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Botazoom, Botanique et Iconographie

Botazoom, Botanique et Iconographie

Ce blog est destiné aux curieux de botanique. En s’appuyant sur les photos que j’ai pu faire en voyage, et sur de l’iconographie ancienne, il rentre un peu dans les détails qui m’ont permis d’identifier une espèce, mais son contenu doit être considéré comme celui d’une botaniste amateur !

Publié le par Claire Felloni
Publié dans : #iconographie, #voyages, #Botanique, #Paysages, #Botanistes

Joseph Dalton Hooker présente ses notes d’un naturaliste, au Bengale, puis dans l’Himalaya du Sikkim et du Népal en 1854, dans  une publication en deux tomes : « Himalayan Journals ». Il commence cet ouvrage par une dédicace à Charles Darwin : « by his affectionate friend ».

Compte tenu de l’aimable intérêt du Baron Humbolt porté à son projet et aussi des encouragements de son non moins célèbre père (Sir William Hooker, qui dirige les jardins royaux de Kew), il obtient une vraie mission gouvernementale pour son voyage aux Indes qui durera trois ans.

Le Sikkim est alors la région choisie car encore très ignorée par les botanistes et l’auteur est aussi attiré là par le Kinchinjunga (orthographe de l’époque) qu’il considère comme le plus haut sommet connu. Le Kangchenjunga perdra cette première position en 1852, il n’est plus que le troisième.

Dans sa préface, J.D.Hooker présente Brian H. Hodgson, naturaliste, ethnologue et résident (administrateur colonial) depuis 1820 au Népal, comme son indispensable guide durant ses deux années au Sikkim où il fut accueilli et bienvenu chez lui à Darjeeling.

le Kinchin-junga vu du bungalow de Brian H. Hodgson à Darjeeling

le Kinchin-junga vu du bungalow de Brian H. Hodgson à Darjeeling

Le Kinchin-junga figure sur cette vue au début du premier tome depuis la maison  d’Hodgson. Ils voyageront ensemble dans ces régions et deviendront de vrais amis. Hodgson admettait volontiers qu’il était plus spécialisé dans les oiseaux et les mammifères, mais l’esprit toujours très ouvert à de nouvelles découvertes. Un des rhododendrons de la collection inventoriée par Hooker portera son nom et un genre de cucurbitacées également (Hodgsonia heteroclita), mais ils feront l’objet d’autres articles !

Hooker voyagera et collectera beaucoup de plantes aussi durant l’année 1850 dans l’est du Bengale, à Chittagong, Silhet et dans les monts Khasia avec un collègue botaniste, Thomas Thomson quand celui-ci reviendra d’une autre expédition botanique dans le Tibet et le Nord-Ouest de l’Himalaya, si bien qu’à eux deux ils ramènent en Angleterre  en 1851 un herbier de 6000 à 7000 échantillons et au final rédigeront ensemble la Flora indica.

Thomson, qu’il remercie là pour ses aides diverses, relectures et avis sur l’adaptation à l’anglais des noms communs régionaux des plantes, dirigera ensuite en 1855 le jardin botanique de Calcutta où leurs collections seront rapatriées.

Les illustrations de l’ Himalayan Journals  sont tirées de dessins originaux de J.D.Hooker, adaptés par des lithographes et des graveurs sur bois. Il affirme dans sa préface avoir essayé de ne pas caricaturer en exagérant les pentes et les hauteurs des sommets himalayens, ce qui présente en effet une vraie difficulté quand on embrasse un large panorama comme on peut en juger sur ce point de vue depuis Donkia pass.

Vue du Tibet et des lacs de Cholamoo depuis Donkia Pass, cliquez dessus!

Vue du Tibet et des lacs de Cholamoo depuis Donkia Pass, cliquez dessus!

 

Le texte original en anglais qui paraît-il est passionnant, n’est pas pour moi d’un abord très facile mais j’ai essayé de ne pas faire de contresens en le consultant au sujet des quelques illustrations qui figurent ici.

Old Tamarind trees, Maddaobund en Février 1848

Les vieux tamarins de cette illustration sont des Tamarindus indica vus sur le site de Maddaobund dans le Béhar, difficilement atteint en progressant à dos d’éléphant et sans rencontrer de tigres ou d’ours qui d’après la population locale ne pullulent pas… mais J.D.Hooker semble douter de leur sincérité !

Clasping roots of Wightia en Mai 1848, en montant vers le Tonglo, entre Népal et Sikkim.

De grandes plantes ligneuses grimpantes enveloppent totalement et cachent souvent l'arbre qu'elles renferment, dont les branches s'élèvent bien au-dessus de leur houppier. Là, J.D.Hooker parle d’un phénomène rare d’anastomose soit de greffe naturelle entre deux espèces différentes par coalescence des branches latérales du support et des racines aériennes de l’espèce grimpante et cite une étrange hémi-épiphyte, la Wightia dont il a esquissé un dessin au campement.

Il s’agit très probablement de Wightia speciosissima, dont j’ai trouvé une belle représentation dans Wallich, N., Plantae Asiaticae Rariores (1830-1832).

Wightia speciosissima, dans Wallich, N., Plantae Asiaticae Rariores (1830-1832).

Wightia speciosissima, dans Wallich, N., Plantae Asiaticae Rariores (1830-1832).

Tambur valley , Est du Népal 

Vue grandiose prise depuis le village de Chingtam (altitude environ 1500 mètres) situé sur un éperon rocheux à l’ouest dominant de 600 m le court supérieur de la vallée encaissée, flanquée de collines bien cultivées. Emergeant à quinze miles au Nord, les hautes montagnes aux faces escarpées striées de neige et les sommets plus bas couronnés de sapins argentés à silhouette tabulaire qui contrastent avec la luxuriance tropicale des alentours.

Le second tome de l’ Himalayan journals s’ouvre sur une lithographie représentant des névés dans la vallée de Th’lonock avec au premier plan un pied de Rhododendron en fleurs et au fond le Kinchin-junga.

Les Rhododendrons ont été un sujet enthousiasmant d’étude pour Joseph Dalton Hooker durant ce voyage et un magnifique in-folio en est ressorti  en 1851 « The Rhododendrons of Sikkim-Himalaya » avec son père, (Sir William Jackson Hooker,1785-1865) comme co-auteur et Walter Hood Fitch pour des illustrations superbes.

A bientôt pour vous en montrer quelques planches !

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F
Très intéressant article accompagnés d'illustrations impressionnantes, merci Claire.
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C
Et moi, Françoise, je suis contente que tu ais pris le temps de me lire!
E
Les planches sont superbes. Serait-on capable de faire encore un aussi beau travail, aujourd'hui? Merci pour l'explication de l'anastomose. Amitiés.
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C
Il faudrait surtout lire l'anglais sans problème, ce qui n'est pas mon cas... Les anglais disent qu'il s'agit du plus intéressant compte-rendu de voyage naturaliste de l'époque et je veux bien les croire!