L’ Argémone du Mexique ou Pavot épineux, (Argemone mexicana L.) et le Pavot cornu (Glaucium flavum Crantz.) sont deux Papavéracées dont la répartition mondiale est assez différente. Sous des allures différentes ils sont finalement assez proches ; ayant vu et photographié les deux espèces et senti des similitudes même au-delà de la couleur jaune des corolles, j’ai eu envie de lister ce qui les rapproche et ce qui les différencie.
Ce sont des Papavéracées dans le sens strict car les Fumariacées (Fumeterres et Corydales par exemple…) ont rejoint récemment cette grande famille alors qu’ils sont bien différents dans leur morphologie florale. Mes deux espèces sont donc comme les Pavots et Coquelicots des plantes herbacées à fleurs solitaires dont les feuilles alternes sont lobées voire pennatifides et embrassent la tige en formant des oreillettes. Chez l’Argémone les feuilles sont hérissées d’aiguillons, chez le Pavot cornu elles sont parsemées de poils mous bien visibles. Mais dans les deux cas, la couleur de la tige et du limbe d’un vert glauque (un peu bleuté) est due à un revêtement cireux et un latex jaune apparaît à la coupure.
Une différence discrète intervient sur les fleurs : alors que le Pavot cornu comme les coquelicots possède deux sépales caducs et quatre pétales (c’est une fleur dimère), l’Argémone du Mexique en tant que Papavéracée américaine s’est différencié : elle possède trois sépales cornus et caducs et six pétales (c’est une fleur trimère). Mais pour les deux espèces il y a préfloraison chiffonnée qui laisse un souvenir sur les pétales en début de floraison. Les étamines sont nombreuses dans les deux cas et déjà pendant la floraison on peut sentir une différence entre les deux formes de pistil. Le stigmate rouge foncé surplombe presque directement l’ovaire chez l’Argémone du Mexique.
Ce qui les différencie le plus est la forme finale du fruit. Dans le cas du pavot cornu c’est une très longue silique recourbée, alors que l’Argémone est dotée d’une capsule dont on peut bien voir les détails sur la gravure de l’ouvrage de Joseph Pitton de Tournefort datée de 1700 : c’est une capsule à ouverture latérale partielle, semblable à celle du Pavot du Pays de Galle (Papaver cambricum L.) et non ‘poricide’ comme les coquelicots dont les capsules à terme font des sortes de salières.
Dans un autre ouvrage de 1834 (Edouard Spach, Histoire naturelle des végétaux) figurent les fruits du coquelicot en haut (la fameuse capsule poricide) et en bas de la Glaucienne jaune qui est notre Pavot cornu. La longue silique en s’ouvrant dégage un cadre placentaire où sont fixées les graines : c’est donc bien une silique et non une gousse !
Les Papavéracées sont souvent des adventices et aiment les terrains pauvres et remués, c’est vrai pour le Pavot épineux (mes photos ont été prises en Guadeloupe), mais le Pavot cornu aime surtout les littoraux sableux, c’est en tout cas dans ce type de milieu sur des plages bretonnes ou normandes, que je l’ai trouvé à chaque fois !