Peut-être vous souviendrez-vous de ce premier article posté en Avril 2020 au retour d’un voyage en Guadeloupe:
http://botazoom.over-blog.com/2020/04/un-jardin-creole.html
Durant ce voyage, j’ai fait la connaissance d’autres arbustes dans les jardins antillais, c’est pourquoi je vous propose ce nouvel article sur le sujet, qui nous mettra un peu de soleil et de chaleur au cœur !
Ce sont souvent des plantes d’introduction assez récente aux Antilles, et j’ai eu parfois du mal à les identifier sans en connaître l’origine.
La Léea de Guinée (Leea guineense G.Don):
Comme son nom actuel nous l’indique, son origine est le centre de l’Afrique, dans une zone plutôt équatoriale qui correspond à son besoin d’une hygrométrie suffisante pour prospérer. Introduite en Guadeloupe, elle est par contre, indigène à la Réunion où on la nomme Bois de Sureau.
A propos de l’ancien nom, figurant en 1862 dans le Curtis’s botanical magazine, Planchon est bien mentionné dans le texte joint à cette seule et unique planche. L’auteur évoque comme origine du nom l’« Hortus donatensis » de Planchon (1858). En fait il a existé une foule de synonymes pour cette plante. En 1862, Curtis affirme qu’elle est depuis plusieurs années cultivée dans les serres d’Europe, et que l’arbuste fleurit très jeune. Mais malgré tous ces synonymes et la beauté de ses corymbes, cette Léea de Guinée est peu représentée dans les anciens ouvrages.
La Perle de Zanzibar (Majidea zanguebarica J.Kirk ex Oliv.)
C’est un arbuste spectaculaire de la famille des Sapindacées. Quand ses fruits gonflés en vessies s’ouvrent, ils montrent leurs graines d’un gris-ardoise velouté, sur un fond rouge carmin, les fleurs sont plus discrètes, les feuilles ondulées et lustrées. Il est cultivé en Guadeloupe depuis une quarantaine d’années seulement. Originaire de Zanzibar et de Madagascar, il ne semble pas du tout représenté dans les parutions anciennes et c’est bien dommage !
Bignonia corymbosa (Vent.) L.G.Lohmann. (Pas de nom commun courant en français…)
Comme pour les deux premières espèces, le feuillage est persistant et satiné presque brillant. J’ai failli confondre cette liane avec le Saritéia, mais le calice en forme de spathe m’a heureusement orientée vers la bonne espèce de Bignone : Bignonia corymbosa (Vent.) L.G.Lohmann. auparavant nommée Macfadyena corymbosa (Vent.) Griseb.
Bignonia corymbosa= Macfadyena corymbosa (Vent.) Griseb. dans « The Journal of Botany, british and foreign » édité par Barthold Seemann (1863).
Encore plus tôt, dans le « Recueil de planches de botanique de l'encyclopédie. » (Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature : Botanique), de Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet de Lamarck (1744-1829), cette bignone apparaît sous le nom de Spathodea corymbosa Vent.
Puis, dans la « Flora Brasiliensis » de Karl Friedrich Philipp von Martius 1794-1868, elle est finement dessinée au trait et légendée Pryganocydia corymbosa.
Bignonia corymbosa= Spathodea corymbosa Vent. dans le « Recueil de planches de botanique de l'encyclopédie. »
Bignonia corymbosa=Pryganocydia corymbosa. dans la « Flora Brasiliensis » de Karl Friedrich Philipp von Martius
L'Allamanda pourpre ou Liane à caoutchouc
Pour finir ma série je vous montre une Apocynacée, l'Allamanda pourpre ou Liane à caoutchouc, probablement Cryptostegia madagascariensis Bojer ex Decne., mais la distinction avec une espèce très proche Cryptostegia grandiflora R. Br, est difficile avec seulement quelques photos au retour ! Les deux espèces souvent confondues, sont endémiques de Madagascar, voir à ce propos le site réunionnais de Mi-aime-a-ou :
Cryptostegia madagascariensis Bojer ex Decne., semble plus probable cultivée aux Antilles pour l’ornement. Les ponctuations verruqueuses plus nettes sur le rameau orientent aussi sur celle-là.
Les deux espèces figurent dans d’anciennes parutions, j’ai choisi C.grandiflora dans le 5ème volume du Botanical Register (pl 435)
On trouve les deux dans « Choix de plantes rares ou nouvelles, cultivées et dessinées dans le jardin botanique de Buitenzorg » (1863-1864), de nos jours c’est le Jardin botanique de Bogor sur l’Ile de Java. Auteur : Friedrich Anton Wilhelm Miquel, dessins de J.Ljung et Th. Rocke d’après nature. Les illustrations originales étant sombres et piquées de rouille, j’ai procédé à un petit nettoyage !
D'abord Cryptostegia madagascariensis:
puis Cryptostegia grandiflora :
PS : et bien sûr, Joyeuses fêtes de fin d’année à mes lecteurs!