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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #Fleurs, #Botanique, #iconographie

Chez les carlines les feuilles sont très épineuses mais la tige elle-même n’est pas hérissée de piquants. Sur le capitule, les nombreux fleurons (ou fleurs tubulées) du centre sont entourés d’une couronne de fausses ligules qui sont en fait les bractées internes de l’involucre qui se retournent élégamment.

Ces fausses ligules bien visibles (sauf chez une espèce rare du genre : C. gummifera) ont d’ailleurs une texture plus coriace et nacrée, bien différente de la fragilité d’une ligule (‘pétale’ de la marguerite par exemple) qui ne trompe pas. C’est ce qui les différencie principalement des autres genres dans la famille des Astéracées et plus précisément dans la tribu des Cardueae qui regroupe tous les chardons et cirses de notre flore.

Les bractées externes de l’involucre portent en revanche des divisions latérales sur toute leur longueur (pennatipartites à pennatiséquées) et tous ces petits segments sont épineux, on distingue ces bractées externes des feuilles hautes de la tige car leur courbure emboite la forme du capitule.

La couleur de ces fausses ligules est plus variable qu’on le penserait : jaune très pâle sur la Carline vulgaire (Carlina vulgaris L.), d’un jaune plus franc chez la Carline à feuilles d’acanthe (Carlina acanthifolia All.), d’un superbe blanc nacré sur la Carline acaule (Carlina acaulis subsp. caulescens (Lam.) Schübl. & G.Martens), elles sont roses sur la Carline laineuse (Carlina lanata L.).

 

Carlina vulgaris est très commune, ici, sur les anciennes ardoisières de Trélazé près d'Angers
Carlina vulgaris est très commune, ici, sur les anciennes ardoisières de Trélazé près d'Angers

Carlina vulgaris est très commune, ici, sur les anciennes ardoisières de Trélazé près d'Angers

La Carline à feuilles d’acanthe, Cardabelle, Chardousse ou encore Baromètre, (mais ce dernier nom vernaculaire s’applique presque autant aux autres carlines) se rencontre fréquemment sur les Causses. Une fois bien secs, les grands capitules (10 à 15 cm de diamètre) blonds et très légers sont emportés par le vent. Le revers de ses feuilles est assez glauque presque blanchâtre.

Carlina acanthifolia, sur les Causses
Carlina acanthifolia, sur les Causses
Carlina acanthifolia, sur les Causses

Carlina acanthifolia, sur les Causses

Cette Carline acaule ci-dessous, a été prise en photo sur le Mont Ventoux. Le nom commun de Baromètre pour les carlines vient du fait que les capitules s’étalent ou se referment selon l’humidité ambiante. On peut consommer le cœur de ce capitule en bouton, comme l’artichaut, mais je m’en voudrais de faire une telle cueillette !

Carlina acaulis, sur le Mont Ventoux

Carlina acaulis, sur le Mont Ventoux

La Carline laineuse que j’ai eu le plaisir de trouver sur la plaine steppique de Crau ne pousse que sur des terrains arides et pierreux. Son capitule est de taille plus modeste comme celui de la Carline vulgaire mais il est plus rare !

Carlina lanata, sur la plaine de Crau
Carlina lanata, sur la plaine de Crau

Carlina lanata, sur la plaine de Crau

Voici maintenant une belle carline espagnole dont les fausses ligules ont une teinte caramel autour d’une boule fournie de fleurons jaune d’or, photographiée en Galice. C’est très probablement une Carlina corymbosa mais en Espagne il existe trois sous-espèces, et celle-ci semble un peu différente de la sous-espèce française (subsp. corymbosa), de toute façon très méditerranéenne.

Carlina corymbosa, en Galice
Carlina corymbosa, en Galice
Carlina corymbosa, en Galice

Carlina corymbosa, en Galice

Deux illustrations pour C.corymbosa et C.lanata se trouvent dans le volume 9 de 1837 de la « Flora Graeca », par John Sibthorp, James Edward Smith,  John Hawkins et John Lindley; ouvrage illustré et gravé par Ferdinand Bauer, James Sowerby, James de Carle Sowerby, et John White.

Carlina corymbosa et Carlina lanata, dans la Flora graeca, de John Sibthorp (1837)
Carlina corymbosa et Carlina lanata, dans la Flora graeca, de John Sibthorp (1837)

Carlina corymbosa et Carlina lanata, dans la Flora graeca, de John Sibthorp (1837)

Pour la belle Carline acaule, j’ai trouvé une eau-forte dans le « Recueil des plantes gravées par ordre du roi Louis XIV », de Dodart (1788). Nicolas Robert, y représente Carlina acaulos magno flore, ce qui correspond de nos jours à la Carline acaule.

A mon avis la gravure de Nicolas Robert évoque plus la Carline à feuilles d’acanthe qui elle, est vraiment acaule, car ce n’est pas le cas du moins en France pour la Carlina acaulis L. subsp. caulescens (Lam.) Schübl. & G.Martens ; la sous espèce acaulis n’étant pas présente en France. Dans la légende, les fleurs sont d’ailleurs décrites comme jaune pâle et d’autre part, les feuilles présentent des limbes élargis qui ne correspondent guère à une description actuelle de la Carline acaule.

Recueil des plantes gravées par ordre du roi Louis XIV, dessin et gravure de Nicolas Robert

Recueil des plantes gravées par ordre du roi Louis XIV, dessin et gravure de Nicolas Robert

Sur cette autre représentation de Carlina acaulos magno flore qui se trouve dans « Thesaurus rei herbariae », de Georg Wolfgang Knorr (1750-1772), en revanche, on a bien une vraie tige (même un peu longue !), et des feuilles très épineuses et pennatiséquées comme il se doit pour cette espèce.

"Thesaurus rei herbariae", de Georg Wolfgang Knorr

"Thesaurus rei herbariae", de Georg Wolfgang Knorr

On trouve au sujet de la Carline acaule quelques notes anciennes de Cazin, (Traité des plantes médicinales, 1868) sur :

https://uses.plantnet-project.org/fr/Carline_(Cazin_1868)

Il nous y apprend entre autres détails, que « Les chèvres la recherchent, les vaches et les autres bestiaux la négligent ».

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S
Merci pour ce bel article sur les carlines, Claire. Il n'y a pas si longtemps, on trouvait encore , au décours des chemins de randonnée, des carlines acaules clouées sur les portes des bergeries en Lozère. Elles servaient de baromètres, le capitule étant plus ou moins ouvert en fonction de l'hygrométrie ou de la pression atmosphérique (?). C’est maintenant une espèce protégée, en voie de disparition et interdite à la cueillette. En Lozère et alentours, on l'appelle "cardabelle", joli nom, n'est ce pas?
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