, en effet pour tous ces taxons anciens la référence finale est toujours L. pour Linné alors qu’il n’a fait que rebaptiser des plantes qu’il n’avait pas découvertes.

Le Père Charles Plumier est une de ces victimes car il a accompli un travail considérable et son nom n’apparait pas sur tous les genres  qu’il a pourtant créés et que Linné a repris. Plumier a dédié de nombreux genres à des personnages fameux qui l’avaient précédé, par exemple les Clusia, Begonia, Fuchsia, Magnolia, etc… et paradoxalement il n’est pas cité comme découvreur dans la nomenclature…

Mais je vous reparlerai de Charles Plumier !

Passiflora hirsuta, dans « Eclogae plantarum rariorum »

Passiflora hirsuta, dans « Eclogae plantarum rariorum »

Pour cette petite Passiflora hirsuta, qui ressemble fort à la liane Poc-poc des Antilles (Passiflora foetida L.), Joseph Franz von Jacquin, (fils de Nicolaus Joseph Jacquin), dans son ouvrage bien postérieur à 1753 « Eclogae plantarum rariorum » (1811-1844) utilise la nomenclature binominale mais pour autant il reste nécessaire de faire quelques recherches et recoupements car ce nom de Passiflora hirsuta Jacqu. fil. qui figure dans le sommaire n'a pas vraiment d'équivalent valide.

Les deux photos qui suivent représentent Passiflora foetida L. que j'ai pu voir à la Réunion et en Guadeloupe!

Passiflora foetida en Guadeloupe.
Passiflora foetida en Guadeloupe.

Passiflora foetida en Guadeloupe.

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Arbres

Aujourd’hui je zoome sur le Palmier de Chine ou Palmier à Chanvre (Trachycarpus fortunei (Hook.) H.Wendl. parce que c’est de loin l’espèce de palmier la plus implantée au Nord de la Loire. Dans les ouvrages anciens, on le trouve sous son ancien nom donné par Carl Peter Thunberg en 1784, à savoir : Chamaerops excelsa. Son nom actuel rappelle le célèbre explorateur et jardinier écossais Robert Fortune car c’est en fait lui qui en 1843 ramena le premier de Chine beaucoup de plants de ce palmier. C’est un fait pourtant que dans les pépinières, il est encore souvent mal nommé : Chamaerops excelsa ou même Trachycarpus excelsa !

Ce palmier est donc très rustique, il peut supporter des températures de   -15° à  -18° ! En fait, le Palmier à chanvre préfère le climat plus frais de la moitié nord de la France (surtout du côté océanique), à l’inverse du Dattier des Canaries (Phoenix canariensis) qui lui est la vedette dans les jardins du Midi. Ce Trachycarpus est maintenant considéré comme naturalisé dans certains secteurs de Suisse (le Tessin) où il est même devenu une espèce à surveiller voire à éradiquer !

Le premier Trachycarpus fortunei  aurait été planté en Aquitaine en 1859, il y donc 160 ans, au Jardin Botanique de Bordeaux. Le stipe de ce palmier d’environ 25 cm de diamètre paraît plus gros parce qu’il est recouvert d’une belle épaisseur de fibres (vestiges des feuilles). Il est très cultivé depuis longtemps en Chine pour l’utilisation de ses fibres ; ce crin y  a servi, ainsi qu’au Japon, à faire des tapis, cordes, et balais…

Les feuilles palmées, profondément incisées, forment des éventails d’une quarantaine de segments linéaires rigides (d’une longueur de 50 à 60 cm). Le pétiole est plus long que la palme elle-même et son pourtour est finement denticulé mais sans épines bien marquées comme le Palmier nain dont je vous avais déjà parlé dans un article.

A l’insertion sur la palme, les pennes sont repliées en un éventail serré qui est repris dans l’hastula. Chez ce palmier l’hastula sur le dessus du pétiole prend la forme d’une sorte d’ourlet surélevé en demi-cercle. Sous le pétiole, c’est plutôt une pointe très courte. L’extrémité des pennes est souvent bifide.

Ici, au Mans nous avons beaucoup de ces palmiers dans les jardins, certains assez imposants dans la « Rue des Palmiers » ! J’ai voulu observer de près l’évolution de leur floraison cette année. En principe, l’espèce est dioïque ; en fait, il semble qu’il existe aussi des individus hermaphrodites.

 

Un pied femelle de Trachycarpus fortunei, au Mans

Un pied femelle de Trachycarpus fortunei, au Mans

Sur les pieds mâles les grosses inflorescences en crosses naissant du cœur étaient  bien visibles dans la deuxième quinzaine d’Avril et en ce moment, en Mai elles forment des nuages de fleurs épanouies d’un beau jaune lumineux.

Chez les pieds-femelles, des grappes de fleurs jaune-vert un peu plus tardives évoluent vers des fruits d’un bleu-violacé, portés sur des pédoncules roussâtres.

Je viens de découvrir ces pieds femelles avec les petites crosses florales plus maigres donc plus discrètes qui m’avaient échappées. Prises au téléobjectif car au fond d’un jardin, j’ai enfin vu les belles grappes de fruits bleutés de l’an dernier à maturité, pendantes à la base du bouquet de palmes, mais je n’ai pas pu m’approcher.

 

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Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #iconographie, #Botanique, #jardins botaniques, #voyages

Laissez-moi vous parler d’un genre un peu méconnu de la grande famille des Renonculacées, qu’on peut facilement confondre avec les anémones, ce sont les Adonis, au nombre de 6 dans la flore de France ; il y a 26 espèces au total pour ce genre eurasiatique.

Dans notre Europe de l’Ouest on distingue tout de suite 2 types d’Adonis, ceux à grandes fleurs jaunes brillantes, plus montagnards ou du moins collinéens (Adonis vernalis L. et Adonis pyrenaica DC.) et les « Gouttes de sang », c’est-à-dire les 4 adonis à pétales rouges.

Adonis annua L. en Mars en Catalogne.
Adonis annua L. en Mars en Catalogne.

Adonis annua L. en Mars en Catalogne.

Dans l’ensemble ils sont assez menacés et protégés ; voici peut-être le moins rare de ces Gouttes de sang : l’Adonis annua L. dont les pétales sont assez ronds et d’un rouge soutenu, une impression encore accentuée par la présence en dessous de sépales plus ou moins pétaloïdes pourprés. Je vous montre ici des photos prises fin-Avril en Catalogne, dans des parcelles d’herbages peu pâturées en arrière du bord de mer, protégées surtout du fait de la présence de petites orchidées (des ophrys et des sérapias).

Certaines de ces petites parcelles sont cultivées de façon douce ; vous voyez peut-être sur la photo qu’il faut à l’Adonis un peu de terre nue. En lisière de cultures, il persiste parfois car c’est une plante adventice des cultures, une messicole, donc très menacée par les pesticides.

 

La formation des akènes en fin de floraison permet de confirmer la détermination de cette espèce qui bizarrement se nomme couramment aussi Adonis d’automne alors que sa floraison est plutôt estivale voire même printanière !

 

Je ne peux pas affirmer connaître l’Adonis printanier ou Grand œil de bœuf, (Adonis vernalis L.) qui existe en France sur des pelouses rocailleuses et sèches de moyenne altitude. Celui que je vous montre ici est une sous-espèce eurasiatique : Adonis vernalis ssp. Amurensis dont le doux nom commun est Adonis de l’Amour, l’Amour étant un fleuve frontière entre la Russie et la Chine.

Adonis vernalis ssp. Amurensis au jardin botanique de Berlin.
Adonis vernalis ssp. Amurensis au jardin botanique de Berlin.

Adonis vernalis ssp. Amurensis au jardin botanique de Berlin.

J’ai eu la bonne surprise de le voir fleuri en début Mars, dans le très beau jardin botanique de Berlin. Les fleurs sont plus grandes (environ 3 cm de diamètre) que celles des petites espèces rouges ; et le feuillage moins finement lacinié que l’espèce type ressemble davantage à celui des anémones alpines.

 

Dans un ouvrage daté de 1614, Crispin de Passe montre deux adonis sur une planche de l’Hortus floridus, un recueil très connu et apprécié, maintes fois remanié et réédité au 17ème siècle. Les gravures à l’eau-forte sont de lui, il était issu d’une dynastie réputée de graveurs flamands. C’était très novateur de représenter cette série de fleurs des jardins, surtout des bulbeuses, in situ, et comme à hauteur des yeux, sans compter que jusque-là les ouvrages étaient illustrés de gravures sur bois forcément moins précises. J’ai nettoyé un peu et contrasté cette estampe qui vient d’un exemplaire scanné par la bibliothèque du Real Jardin Botanico de Madrid.

"Hortus floridus" de Crispin de Passe, 1614

"Hortus floridus" de Crispin de Passe, 1614

La plante de droite est manifestement l’Adonis printanier, pour celle de gauche je suis presque sûre qu’il s’agit bien d’un Adonis ‘goutte de sang’ bien que le nom d’Eranthemum ne colle pas du tout avec la nomenclature actuelle, mais des textes contemporains le donne comme synonyme du ‘Flos adonis vulgo‘ de Clusius et la légende mentionne bien ‘flore sanguineo’ . A ce propos il faut rappeler que Crispin de Passe demandait à chaque propriétaire d’un « Hortus floridus » de le rehausser de couleurs.

C’est un très bel album de coloriage, je trouve !

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