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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Botanique, #Fleurs, #iconographie

Voici deux gentianes à tiges courtes et à grandes fleurs solitaires qu’on rencontre assez facilement en altitude mais qu’il n’est pas si facile de distinguer sans entrer dans le détail ! La taille des corolles de la Gentiane acaule (Gentiana acaulis) comme de la Gentiane de l'Ecluse (Gentiana clusii), est en fait variable (de 40 à 70 mm !) mais avec la même allure générale, c’est-à-dire acaule soit uniflore sur une tige courte. Une troisième espèce : Gentiana alpina est plus petite aussi bien sur la longueur des feuilles que sur celle de la corolle et sa tige est vraiment très courte. Je dois ajouter pour être exacte qu’il existe trois autres gentianes de ce type mais plus rares, qui habitent des territoires précis : G.ligustica pour les Alpes maritimes, G.angustifolia dans le Dauphiné et G.occidentalis dans les Pyrénées, je ne les ai pas encore rencontrées.

Gentiane acaule au col du Lautaret , puis au col d'Allos, en Juin
Gentiane acaule au col du Lautaret , puis au col d'Allos, en Juin
Gentiane acaule au col du Lautaret , puis au col d'Allos, en Juin

Gentiane acaule au col du Lautaret , puis au col d'Allos, en Juin

La Gentiane acaule (Gentiana acaulis L.), est souvent caractérisée par le vert à l'entrée du tube de la corolle. Le petit étranglement visible sur les dents du calice situé juste au-dessous du bord de la membrane translucide qui les relie donne une forme ogivale aux pointes du calice. C’est peut-être le critère le plus fiable qui permet de reconnaître cette Gentiane acaule de la Gentiane de L’Ecluse, en effet, cette dernière vue de profil révèle un calice très différent avec des dents triangulaires longues et régulièrement effilées sans aucune membrane qui les relie.

 

 

La Gentiane de L’Ecluse (Gentiana clusii Perrier et Songeon), que j’ai eu le plaisir de découvrir sur la Col de la Colombière, n’avait pas de vert à la gorge ; dans les fissures des rochers, elle formait de charmants ensembles avec la Primevère oreille d’Ours et d’autres plantes de rocailles. Ces deux gentianes semblent apprécier surtout la rocaille calcaire.

Gentiane de L'Ecluse au col de la Colombière, à la mi-Juin
Gentiane de L'Ecluse au col de la Colombière, à la mi-Juin

Gentiane de L'Ecluse au col de la Colombière, à la mi-Juin

Malheureusement dans les représentations anciennes, ces subtiles différences ne sont pas indiquées et d’ailleurs, on ne trouve que la Gentiane acaule (ou Gentiane de Koch) avec des calices peu détaillés sauf peut-être dans la « Deutschlands flora in abbildungen nach der natur » de Jakob Sturm. (ci-contre)

Dans l’Herbier général de l’Amateur (vol. 3 de 1819), de Delaunay et Loiseleur-Deslongchamps, Pancrace Bessa montre une gentiane acaule d’un bleu très profond, c’est souvent le cas, et du coup les points verts dans la corolle deviennent gris ardoise, mais celles que j’avais vues au Col d’Allos étaient plus claires et alors les points verdâtres qui ornent l’intérieur de la corolle devenaient plus visibles. Le texte de l’auteur, parlant des gentianes en général, dit : « La nature aurait tout fait pour ces plantes, si elle eût donné un doux parfum à leurs fleurs ; mais elle le leur a refusé. »

Dans l’Herbier général de l’Amateur, dessin de Pancrace Bessa (élève de P.J.Redouté)

Dans l’Herbier général de l’Amateur, dessin de Pancrace Bessa (élève de P.J.Redouté)

Ci-contre, dans le Botanical magazine, vol 2 de 1788, de William Curtis, on trouve cette gentiane acaule. L’illustration montre bien les deux paires de feuille caulinaires opposées, dont une se situe juste sous le calice.

En 1868, Abraham Jacobus Wendel, réalise le projet d’une chromolithographie représentant un ensemble de gentianes acaules pour un ouvrage néerlandais dont la traduction serait : « Flora : illustrations et descriptions d'arbres, d'arbustes, d'annuelles, etc., présents dans les jardins néerlandais ».

Gentianes acaules par Abraham Jacobus Wendel (1868)

Gentianes acaules par Abraham Jacobus Wendel (1868)

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M
Belles photos et illustrations, un vrai plaisir !
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C
Merci Muriel, ça me replonge dans la nature à un moment où il fait bon rester au chaud!
E
Le bleu de Pancrace Bessa est vraiment superbe ! Avec les petits détails que tu pointes, la reconnaissance devient facile ! Amitiés. Elizabeth
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C
En fait ça paraît simple mais devant une de ces grandes gentianes ce n'est pas toujours évident, surtout à cause des 3 dont je parle au début et qui sont moins fréquentes!