Deux des genres de la grande famille des Orobanchacées, à petites fleurs et feuilles vertes, étaient peu distingués l’un de l’autre : les Euphrasia et les Odontites. Les silhouettes générales d’une Euphraise ou d’un Odontite sont pourtant assez caractéristiques et différentes. Au-delà du genre il existe dans la flore de France, treize espèces différentes d’Euphrasia et six d’Odontites sans compter les sous-espèces !
Ci-contre: L’Odontite tardif (Odontites vernus subsp. serotinus)
Je ne vais pas rentrer dans le détail à propos des Euphraises dont voici quand même une photo, car en plus d’être des Herbes aux myopes ou Casse-lunettes (c’est leur nom courant) ce sont surtout des casse-têtes : je parle de leur identification précise qui est très délicate !
Quant aux Odontites, la fin d’été et l’automne les met en évidence en bord de route quand les autres floraisons se font bien discrètes ! Je peux donc illustrer l’Odontite tardif nommé autrefois Euphraise tardive (Odontites vernus subsp. serotinus) qui porte une grappe unilatérale d’une quinzaine de fleurs roses, ses feuilles comptent trois nervures.
Les deux espèces roses couvrent assez régulièrement le territoire, encore que le vrai Odontite de printemps ou Odontite rouge (Odontites vernus subsp. vernus), en tant que plante adventice des moissons, est en forte régression comme toutes les messicoles, et je ne peux vous le montrer.
L’Odontite jaune ou Euphraise jaune, (Odontites luteus (L.) Clairv.) porte des feuilles linéaires à une seule nervure ; cette petite espèce dont les corolles s'ouvrent davantage, est notée surtout dans le sud et un peu dans l’Est de la France. Pour ma part je l’ai trouvée dans une zone de friche au Nord de Montpellier.
Odontites lutea Reich. est illustré sous ce nom (ancien synonyme) dans la « Flora regni Borussici : flore du royaume de Prusse ou illustration et description des plantes poussant à l'état sauvage en Prusse », auteurs : Albert Dietrich, 1795-1856 et Friedrich Klotzsch, 1805-1860
https://www.biodiversitylibrary.org/item/103508#page/59/mode/1up
Odontites lutea apparait également dans la Flora austriaca de Nikolaus Joseph Jacquin (tome 4, pl 398)
Odontites vernus subsp. serotinus
On le retrouve sous le nom d’Odontites vulgaris Moench. dans quelques représentation anciennes ainsi que sous des noms synonymes variables comme l’Euphrasia odontites de la Flora Batava de Jan Kops, (vol. 3 de 1814, t. 194). C’est celui que je pense avoir vu en Sarthe à la mi-Aout 2020. J’avais alors été un peu surprise de ce nom d’espèce (vernus) pour une plante en début de floraison à la fin de l’été, puis j’ai vu la mention dans la Flora Gallica de cette sous-espèce tardive (serotinus), plus commune.
Les Odontites, sont des plantes hémiparasites, la définition de ce terme est donnée par Bernard Boulard dans mon ancien Dictionnaire de Botanique : « un végétal supérieur qui, encore pourvu de chlorophylle mais en quantité insuffisante, ne prélève aux dépens de son hôte qu’une partie des aliments organiques dont il a besoin pour vivre ». Leurs racines se sont transformées en suçoirs pénétrant dans les racines d’une autre plante pour y puiser de la sève brute, mais ils restent capables d’assurer la photosynthèse comme en témoignent leurs feuilles vertes. A ce titre, ils sont proches des Rhinanthes dans la taxonomie des Orobanchacées, et encore plus proches des Euphraises puisqu’on peut constater que leurs noms étaient presque confondus autrefois.
Le voici encore dans la « Flora londinensis : plaques et descriptions de telles plantes qui poussent à l'état sauvage dans les environs de Londres » de William Curtis (1777):
https://www.biodiversitylibrary.org/page/40966500#page/190/mode/1up
Pour aller plus loin et comparer les deux Odontites vernus: on peut consulter cette page sur Florealpes