En cette période où celui qui possède un jardin se sent privilégié, j’ai fait quelques photos dans mon bout de jardin printanier. Cet article vise aussi à montrer ce qui se passe quand la nature n’est pas trop contrariée par les tondeuses et le désherbage à outrance, et d’ailleurs ce n’est pas vraiment une volonté mais plus de la négligence depuis des années ! Maintenant l’herbe ayant trop poussé nous sommes obligés de passer un peu le Rotofil de temps en temps mais depuis l’été dernier et jusqu’en Avril, le jardin n’est pas entretenu, c’est à peine si j’ai ramassé les feuilles tombées du chêne situé à proximité pour qu’elles n’étouffent pas trop mes Ficaires.
Notre bout de jardin n’est séparé d’un square que par une clôture couverte de lierre ; du fait de la proximité des arbres, il prend au printemps l’allure d’un sous-bois clair dans lequel avec le temps prospèrent des espèces vivaces prises aux alentours dans le même genre de milieu.
Le feuillage chamarré du Cyclamen à feuilles de lierre ou Cyclamen de Naples (Cyclamen hederifolium) occupe une petite zone dans laquelle j’ai implanté deux pieds de Corydales solides (Corydalis solida) qui peuple discrètement les talus en milieu ombragé le long de la vallée de la Sarthe.
Non loin du vrai Coucou (Primula officinalis) (ci-contre), la Primevère acaule (Primula acaulis) que j’avais apporté aussi s’est peut-être croisée avec un pied de Primula grandiflora de jardinerie dont je ne me souviens plus guère... ou bien c’est ce pied qui a dégénéré de sorte qu’au final j’ai maintenant tous les ans un hybride délicatement coloré.
L’Anémone blanda (Anemone blanda), une petite espèce vivace originaire de Grèce et d’Asie mineure qu’on trouve dans le rayon des bulbes en jardinerie, se plait bien dans ce milieu semi-ombragé, j’en ai de plus en plus chaque année, ci-dessous avec des Ficaires.
Refleurissant fidèlement chaque année en Mars-Avril mes Pulsatilla rubra sont ici cernées par ce qui résulte de ma négligence de jardinière: à droite des vieux pieds secs d’Orobanche du Lierre (Orobanche hederae), au fond du Géranium à Robert (Geranium robertianum) et à gauche l’Ésule ronde (Euphorbia peplus), une vraie mauvaise herbe des jardins !
Au pied du mur j’ai planté il y a longtemps un Géranium à grosses racines (Geranium macrorrhisum). L’espèce originale de ce petit géranium est rare et protégée dans le Midi mais très présente en godets dans les jardineries et rustique dans les jardins. Je le laisse se mélanger avec le Géranium à Robert.
Dans un pot, j’ai planté un petit rosier botanique dont la floraison jamais opulente dure très longtemps. Rosa chinensis ‘mutabilis’ fut nommée par Correvon d’après celles installées à Isola Bella sur le lac Majeur par le prince Borroméo mais retrouvée dans son milieu naturel depuis en Chine. Les fleurs d’un rose d’abord presque orangé deviennent pourpres en fin de floraison (voir au début de l'article).
J’ai aussi un beau rosier à grosses fleurs jaune crémeuses qui a prospéré contre toute attente car il est aussi planté dans un pot mais la racine a pénétré en pleine-terre par le trou du fond ! La belle jardinière ancienne (de famille) accueille thym et estragon.
Dans le platane voisin, un écureuil vient souvent faire son marché.