La Super-famille des Légumineuses (ou Fabales) comptait autrefois trois familles distinctes, les Mimosacées, les Fabacées (ou Papilionacées) et les Césalpiniacées, ce sont ces dernières que j’aimerais vous présenter, du moins celles que j’ai pu rencontrer et photographier. Il faut dire précisément aujourd’hui Caesalpinioideae et il s’agit maintenant d’une sous-famille des Fabacées.
Les Césalpiniacées ont semblé à juste titre un peu plus primitives que les Fabacées ; la symétrie bilatérale de leur corolle n’est pas très sensible. Le grand pétale haut qui enveloppe la fleur en bouton et se nomme l’étendard chez les Fabacées est ici recouvert par les ailes dans le bouton. La carène est formée des deux pétales inférieurs disposés en coque à voir par exemple sur cette fleur de Senna occidentalis.
A dire vrai cet article parlera surtout de trois genres Cassia, Senna et Chamaecrista qui au sein des Caesalpinioideae, sont très proches en taxonomie (Tribu des Cassieae, et sous-tribu des Cassiinae).
Les étamines, qui sont encore très nombreuses chez les Mimosacées, voient leur nombre se réduire à dix environ chez les Césalpiniacées. Chez les Fabacées il se stabilise bien et s’organise en deux verticilles : cinq grandes et cinq petites plus ou moins soudées en tube à la base, alors qu’elles restent encore libres chez les Césalpiniacées et se répartissent de diverses façons.
Dans la photo ci-dessus, prise à La Réunion de Senna occidentalis on peut observer que les étamines se sont organisées en : trois à filets courts et dressées, et les autres incurvées, dont deux plus longues et en crochets dans la carène. Les anthères des étamines basses, tubulaires, s’ouvrent par une fente latérale ou par le bout.
Avec de telles étamines, visibles aussi sur Chamaecrista nictitans (ci-dessus), il est nécessaire pour les pollinisateurs de pratiquer une pollinisation vibratile, ou sonication, qui seule peut extraire le pollen !
La présence de nectaires sur ces plantes est intéressante car alors qu’on s’attendrait à les trouver à proximité des étamines, ce sont en fait des nectaires extra-floraux, on les trouve à l’aisselle d’une feuille sous forme d’une petite glande ronde, comme sur Senna occidentalis, ou Chamaecrista nictitans ou même le long du rachis d’une feuille composée entre les paires de folioles.
Ces nectaires extra-floraux procurent du nectar principalement à des fourmis, qui assurent par leur présence une protection contre les herbivores. Leur emplacement constitue un bon critère pour l’identification !
https://www.zoom-nature.fr/levolution-des-nectaires-extra-floraux/
https://www.zoom-nature.fr/nectar-contre-gardes-du-corps-un-deal-mutualiste/
Peu de représentantes des Césalpiniacées peuvent être observées en France dans la nature. On note quand même la présence dans le Midi de plantes introduites et quasiment naturalisées comme le bel Arbre de Judée (Cercis siliquastrum), et deux autres espèces à floraison en épis avec de petites fleurs peu spectaculaires, mais des fruits (gousses) remarquables, le Caroubier (Ceratonia siliqua L.) ou le Févier d’Amérique (Gleditsia triacanthos L.).
Ci-contre, photo du Gleditsia triacanthos L. sur le littoral catalan.
Les genres Cassia, Senna et Chamaecrista ne sont pas représentés en métropole.
Par contre j’ai retrouvé au Sénégal des plantes déjà vues en Guadeloupe et même à La Réunion (répartition pantropicale), comme le Tamarinier (Tamarindus indica) ou encore le Senna occidentalis, qui autrefois s’appelait Cassia occidentalis. Le genre Cassia englobait pour Linné les Senna et les Chamaecrista. Le genre Senna créé pourtant par Pitton de Tournefort dès 1694, confirmé par Philip Miller en 1754 ne fut que plus récemment reconnu officiellement après des analyses fines de l’ADN ; c’est pourquoi tous les Senna actuels ont des synonymes en Cassia.
Au Sénégal, j’en ai vu de toute taille depuis l’arbre : la Casse du Siam (Senna siamea (Lam.) H.S.Irwin & Barneby), jusqu’à la menue Cassia mimosoides L. (syn. de Chamaecrista mimosoides (L.) Greene) une herbacée poussant dans une zone humide de Casamance.
Un bel arbuste ornemental au nom évocateur d’Epine de Jérusalem (Parkinsonia aculeata L.) semble devenu une espèce envahissante en Afrique tropicale.
J’ai trouvé un dessin original provenant de l’Expédition botanique en Nouvelle Espagne (Drawings from the Spanish Royal Expedition to New Spain (1787–1803) de Martin Sessé, et José Mariano Mociño)
En Guadeloupe, on trouve le Senna alata bien caractérisé par le haut de son épi roux-orangé et des Chamaecrista, pas faciles à différencier !
Les illustrations qui suivent montrent des espèces bien connues dès le 18ème siècle, car ce sont depuis longtemps des plantes médicinales , elles sont issues de cet ouvrage: Icones plantarum medico-oeconomico-technologicarum… par Ferdinand Bernhard Vietz, 1772-1815.
Sur : https://www.biodiversitylibrary.org/item/28890#page/20/mode/1up
D’abord le Caroubier (Ceratonia siliqua L.).
Puis le Tamarinier (Tamarindus indica) avec une photo réunionnaise…
Et enfin le Senné (Senna alexandrina Mill.), autrefois nommé Cassia senna L.
Plus d’éléments sur les Senna, là :
https://www.lepeupledacote.com/plante/sene-senna/