La Valériane grecque ou Echelle de Jacob (Polemonium caeruleum L.) n’a de grec que le nom ; elle est bien indigène en Europe mais dans des types de milieux qui ne se trouveraient guère en Grèce puisqu’elle préfère un climat frais de moyenne altitude. On la trouve notamment dans des vallées jurassiennes ou alsaciennes, dans des lieux humides (prairies, bords de ruisseau). Pour ma part je l’ai prise en photo en Franche-Comté à proximité des tourbières de Frasnes. C’est une grande espèce des mégaphorbiaies qui est protégée au niveau national.
Comme preuve que cette belle plante est depuis bien longtemps en Europe, voici deux bois gravés du 16ème siècle qui en attestent ! Pourtant, son statut de seule Polémoniacée à l’état naturel chez nous est parfois discuté, il pourrait s’agir d’une très ancienne introduction. Ci-dessous: Lobel, M. de, Plantarum seu stirpium icones (1581) vol. 1 (1591)
Dans son célèbre ouvrage de 1591 «Plantarum seu stirpium icones », Matthias de l’Obel classe la Valériane grecque avec les autres valérianes. Il reprend les noms donnés par Rembert Dodoens dans « Stirpium historiae pemptades sex » à peine antérieur (1583), dont « Valeriana graeca ».
Le bois gravé est en fait le même qui a servi pour les deux ouvrages, comme ce fut souvent le cas avec trois botanistes contemporains qui éditèrent dans ces années-là chez Plantin à Anvers : Dodoens, Lobel et Charles de l’Ecluse. Les dessins d’origine, modèles de ces gravures, sont probablement de Pieter van der Borcht.
Comme les Polemonium, les Phlox et les Collomia appartiennent à cette tribu des Polemoniae, originaire d’Amérique du Nord et d’Eurasie. En taxonomie, une tribu dénote une plus grande proximité des espèces que la famille (Polemoniaceae).
Alors que les Phlox sont uniquement horticoles, Collomia grandiflora Douglas ex Lindl., est en France une échappée de jardin, mais il semble qu’on l’ait un peu aidée en 1846 en Alsace le long de la Thur d’où elle s’est propagée, choisissant de s’installer sur les berges sablonneuses des cours d’eau notamment dans le Massif central. Elle devient plus ou moins indésirable mais pas envahissante : elle ne mérite certes pas le terme de peste végétale, comme la Jussie par exemple !
A l’origine la Collomie à grandes fleurs habite le Nord-Ouest des Etats-Unis, elle y est observée et nommée par David Douglas au bord de la rivière Columbia ; il récolte des graines de cette annuelle en 1828, puis elle est introduite dans le jardin de la Société d’Horticulture de Londres, d’où elle se disséminera dans les jardins européens.
Très peu de temps après son apparition, Jean Henri Jaume Saint-Hilaire (1772-1845) botaniste et peintre de fleurs, représente la Collomia grandiflora dans : « La Flore et la Pomone françaises : histoire et figure en couleur, des fleurs et des fruits de France ou naturalisés sur le sol français » (1828-1833).
J’ai eu la surprise de découvrir la Collomie à grandes fleurs pour la première fois au bord de l’Ardèche dans une zone caillouteuse, à Vogué et je l’ai crue d’abord vraiment accidentelle à cet endroit. La couleur saumonée pâle des corolles en trompettes rehaussée par le bleu des anthères n’est pas commune et ressort bien sur la tête florale scintillante grâce aux poils glanduleux des calices.