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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #iconographie, #Botanique

En cherchant à identifier quelques centaurées les mois derniers, j’ai vu que deux éléments étaient prioritaires à détailler : les bractées de l’involucre qui sont d’une incroyable variété et aussi la présence ou non d’une couronne de fleurs rayonnantes sur la périphérie de la corolle.

Cette gravure de 1700, sortie de « Institutiones rei herbariae » de Joseph Pitton de Tournefort, montre assez  clairement les deux formes de fleurs pouvant figurer sur le réceptacle des centaurées. Claude Aubriet a représenté ici le Bleuet.

Jusque récemment le Bleuet ou Barbeau faisait partie du genre Centaurea ; Centaurea cyanus L. est devenu Cyanus segetum Hill. Il est amusant qu’il ait repris le nom de genre que lui donne Tournefort : Cyanus. En fait les Cyanus ne diffèrent guère des centaurées en dehors du fait qu’ils sont franchement bleus.

La Centaurée des montagnes (Cyanus montanus (L.)Hill),  que je vous montre ici, vue sur le plateau du Revard au-dessus du lac du Bourget, a du coup été rangée dans le genre Cyanus.

On peut y reconnaître comme sur la gravure de 1700 les deux formes de fleurs figurant en général sur le réceptacle des centaurées. Sur le centre, des corolles plus tubulaires et fertiles, sur le pourtour des fleurs plus grandes à corolles évasées en entonnoir mais tout à fait stériles (sans pistils ni étamines), qui ne sont là que comme pôle d’attraction visuel pour les pollinisateurs.

Centaurea pectinata L. (Centaurée en peigne, Centaurée pectinée)

La centaurée en peigne possède de longs appendices sur les bractées de l’involucre, prolongées par un filament cilié roussâtre qui se retourne en boucle créant une sorte de petite cage aérée autour de l’involucre. Il est notable que les fleurs du pourtour ne sont pas rayonnantes, ce qui pourrait permettre de la distinguer de la suivante mais de toute façon elle ne figure pas dans les mêmes zones ; elle préfère une zone méditerranéenne et remonte un peu dans le massif central. Ma photo est prise en Ardèche.

Ci-dessus, la gravure : Reichenbach, H.G.L., Iconographia botanica seu plantae criticae (1823-1832)

 

Centaurea nervosa Willd.

Cette centaurée ne possède pas de nom vernaculaire car elle a probablement été autrefois assimilée à la Centaurée uniflore (Centaurea uniflora L.) et comme elle, elle est monocéphale et montagnarde ce qui ne facilite pas la tâche. 

La différence la plus notable serait dans la pilosité des feuilles : C.nervosa possède des feuilles velues mais assez rudes au toucher alors que sur C.uniflora les feuilles semblent plus pelucheuses. L’involucre de bractées est bien plus volumineux que sur la centaurée en peigne mais très similaire.

Par contre sur la périphérie de la corolle figurent de belles fleurs rayonnantes. Mes photos sont prises sur le Semnoz près d’Annecy.

Centaurea aspera L. (Centaurée rude)

Là aussi, les bractées de l’involucre permettent tout de suite l’identification. Cinq petites épines rousses retournées dont la centrale est un peu plus longue. Les fleurs du pourtour sont un peu rayonnantes mais pas tellement. J’étais contente de la trouver dans une limite assez septentrionale de sa répartition sur des dunes littorales près de Saint Malo. Elle habite plutôt le midi et remonte le long de la côte atlantique.

 

Un grand groupe initial des Centaurea paniculata de Linné (on ajoute sensu latissima pour exprimer ce groupement d’espèces très proches) s’est divisé en nombreuses espèces maintenant reconnues et c’est surtout le détail très précis des appendices des bractées médianes de l’involucre qui a compté pour établir ces différences ainsi peut-être que leur territoires de répartition. Cette illustration issue de la Florae Austriaceae (1773-1778) de Nicolaus Joseph von Jacquin montre Centaurea paniculata L. dont les involucres restent de petite taille et la tige est très ramifiée.

Centaurea maculosa Lam. (Centaurée maculée, Centaurée tachetée) s’est détachée de ce grand groupe. J’ai découvert cette centaurée sur les plateaux calcaires très arides de l’Ardèche. Elle est dégingandée, avec des ramifications aériennes pourvues de feuilles maigres, velues-blanchâtres. Les capitules sont assez hauts et fins. Les bractées en sont notablement rayées et ornées de dents qui se détachent en clair sans se retourner. Elle semble porter une simple couronne de longues fleurs rayonnantes sur le tour de la corolle.

 

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F
Article très intéressant superbement illustré. Merci de partager vos connaissances et vos photos.
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C
Et merci de votre com, Françoise! ma brêve "Gentiane hybride" sur Tela-Botanica m'a apporté 3 nouveaux abonnés à la newsletter et je suis ravie!