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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #Botanique, #Arbustes, #voyages
Le frontispice de cet ouvrage de 1775

Le frontispice de cet ouvrage de 1775

Jean Baptiste Christ. Fusée-Aublet, né à Salon de Provence en 1720, reste connu des botanistes par son ouvrage précurseur sur la Flore de la Guyane : « Histoire des Plantes de la Guiane françoise », paru en 1775.

Cet ouvrage est abondamment illustré de planches gravées en taille-douce et il existe sur la toile plusieurs versions de ces planches scannées, certaines ‘brutes de décoffrage’, c’est-à-dire maculées de nombreuses taches, d’autres rendues plus lisibles par un toilettage informatique plus ou moins poussé. Ces nettoyages s’ils sont efficaces pour un botaniste ne rendent pas toujours hommage au travail des graveurs (auquel je suis moi très sensible car j’ai gravé autrefois) et j’ai eu envie d’en nettoyer quelques-unes à ma façon en repartant d’une version d’origine, l’idée étant de les mettre ensuite sur Wikimédia pour les rendre plus accessibles à tous. Il y a 400 gravures environ et ce travail sera très long si j’ai la patience de le mener à terme.

J’ai commencé par des plantes que j’avais vues en Guadeloupe, bien sûr, et il n’y en a pas tant que ça, la flore de la Guyane étant très riche et très particulière à ce territoire.

Fothergilla mirabilis, de nos jours Miconia mirabilis

Fothergilla mirabilis, de nos jours Miconia mirabilis

Trois mélastomacées que j’aime beaucoup figurent dans le livre d’Aublet : le Miconia mirabilis, le Miconia laevigata et Nepsera aquatica.

Les Miconia sont des arbustes que j’ai pu voir sur Basse-Terre. Dans son ouvrage Aublet qui voyait journellement des plantes encore inconnues les a nommées souvent pour la première fois et le nom leur est resté ou pas car des botanistes linnéens sont ensuite passés par là ! C’est ainsi que vous verrez comme légende des noms parfois différents de l’appellation actuelle. Ci-dessous Miconia mirabilis sur Basse-Terre.

 

Melastoma laevigata, de nos jours Miconia laevigata

Melastoma laevigata, de nos jours Miconia laevigata

Le texte d’Aublet associé à ces espèces n’est pas moins intéressant et très vivant; il figure en français et non en latin ; par exemple pour son Melastoma laevigata : « On emploie les feuilles écrasées de cette plante pour guérir les blessures occasionnées par la piqure des épines dont quelques poissons sont armés »

Les Miconia s’avèrent difficiles à différencier, les 18 espèces que compte ce genre sont très semblables ; les nervures sur les feuilles sont très typiques chez toutes les mélastomacées. J’espère bien ne pas faire d’erreur de détermination sur ces deux-là ! Ci-dessous Miconia laevigata sur Basse-Terre

 

Melastoma aquatica de nos jours Nepsera aquatica

Melastoma aquatica de nos jours Nepsera aquatica

Nepsera aquatica, fine et légère avec ses étamines pourpres pose moins de problème à déterminer ; elle se trouvait dans le sous-bois en montant vers les troisièmes chutes du Carbet, toujours sur Basse-Terre.

La difficulté pour les dessinateurs puis pour les graveurs est toujours de rendre la blancheur sur des zones très resserrées comme les faisceaux d’étamines des fleurs.

Et n’oublions pas que les dessinateurs de ces ouvrages souvent n’avaient pas eu de spécimens frais en main. Dessinateurs et graveurs pour ce livre ont œuvré en France et plusieurs années s’étaient écoulées entre l’observation et la réalisation des planches car Aublet n’est pas rentré en France aussitôt. Bernard de Jussieu a participé au travail final de description botanique et à la critique des dessins. Pour rester au plus près de la réalité, Aublet a piloté les dessinateurs se référant à ses souvenirs et à ses croquis car semble-t-il, il a pris des notes de terrain écrites et dessinées qui sont maintenant en Angleterre.

Il assure qu’il a cherché à combattre certaines dispositions naturelles des artistes : « Les Dessinateurs cherchant à faire des dessins agréables plutôt que corrects, et n’ayant pas l’habitude de dessiner les plantes dans le degré d’exactitude et de précision nécessaire pour la Botanique, j’ai été obligé de former un artiste à représenter toutes les parties des plantes, telles que la nature les montre à un botaniste ». Il s’agit selon toute vraisemblance de L.Fossier, dont j’échoue à trouver de plus amples renseignement que ce seul nom qui figure au coin bas gauche de la majorité des gravures : ‘Fossier del.’

Il reste que pour rendre en volume une planche d’herbier ce n’est pas une mince affaire!

Je vous parlerai des graveurs dans un prochain article.

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E
Tes planches sont impeccables. Le nettoyage semble efficace. Mais pourras-tu expliquer, dans ton article sur la gravure, pourquoi un nettoyage peut ne pas respecter le travail du graveur. Bonne journée. Elizabeth
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C
Je galère un peu avec ce nettoyage! parfois j'en fais trop parfois pas assez. Je voudrais qu'il reste une légère teinte crémeuse dans le fond car je n'aime pas beaucoup quand c'est traduit en noir et blanc: on dirait des photocopies! mais unifier le fond sans qu'il y ait des marques,c'est difficile...